Les économistes, la société civile, les partis politiques et le gouvernement invoquent tous les jours la nécessité de sauver l'économie nationale du gouffre. De gauche comme de droite, la même rengaine, les mêmes revendications se convergent. Bref, ils chantent en « chorale ». Sauf qu'au niveau de la pratique, ils font fausse note. De toutes les manières et pour ne pas continuer à broyer du noir, la société civile ou encore les économistes ouvrent le débat pour la énième fois autour des axes stratégiques socio-économiques permettant de renforcer la transition démocratique en Tunisie et de réussir la transition économique, une transition qui se fait dans la douleur. D'où l'ouverture hier de la 1ère édition du Forum du Futur organisé par l'Association Tunisienne des Economistes avec l'appui du Centre de recherches économiques. Aujourd'hui, il y a péril en la demeure. « La maison s'embrase », affirme Mustapha Kamel Nabli économiste et ex-candidat à la présidentielle. Que faut-il faire pour extirper l'économie nationale du pétrin ? Quelles sont les clés du succès ? Economistes, hommes d'affaires, partis politiques au pouvoir, partis de l'opposition, les représentants du peuple se sont regroupés hier autour d'un seul leitmotiv : esquisser une vision globale pour l'économie de demain. Les axes stratégiques concernent : l'amélioration de la productivité globale, la restructuration structurelle des institutions publiques dont principalement l'administration tunisienne, l'équité sociale et le renforcement du rôle du secteur privé dans l'œuvre du développement. Un plan d'actions stratégique de long terme qui permettra de faire face aux problèmes structurels. « Il a fallu 25 ans pour certains pays pour réussir leur transition économique. Il s'agit dès lors d'un processus de longue haleine », ajour M.Nabli. Intervenant lors du forum, Néjib Chebbi s'est interrogé sur le rôle des élites tunisiennes, des économistes pour relever les défis ou priorités présentés par Mustapha Kamel Nabli. « Le pays s'embrase, les régions d'intérieur s'enflamment sous l'effet de conditions socio-économiques défavorables post-Révolution qui vont de mal en pis. Les gouvernements successifs ont échoué à relever les défis de la période et nous sommes aujourd'hui à un taux de croissance nul. Quel rôle incombe alors à nos élites, nos experts et économistes pour contribuer à la réalisation de la croissance inclusive recherchée » s'est interrogé Néjib Chebbi. Idem Pour Ridha Saïdi, ex ministre des Finances au sein du gouvernement de Hammadi Jebali qui a mis l'accent sur l'inefficacité des solutions de rafistolage poursuivies par les différents gouvernements successifs post-Révolution à résoudre les maux chroniques voire même conjoncturels de l'économie nationale. A juste titre Abdeljélil Bedoui a affirmé que la réussite de la transition économique en Tunisie nécessite de faire des concessions politiques. « Il faut entre autres asseoir les fondements d'une économie politique à même de gérer les conflits ou encore les tensions politiques qui détonent sur la scène nationale », affirme-t-il Quant à Afif Chelbi, dernier ministre de l'industrie et de l'énergie de Ben Ali, et ex conseiller de Habib Essid nous a déclaré que la réponse imminente à la crise actuelle qui sévit en Tunisie réside dans le travail. IL faut se remettre au travail « Il faut rétablir l'autorité de l'Etat, encourager l'initiative privée, soutenir les PME et réussir un dialogue social structurant. La balle est dans notre camp ». Ainsi les différents intervenants au forum du futur, toute couleur politique confondue, des plus conservateurs aux libéraux ont communément présenté une vision globale de l'économie de demain. Reste à savoir comment faire passer ces priorités et cette feuille de route et trouver un consensus autour des priorités stratégiques avancées à savoir : la productivité, le dialogue social, l'investissement productif et la mise à niveau de l'administration publique. Rached Ghannouchi et Hamma Hammami participent au Forum L'ouverture de la 1ère édition du Forum du Futur organisé par l'Association Tunisienne des Economiste a vu la présence de représentants des partis politiques dont Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste Ennahdha et Hamma Hammami leader su Front populaire. Mohssen Marzouk, ex-Secrétaire Général de Nidaa Tounes était de la partie outre que les représentants du Peuple. Le think tank organisé hier et qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui a ainsi regroupé une mosaïque de partis politiques aux idéologies diverses autour d'une seule et unique vision celle d'une vision économique commune pour la Tunisie de demain ou encore pour la deuxième République. Est-ce possible ? Parviendront-ils enfin à laisser de côté leurs chicanes politiques pour se focaliser sur le dossier économique.