Les Tunisiens doivent se mettre à l'idée que le monde ne vit pas son meilleur cycle avec une remise en question de pas mal d'ordres anciens qui ont vécu les temps heureux de la croissance mondiale et planétaire avec une démographie encore sous contrôle dans les années 50-60, et qui a bénéficié des grands chantiers de reconstruction après les désastres de la Deuxième guerre mondiale. Par conséquent, un petit pays aux ressources plus que limitées, fragilisé par des dérapages en série, dont le régime du 7 novembre qui a mis K.O la crédibilité morale et éthique de l'Etat, pendant au moins vingt ans, puis vadrouille de la Révolution, ne peut survivre qu'en positivant, en accomplissant un retour plus qu'urgent au rationalisme et au réalisme. Aux dernières nouvelles, le plan 2016-2020 serait sur le point d'être bouclé. Encore une fois, ne croyons pas aux miracles et ne nous accrochons pas aux chimères. Le Plan n'est qu'une orientation générale qui permet à l'Etat et aux investisseurs et autres bailleurs de fonds de cibler leurs zones d'intervention stratégique, pour le développement, ainsi que les projets réalisables sur la période annoncée. Ceux qui croient qu'il suffit de mettre le « Plan » sur la table pour voir pleuvoir de milliers d'Euros, de Dollars, de Yen... de Dinars, se trompent. Le plan doit être accompagné de matières et de données qui permettent de convaincre les investisseurs et les institutions financières, nos partenaires de toujours, le FMI, la Banque Mondiale, la BAD, la Banque Islamique, le FADES, la Banque Européenne d'Investissement et bien d'autres fonds des pays du Golfe, et même de Chine et de Russie. Pourquoi pas. Or, les données incitatives doivent être renforcées par deux choses essentielles : La sécurité hermétique et crédible et sans paix sociale, aucune institution ou entreprise mondiale qui se respecte, à travers le monde, n'ira mettre ou fructifier son argent chez nous, juste pour les beaux yeux de Didon, Reine de Carthage ! Le monde est confronté à tant de problèmes, y compris, parmi les puissances, que la générosité se fait rare, pour laisser place au « donnant-donnant » et « gagnant-gagnant» ! Ces images d'émigrants, en peine et déçus aux portes de l'Europe, reprendre les « bacs » de Dekili pour la Turquie, sont sans appel et indigne que même la misère humaine est devenue, aujourd'hui, matière à commerce et à profit, puisque la Turquie va recevoir des milliards d'Euros de l'Europe pour soulager celle-ci de ces vagues volumineuses d'émigrés. C'est comme ça et on n'y peut rien ! On provoque une guerre de déstabilisation meurtrière en Syrie contre l'Etat-Bachar El Assad, on ouvre les frontières Est pour plus de 40.000 jihadistes terroristes et puis on attend le retour de la manivelle, avec ces millions de miséreux surtout sur le plan moral, fuyant les champs de ruine des villes syriennes, vers la même frontière turque puis vers la Grèce et l'Europe. Il faut bien que les stratèges vivent eux aussi ! Ceci doit nous interpeller à plus d'un titre, car la Syrie risque en cas de défaite ou de départ de Bachar, de devenir le nouvel Irak, instable à l'infini et où rien qu'avant-hier, un attentat à la voiture-piégée a fait plus de 30 morts. C'est cela, le nouveau Moyen-Orient de M. Bush et de Mme Condeliza Rice ! Notre peuple et nos élites doivent bien comprendre que la Tunisie, jusque-là, miraculée, parce qu'elle a pu échapper au sort du peuple syrien frère, ne peut être immunisée sur le long terme que par la sécurité intégrale et la paix sociale, qui encourageront, d'une part, nos nombreux amis dans le monde, à nous aider et fructifier en toute quiétude leurs investissements dans notre pays, mais aussi qui dissuaderont les « usines » terroristes de par le monde, à approcher la Tunisie où ils auront le même sort qu'à Ben Guerdane. Nous vivons un moment crucial et un défi national, celui de faire à nouveau, de la Tunisie, une destination hautement, sécurisée, où il fait bon vivre et où les usines travaillent et ne font pas la grève. Un mot pour la fin ! Qui a entendu parler de grèves, de « sit-in » et de troubles, au Vietnam, en Chine, à Singapour, en Malaisie, etc.... ça fait des décennies ! Alors, pourquoi s'étonner qu'ils soient les plus grands exportateurs du monde, avec des réserves en devises qui feraient pâlir d'envie, la Fédéral Réserve Américaine et la Banque Centrale Européenne. Pour vous en convaincre, allez dans n'importe quel supermarché d'Europe et d'Amérique et vous verrez le nombre inimaginable de produits « made in China » et « made in Vietnam ». Un ami d'enfance français, me disait, l'autre jour : « Je fais 160 km en dehors de Paris, pour trouver une paire de chaussures... made in France ou en Espagne, chez un cordonnier de Troyes de Provins ou de Vitry Le François » et il ajoute, médusé : « L'Europe est de nouveau sous occupation » ! Sécurité hermétique, paix sociale volontaire, retour au travail et à la raison... doivent nous guider pour sortir la tête de l'eau et remettre la Tunisie, à nouveau, sur la dynamique du progrès économique et social. Tout le reste, c'est jouer à la pétanque, aux jardins des partis politiques ! K.G