Les organisations de la société civile ont commencé à se mobiliser pour préparer leur participation aux négociations sur le nouvel accord de partenariat entre la Tunisie et l'Union européenne, dit « Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA) », comme le leur permet la procédure convenue à ce sujet. Le premier tour de ces négociations a démarré le 18 avril 2016, alors que le nouvel accord, une fois adopté, doit remplacer l'accord d'association de 1995 qui s'est traduit principalement par le démantèlement des tarifs douaniers concernant l'échange des produits industriels. Le nouvel accord porte sur une libéralisation totale des échanges concernant aussi bien les produits industriels que ceux agricoles et les services. Une conférence de presse a été organisée à ce sujet par des représentants de la société civile au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), à Tunis, lequel Forum défend, comme on le sait, les grands principes de l'altermondisme prôné par le Forum social mondial, c'est-à-dire un système alternatif à la mondialisation économique qui tient compte du volet social et assure l'équité et l'équilibre dans les échanges internationaux. L'économiste connu, de tendance altermondiste, et membre actif du FTDES , Abdeljélil Bédoui, a évoqué les réserves émises par les organisations de la société civile en Tunisie et dans les pays de l'Union européenne en ce qui concerne les conditions entourant les négociations sur ce nouvel accord de partenariat tuniso-européen. Cet accord prévoit, notamment, «l'asymétrie prévisible des bénéfices retirés par la Tunisie d'une part et les pays de l'Union européenne d'autre part, suite à l'application de cet accord, une fois adopté, dans les termes proposés par la partie européenne », rappelant la décision du Maroc de reporter les négociations sur l'adoption d'un nouvel accord similaire avec l'Union européenne, alors que l'Algérie, a-t-il dit, a suspendu les accords de déréglementation tarifaire et est revenu au protectionnisme économique. Cependant, il a mis l'accent sur l'importance de l'Union européenne pour la Tunisie, étant son principal client économique, à l'export comme à l'import (75% des exportations tunisiennes et 56% des importations tunisiennes s'opèrent avec les pays de l'Union européenne), ajoutant que la société civile des deux rives de la Méditerranée plaide pour l'adoption d'un accord équitable qui sert les intérêts des deux parties sur un pied d'égalité. En effet, la société civile tient à ce que cet accord ne soit pas assorti de conditions préalables préjudiciables à l'une ou à l'autre partie, comme l'imposition par la partie européenne à la Tunisie d'un certain type de réformes en échange de l'assistance financière et technique, ou encore l'instauration d'une libéralisation totale des échanges économiques et commerciaux dans tous les secteurs avec le maintien des restrictions européennes sur la circulation des personnes de la Tunisie vers l'Europe, tandis que cette circulation est libre pour les personnes de l'Europe vers la Tunisie. «Il faut tendre vers l'adoption d'un accord qui permet aux deux parties d'être gagnantes dans l'affaire sur un pied d'égalité, a dit Abdeljelil Bédoui, émettant l'espoir que les initiatives de la société civile contribueront à conforter les positions officielles du gouvernement tunisien et son pouvoir de négociations, de manière à préserver les intérêts de la Tunisie et de l'Etat tunisien. De nombreuses actions dont des colloques et des rencontres d'information avec des participations maghrébines et européennes sont programmées en vue d'assurer une plus grande mobilisation de la société civile autour de la défense d'un accord pour une coopération équitable garantissant les droits et intérêts des différentes parties concernées.