Samedi dernier, tôt dans la matinée, les membres de l'Association « Un enfant, des sourires » se sont retrouvés à leur point de rencontre habituel, devant la coupole d'El Menzah. C'est là-bas qu'ils se donnent rendez-vous depuis bientôt cinq ans lorsqu'ils sont en mission. Et c'est en compagnie de quelques uns de leurs amis, bénévoles du Croissant Rouge, section de l'Ariana, qu'ils ont pris ce jour-là la route de Béja. A l'ordre du jour, implanter des bibliothèques scolaires dans deux écoles rurales à Nefza. Début de l'aventure ! Entre membres de l'Association « Un enfant, des sourires », on se retrouve comme on retrouve des membres de sa famille ou de très bons amis qu'on n'a pas vus depuis quelques semaines. Accolades, embrassades et fous rires sont, à chaque fois, au rendez-vous ! Un lien fort et indéfectible semble unir ces joyeux lurons qui ont décidé dès 2011 d'unir leurs forces pour aider leurs concitoyens dans le besoin. Dès le début de l'aventure, ils ont fait de l'éducation leur cheval de bataille et se sont focalisés sur une cible bien déterminée, à savoir les enfants défavorisés habitant des villages éloignés de tout et de tous. Au fil des ans, la famille associative s'est agrandie, un noyau dur de membres s'est formé et les liens se sont resserrés, action après action. L'Association « Un enfant, des sourires » est une association apolitique et totalement indépendante. Malgré des propositions et tentatives hasardeuses de certains partis, notamment en période électorale, d'organiser des actions pour leur compte en contrepartie de généreux financements, l'Association a su garder son autonomie et son indépendance. Ces détails, ses membres ne sont pas peu fiers de le rappeler à chaque fois qu'ils en parlent. En cinq ans, malgré des moyens financiers modestes et grâce aux dons d'entreprises solidaires ou encore de citoyens insistant à chaque fois pour garder leur anonymat, l'Association « Un enfant, des sourires » a pu réaliser plus d'une soixantaine d'actions de grande ampleur et accomplir de petits « miracles ». Car pour les petits élèves défavorisés de Nefza, d'Aïn Draham, de Kasserine, de Zaghouan et d'autres régions reculées de la Tunisie, recevoir par exemple un kit scolaire complet et un beau cartable à la rentrée est un cadeau inestimable pour eux non pas pour sa valeur pécuniaire mais plutôt par le fait qu'ainsi, ils n'auront pas à réutiliser les vieux manuels scolaires de leurs aînés et emporter leurs cahiers dans des sachets en plastique troués. De même, pouvoir affronter le grand froid, convenablement chaussés et vêtus de chauds vêtements neufs ainsi que d'un beau manteau en laine fait toute la différence pour ces enfants qui, en quête de savoir et d'éducation, parcourent, souvent, de longs kilomètres à pied, matin et soir, et affrontent courageusement des conditions climatiques extrêmes. Le livre à l'honneur Mais samedi dernier, à Nefza, l'Association «Un enfant, des sourires » n'a distribué ni kits scolaires et habits ni organisé d'ateliers éducatifs. La mission du jour consistait à meubler et décorer deux salles de lecture et à garnir les bibliothèques nouvellement installées de livres en différentes langues et convenant aux différents niveaux scolaires. Le choix de la date n'est toutefois pas anodin ! En effet, l'action s'est tenue durant la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur, célébrée chaque année le 21 avril. Et ce sont près d'un millier de livres, fournis notamment par l'Association française Biblionef, qui ont été répartis ce jour-là entre deux écoles primaires, celle d'Oued Maâden et celle de Tabbouba. Parmi les anecdotes dont se souviendront longtemps les membres, c'est que pour atteindre la deuxième école située au bout d'un long chemin escarpé, sinueux et étroit ne pouvant être emprunté par un bus, les volontaires ont dû monter à l'arrière de deux utilitaires Isuzu et au niveau des virages, les culbutes, les cabrioles mais aussi le fou rire étaient garantis ! Tabbouba, une école modèle Malgré son accès difficile, l'école de Tabbouba est en parfait état et offre aux élèves un espace d'enseignement agréable et confortable grâce aux efforts conjoints de la société civile et du ministère de l'Education qui l'ont récemment rénovée. Cet établissement revêt une importance capitale pour la centaine d'enfants qui y sont scolarisés. Son directeur depuis 7 ans, Belgacem Selmi, nous en parle : « Construite en 1985 et classée comme étant à priorité éducative par le ministère de l'Education, cette école compte aujourd'hui 94 élèves. Malgré des conditions financières difficiles pour la plupart, les familles insistent et encouragent leurs enfants à poursuivre leurs études. Je suis fier d'annoncer que le taux d'abandon scolaire dans cet établissement est quasiment nul. Ce succès est dû aux efforts engagés du cadre enseignant et administratif mais aussi grâce à une communication continue et efficace avec les parents. », insiste t-il. Concernant l'implantation d'une bibliothèque scolaire, le directeur affirme que c'est là un précieux acquis pour les élèves d'autant plus que l'école participa avec dix candidats, au concours international « Le défi de la lecture en langue arabe ». Il s'agit de lire et de résumer cinquante livres édités en langue arabe. Une première sélection est effectuée au niveau régional puis au niveau national. Les lauréats participeront à la finale qui se déroulera aux Emirats Arabes Unis.