Quelques semaines après leur rencontre dans la ville de Hammamet, les députés du mouvement de Nidaa Tounes se sont réunis, au cours du week-end dernier, dans la ville de Sousse. Quelques heures avant cette rencontre, Mohamed Fadhel Ben Omrane avait annoncé sa démission du poste de président de bloc. Une démission expliquée par la fatigue que lui a engendré ce poste et les responsabilités qui en découlaient. La réunion des députés a débuté samedi aux alentours de 10 heures du matin en dépit de l'absence de certains qui ont fini par rejoindre leurs collègues plus tard dans la journée. Toutefois, la rencontre s'est distinguée par la présence de quelques députés qui avaient – au lendemain du congrès controversé de Sousse tenu au cours du mois de janvier dernier – gelé leur adhésion du bloc et du mouvement dont notamment Zohra Driss, Moncef Sellami ou encore Leila Chettaoui qui n'ont pas manqué d'assister à la réunion. Bien que l'annonce n'ait été faite que le lendemain, l'élection de Sofiène Toubel au poste de président du bloc de Nidaa au sein de l'Assemblée des représentants du peuple s'est faite au cours de la première journée de la réunion. Le député Mohamed Saïdane, qui s'est porté candidat pour le même poste, n'a rassemblé que quelques voix qui lui ont tout juste permis d'accéder au poste de vice-président du bloc. Par ailleurs, la tenue de ces journées parlementaires a permis aux députés de valider, officiellement, l'adhésion de Noureddine Achour, Youssef Jouini et Ridha Zghondi (députés démissionnaires du bloc de l'Union patriotique libre). Le communiqué publié suite à cette rencontre indique que les députés ont décidé de rééquilibrer le rôle de l'Union nationale de la femme tunisienne et le renforcement de la place des jeunes et des femmes au sein des postes clés, d'œuvrer pour l'augmentation progressive de l'âge de la retraite, d'accélérer la mise en place des réformes fiscales et d'accélérer la mise en place de la Banque des régions. En somme, les députés se sont engagés à travailler comme il se doit afin que leur bloc reprenne sa place au sein du paysage parlementaire aussi bien au niveau du nombre qu'au niveau de la qualité et du rendement. Par ailleurs, nous avons appris de la part d'une source bien placée au sein du mouvement que les députés ont exigé, lors de cette rencontre, de revoir la ‘distance' que tient leur bloc par rapport à celui du mouvement d'Ennahdha tout en appelant à imposer des lignes ‘rouges à ne pas franchir'. Au-delà des formalités officielles, les résultats des journées parlementaires sont assez révélateurs : En effet, bien que Fadhel Ben Omrane ait présenté, apparemment, sa démission d'une manière volontaire, cela représente un coup dur pour Ridha Belhadj et son camp. Il ne faut pas oublier, dans ce cadre, que Sofiene Toubel est connu pour faire partie du clan du fils du président de la République. Sa proximité avec Hafedh Caïd Essebsi n'étant un secret pour personne. Cependant, on sait très bien que Ben Omrane (qui a, aussi, présenté sa démission de la Commission des Finances au sein de l'ARP) était derrière le départ de quelques députés ; quelques-uns de ces dissidents laissent, d'ores et déjà, entendre qu'ils peuvent désormais reprendre leurs activités au sein du bloc de Nidaa après cette démission. Il faut aussi rappeler ici qu'il y a quelques semaines de cela, les députés de Nidaa Tounes ont carrément refusé de recevoir le président du comité politique, Belhadj, qui s'était déplacé au Parlement afin de s'entretenir avec eux. Alors qu'ils tentent de réunir les rangs du mouvement, les députés, ou, du moins, certains d'entre eux, se préparent à entrer en conflit direct avec Ridha Belhadj. Pour leur part, les partisans de Ridha Belhaj au sein du bloc, pourraient le quitter après la reprise en main, qui ne dit pas son nom, des choses par le Fils. En tout cas, si cette nouvelle crise se confirme et déborde, il serait alors très difficile pour Nidaa Tounes de panser ses blessures afin d'aller de l'avant. Si une nouvelle crise éclate au sein du Nidaa, ce qui demeure assez probable, nous pourrions alors conclure que la tempête ne s'est jamais apaisée et qu'il y a juste eu un changement d'acteurs.