Ridha Belhadj a démissionné, tôt dans la journée d'hier, de son poste de président du comité politique de Nidaa Tounes. Une démission qui n'a pas été communiquée et qui a été véhiculée avec beaucoup de prudence dans quelques journaux électroniques. Toutefois, ce départ nous a été confirmé par l'un des députés du bloc de Nidaa Tounes et par un autre membre du mouvement qui ont, tous deux, préféré garder l'anonymat vu la sensibilité de l'affaire. Après avoir démissionné de son poste de directeur du cabinet présidentiel pour sauver son mouvement, Ridha Belhadj semble avoir baissé les bras après ce départ précipité. En effet, il y a à peine quelques semaines de cela, Belhadj était dans un élan d'optimisme assez prononcé lors de ses apparitions médiatiques où il ne cessait de parler des efforts fournis afin de regrouper les rangs du Nidaa afin que son congrès électif – prévu pour le mois de juillet 2016 – puisse être tenu dans les meilleures conditions. Connu pour être proche de Mohamed Fadhel Ben Omrane, Ridha Belhadj n'a pas été présent à Sousse, le week-end dernier, pour assister à la tenue des journées parlementaires de Nidaa, contrairement à Hafedh Caïd Essebsi qui a brillé par sa présence. Des journées à l'issue desquelles les députés ont remplacé Ben Omrane par Sofiene Toubel à la présidence de leur bloc parlementaire tout en validant l'adhésion de trois députés démissionnaires de l'Union patriotique libre au sein du même bloc. Contactée par Le Temps, la députée et membre du Comité politique, Ons Hattab, nous a expliqué » que la démission de Ridha Belhaj sera étudiée par les membres du Bureau politique qui tenterait, selon elle, de l'en dissuader. Officialisée au cours de la plénière du mardi par le président de l'ARP et président par intérim de Nidaa Tounes, cette adhésion avait créé une grande crise au sein de la coalition des partis au pouvoir après la réaction des dirigeants de l'UPL et à leur tête, son président, Slim Riahi. Dans une déclaration médiatique, la dirigeante de l'UPL, Samira Chaouachi, a pris le soin de préciser que Belhadj, contrairement aux députés du Nidaa, a eu une position honorable quant à toute cette affaire vu qu'il s'y est opposé catégoriquement. Et d'ajouter que lors de la dernière réunion des quatre partis au pouvoir, tous les alliés se sont engagés à n'accepter aucune adhésion d'un député dissident d'un parti allié. Cette déclaration a amené certains à déduire que Belhadj a démissionné de son poste en réaction à ces adhésions. Une théorie qui nous a été confirmée par une source proche du parti assurant que l'ancien président du comité politique ne considère pas que le renforcement du bloc parlementaire du mouvement soit une priorité en soi. Toujours selon notre source, Ridha Belhadj aurait été satisfait de la collaboration de Nidaa Tounes et d'Ennahdha et considérait qu'elle était suffisante pour que les mécanismes de l'Etat continuent à travailler correctement. Indépendamment des raisons de cette démission, elle survient pour rappeler une vérité qui se confirme de jour en jour: Nidaa Tounes n'a jamais réussi à mettre fin à ses tiraillements internes. Le départ de Mohsen Marzouk n'a fait que marquer un petit répit qui vient de prendre fin. Ridha Belhadj qui, à l'instar de Marzouk d'ailleurs, a joué son va-tout en démissionnant du palais pour rejoindre le bureau des Berges du Lac, perd gros aujourd'hui. S'il a estimé que cette démission – partielle puisqu'il ne quitte que le poste en question – viendrait mettre une certaine pression sur ceux qui s'opposent ouvertement à sa politique, Ridha Belhadj sera certainement surpris par l'enthousiasme de ses collègues quant à son départ... Entretemps, Mohamed Fadhel Ben Omrane continue dans ce qu'a qualifié Abdelaziz Kotti de règlement de comptes: après des mois passés à travailler en sourdine, l'ancien président du bloc parlementaire de Nidaa continue dans ses attaques à l'encontre de certains avec qui il aurait eu des problèmes dans le passé. Pour sa part, Ridha Belhadj sera certainement amené à communiquer sur les réelles raisons de son départ. Espérons juste que nous n'aurons pas le droit uniquement à des formules politiquement de pure politesse !