On attendait monts et merveilles de l'exposition temporaire du buste de Hannibal au musée du Bardo. Toutefois, force est de reconnaître que l'exposition ne draine pas le public, complètement pris par la célébration du mois de Ramadan. Une désaffection prévisible Bien sûr, les touristes - essentiellement russes - de passage au musée du Bardo ont la possibilité, s'ils le désirent d'admirer cette oeuvre. Mais les Tunisiens restent les grands absents de ce qui, pour le moment, n'aura été qu'un événement confidentiel. Après la grand messe médiatique qui a accompagné l'arrivée du buste au palais de Carthage puis au musée du Bardo, les lampions se sont comme éteints et l'exposition se poursuit dans la désaffection quasi générale. Ceci était largement prévisible et l'indisponibilité du public en cette période de l'année aurait pu être anticipée. Le Ramadan d'abord, les vacances scolaires, les examens de fin d'année et la chaleur caniculaire qui s'installe allaient de toute évidence plomber la fréquentation de l'exposition par le public. Et c'est le cas, puisque le pauvre buste d'Hannibal demeure confiné dans une solitude assourdissante, délaissé par un public tunisien qu'il était pourtant censé réconcilier avec des pans de son histoire. Pour rappel, cette exposition avait deux objectifs proclamés: d'une part, souligner l'étroitesse des liens entre la Tunisie et l'Italie et d'autre part, donner aux Tunisiens l'occasion d'une réflexion sur l'histoire. Arrivé en mai du palais du Quirinal, le buste en marbre de Hannibal avait, après un passage à la présidence de la République, était mis en place au musée du Bardo le 27 mai dernier. L'exposition de cette pièce datant du seizième siècle et constituant la représentation la plus connue de Hannibal devrait se poursuivre jusqu'au 30 juin. Et si le Bardo ouvrait en nocturne? Dans les conditions actuelles, nous voyons mal comment l'événement pourrait connaître une embellie au niveau de la fréquentation. A moins que le musée du Bardo ouvre exceptionnellement en nocturne, on voit mal le public sacrifier à cette exposition. Une autre possibilité serait que l'exposition soit prolongée jusqu'à fin juillet, ce qui est peu probable à cause des conditions du prêt de cette oeuvre représentant Hannibal. Que faire alors? Tout simplement prendre le temps d'y aller pour les plus motivés! Afin de découvrir ce fameux buste et aussi pour saluer les efforts des responsables et des institutions qui ont rendu cet événement possible. Car, public ou pas, la présence de ce buste en Tunisie est en soi à louer. Les absents auront, c'est vrai, toujours tort. Plus largement, l'absence du public au Bardo met en relief la désaffection pour la culture dans son essence profonde. Tourné vers le loisir, le public tunisien, surtout en été, délaisse les musées et les sites archéologiques, même lorsqu'il s'y passe des choses exceptionnelles. C'est bien dommage!