Jusqu'où peut aller un être humain lorsque le démon des amours interdites l'aveugle ? Une question à laquelle l'imagination la plus fertile ne peut trouver de limites que l'entendement arrive à concevoir. L'affaire que nous relatons aujourd'hui s'inscrit dans ce cadre puisqu'un père de famille tranquille a été purement et simplement condamné à mort par sa propre épouse pour le seul motif qu'elle s'était éperdument éprise d'un nouveau chevalier servant qui a illuminé sa vie. Follement amoureuse, elle avait décidé de se débarrasser de cet époux encombrant auquel elle a cherché noise à multiples reprises. Les querelles devinrent quotidiennes pour le moindre différend et l'entente conjugale s'étiola au point de disparaître complètement. Survint alors la goutte qui a fait déborder le vase. Justement, un garçon de café, du côté de la rue de Lafayette, en plein centre de la capitale, fit la connaissance de cette dame qui jeta son dévolu sur sa personne, tant sa prestance était criarde. Rapidement, il devint son confident attitré avant de passer au rang d'amant préféré. Les journées passèrent et les liens se consolidèrent entre les deux tourtereaux jusqu'au moment où la conjointe infidèle fit part à son jeune cavalier de son intention d'en finir à jamais avec ce mari qui lui pourrissait la vie. Elle avait besoin de son aide pour exécuter son macabre dessein. Il lui fallait avant tout trouver un stratagème qui permettrait à son amant de surprendre sa victime pour lui porter les coups mortels. Elle ne mit pas longtemps à le deviner puisqu'elle coupa le courant électrique avant de demander à son époux de descendre l'escalier pour le rétablir. Une idée toute simple qui échoua, la première fois, le garçon de café, pourtant prêt à l'action, ayant eu peur de rater sa cible. Il ne broncha pas de sa cachette et le mari eut la vie sauve. Sermonné par sa maîtresse, il s'enhardit à la deuxième tentative qu'elle lui procura un autre jour, utilisant le même piège. Cette fois-ci, il attaqua sauvagement sa proie par derrière, lacérant son corps de nombreux coups avant d'appeler sa complice à la rescousse pour étrangler ensemble le malheureux époux qui ne tarda pas à rendre l'âme. Une fois, cette lâche besogne terminée, le couple meurtrier enfouit le cadavre dans un sac qu'il plaça dans le coffre de la voiture avant de démarrer sur les chapeaux de roues et de s'en débarrasser, en cours de route dans la région de Bir Bouregba. Et comme si de rien n'était, il poussa l'audace jusqu'à terminer la soirée dans un night-club. Les deux amants dansèrent jusqu'à l'aube avant de retourner à Tunis. Ce crime ne passa pas inaperçu puisque le corps a été retrouvé. L'autopsie révéla que la mort n'était pas naturelle et que le défunt avait succombé par strangulation et suite à ses nombreuses blessures. La veuve éplorée poussa l'ignominie jusqu'à feindre la perte de connaissance, lors des funérailles. L'enquête devait rapidement concentrer les soupçons sur l'épouse qui fondit en larmes avant de raconter dans le détail toutes les péripéties de l'assassinat de son mari qu'elle avait sciemment organisé avec son jeune amant. La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, devant laquelle a comparu le duo meurtrier, a reporté l'examen de l'affaire au mois prochain.