Parmi les espaces culturels à avoir consacré un programme spécifique pour le mois de Ramadan, la médersa Slimania se trouve en bonne place avec un véritable festival qui se déroule depuis le 16 juin et se poursuivra jusqu'au 2 juillet sous la houlette de Bakhta Oueslati, directrice de cet espace qui relève de la Délégation culturelle de Tunis. Un joyau de notre patrimoine architectural Pour sa dernière ligne droite, ce cycle ramadanesque de la Slimania évolue entre poésie, théâtre et musique. En effet, les trois dernières soirées de ce mini-festival proposent plusieurs confluences à commencer le jeudi 30 juin par un spectacle de Salha Jlassi et Chedli Garouachi. Ces deux poètes offriront au public une lecture théâtralisée de leurs oeuvres et donneront à voir et écouter une approche singulière de l'éloquence poétique. La musique sera ensuite à l'honneur pour les deux dernières soirées de Ramadan. La troupe de Belghith Sayadi se produira le 1er juillet puis, le lendemain 2 juillet, ce sera le tour de celle des femmes de Bizerte qui, à l'image d'El Azifet, propose de redécouvrir les chants du patrimoine avec une touche féminine. Avec ces trois soirées, le rideau retombera sur le Ramadan de la Slimania qui aura aussi permis de retrouver l'espace de cette médersa qui compte parmi les plus anciennes de la médina de Tunis. Fondée en 1754, cette médersa occupe l'angle du souk des Libraires et du souk des Kachachines. Elle a été contruite par Ali Pacha à la mémoire de son fils Slimane, mort empoisonné par son propre frère. La Slimania s'insère dans un ensemble de médersas très proches de la mosquée Zitouna et a pour voisines la médersa Ennakhla (1714) et la médersa Bachia (1752). Comme tous les édifices de ce type, la cour centrale de cette médersa est entourée par des cellules d'habitation pour étudiants sur trois côtés et une mosquée servant pour les cours et les prières sur le quatrième côté. Les spectacles culturels ont lieu soit dans la cour soit dans l'ancienne mosquée et réunissent, tout au long de l'année, un public fidèle. La musique avant toute chose! Ramadan aura été très riche du côté de la Slimania, avec onze événements consécutifs. Ce programme du mois saint a été ouvert avec une exposition de photos qui se poursuit encore. Abdellatif Akremi y présente des oeuvres récentes en même temps que d'autres artistes exposent des travaux artisanaux. Yasmine Kéfi et sa formation musicale ont ensuite pris le relais pour une soirée consacrée au chant keffois traditionnel, avec des interprétations d'oeuvres du patrimoine rural. Essentiellement musical, le programme de la Slimania a aussi permis de retrouver la troupe de Souad Rabii ainsi que des artistes dans différents répertoires musicaux. "Layali al Andalous" a ainsi réuni plusieurs musiciens qui ont fait revivre le chant andalou et ses chansons connues de tous. Le spectacle "Atr el médina" a été une occasion de rendre hommage à l'art de vivre d'antan tout en se retrempant dans l'univers musical des médinas tunisiennes. Plus largement, cette initiative de la Slimania vient apporter une démarche de proximité qui se conjugue avec celle de plusieurs autres programmes de Ramadan dans la médina qui revit la nuit durant un mois. Avec un public de fidèles et de curieux, la Slimania aura donné un exemple de culture dans la convivialité, tout en nous permettant de découvrir l'un des joyaux de notre patrimoine urbain.