Lors de la cérémonie de la signature de « l'accord de Carthage » – le document de synthèse relatif à l'initiative présidentielle de la formation du gouvernement d'union nationale – le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, a tenu un discours à travers lequel il a passé des messages assez explicites à ses rivaux. L'absence du président de la République de la prière de l'Aïd a amené certains à affirmer que cette éclipse était la conséquence de état de santé « critique ». L'ancien président provisoire de la République et sa petite tribu en avaient profité afin de mener toute une campagne à l'encontre de Caïd Essebsi et de son équipe. Insinuant que le chef de l'Etat ne menait pas à bien sa mission à la tête de l'Etat à cause de sa santé et de son âge, Moncef Marzouki a profité de cet incident à coup de populisme et de bassesse. Ayant déjà répondu à ces rumeurs - une première réponse est venue de la part du porte-parole officiel de la présidence de la République qui a démenti l'histoire en bloc et une deuxième réponse a été formulée par Caïd Essebsi lors de sa réunion avec la présidente de l'UTICA au palais présidentiel - le président a préféré apporté une autre réplique: lors de l'inauguration de la cérémonie de signature, Béji Caïd Essebsi a traité Marzouki et ses compagnons de « bande de malades mentaux qui forment une association non pas de malfaiteurs mais de malfaisants ». Et d'ajouter que « lui au moins, il n'a jamais interné un asile psychiatrique ni en France ni en Tunisie. » Reprenant, pour la deuxième fois publiquement, l'anecdote survenue avec feu Habib Bourguiba et Indira Gandhi qui aurait dit à Bourguiba « je voulais rencontrer l'un des derniers hommes de l'Histoire avant sa mort » et qui est morte dix-sept ans avant la mort de l'ancien président, Béji Caïd Essebsi a déploré les rumeurs de son supposé décès en y mettant assez de forces. Le chef de l'Etat a annoncé son initiative le 2 juin dernier. Après les longues séries de négociations, cette manœuvre semble aller, très difficilement, sur la bonne voie. La signature du document de synthèse est certes un bon signe mais le plus difficile reste à faire (trouver le remplaçant d'Essid, réussir à satisfaire toutes les parties prenantes aux concertations etc..). Avec tout le travail qui lui reste à faire - puisqu'il s'est directement et personnellement impliqué dans cette affaire - Caïd Essebsi aurait dû concentrer son discours sur l'essentiel de son initiative au lieu de consacrer près de quatre minutes à répondre à un pathétique post Facebook posé par celui qui n'a presque plus de vie politique. Que cela soit du côté de la présidence de la République ou bien de celle du gouvernement, l'handicap de la communication continue à faire ses dégâts sur la scène nationale. La photo où l'on voit Béji assis à côté de son fils qui signe le fameux accord de Carthage n'arrange rien à la situation... Pour l'initiative, cette signature ne marque pas qu'un bon progrès puisqu'elle signifie, aussi, que la vraie bataille a démarré. D'ailleurs, le chef de l'Etat semble en être bien conscient puisqu'il a, d'ores et déjà, parlé de l'intention d'Habib Essid de tenir jusqu'au bout et de choisir de se soumettre au vote de l'Assemblée des représentants du peuple. Si l'actuel chef du gouvernement choisit en effet de ne pas présenter sa démission sans la motion de censure du Parlement, l'initiative de Caïd Essebsi risque de prendre un retard qui serait probablement inadéquat pour la présidence de la République.