Le nouveau numéro de l'excellente revue trimestrielle bilingue "Patrimoine et Créativité" vient de paraître avec un sommaire des plus riches et trois dossiers consacrés à la mosquée Zitouna, à Sidi Kacem Jelizi et à l'huile d'olive tunisienne. Le sixième numéro de la revue "Patrimoine et Créativité" vient de paraître sous le signe du "Tourath" dans toute sa diversité. Dirigée par Rejeb Elloumi, animée par Noureddine Essaidi et comprenant une équipe éditoriale chevronnée, cette revue bénéficie des savoirs de M'hamed Fantar ou Abdelaziz Daoulatli et de l'enthousiasme des Nejib Gaça, Adel Lahmar et autres Abdelkrim Gabous. Hommage à l'olivier séculaire La nouvelle livraison de la revue est riche d'un sommaire qui met d'abord la mosquée Zitouna à l'honneur à travers une étude de l'incontournable Abdelaziz Daoulatli, spécialiste s'il en est du patrimoine de la capitale. Abordant aussi bien le monument religieux que l'institution universitaire, Daoulatli déploie un savoir qui oscille entre l'histoire séculaire et les infimes détails de la tradition de ce vénérable sanctuaire. Rédigée en langue arabe, cette étude ouvre un ensemble consacré aux céramiques des Chemla, récemment objets d'un livre et d'une exposition. Le sommaire est complété par une série d'articles documentaires qui tous accordent une belle place aux illustrations. D'ailleurs en la matière, ce numéro s'ouvre sur de superbes photographies de céramiques de la production des Chemla et l'emblématique pétition de principe de la revue selon laquelle le "patrimoine est source de création, de richesse et d'emploi". A ce titre, le dossier sur l'huile d'olive est une belle illustration du projet de la revue. Avec une étude historique sur l'huile d'olive dans l'Antiquité, Mhamed Fantar donne un éclairage éloquent sur la profondeur de cette tradition en Tunisie. En contrepoint, Noureddine Essaidi pose les enjeux contemporains de l'huile d'olive en Tunisie. En premier lieu, le rédacteur en chef de la revue présente le secteur dans sa dimension économique puis il s'interroge sur la nécessité de consacrer une étude à ce secteur. Dans le même élan, l'exemple d'un groupe industriel - celui des Slama - est mis en valeur, créant une incroyable perspective entre les huileries de l'Antiquité et celles qui exploitent aujourd'hui l'oliveraie tunisienne. Une revue articulée sur un projet associatif Et c'est bien cette méthode prônant la continuité historique qui structure la démarche de la revue. En effet, quasiment de la même manière, la zaouia tunisoise de Sidi Kacem Jellizi est appréhendée dans sa dimension historique et patrimoniale puis dans son vécu présent à travers un entretien avec Mohamed Hachicha, directeur du centre de céramique hébergé dans cet ancien sanctuaire. Dommage toutefois que ces articles ne soient pas un peu plus fournis. En tout état de cause, ils constituent d'utiles références et un authentique remue-méninge pour tous ceux que le patrimoine passionne. Le reste de la section française de la revue comprend des articles sur l'actualité du patrimoine, allant de la commémoration des événements du Bardo - objet de l'éditorial - à la sauvegarde du patrimoine de Carthage en passant par une très utile perspective de Ajmi Mimita sur la conception architecturale du nouveau siège de l'Alecso. En une centaine de pages, "Patrimoine et Créativité" convainc son lecteur et ouvre le débat sur les questions patrimoniales dans leur double dimension, c'est-à-dire dans leur ancrage dans le passé et leur articulation avec le présent. Un travail de qualité que met en valeur une iconographie soignée et une impression quasiment parfaite. Longue vie à ce trimestriel édité par l'association tunisienne pour la sauvegarde des musées et des sites archéologiques et nos souhaits que cette entreprise soit soutenue par les pouvoirs publics car cette revue et son projet sont une approche novatrice dans le domaine de la communication sur le patrimoine, trop souvent confinée dans un manque de visibilité regrettable.