. Compagne tous azimuts de l'administration américaine Le Temps-Agences - L'administration américaine s'est lancée hier dans une campagne tous azimuts pour promouvoir le nouveau plan du président George W. Bush pour l'Irak tout en reconnaissant qu'elle aura des difficultés à surmonter le scepticisme du pays et des démocrates au Congrès. "Nous comprenons qu'il y a beaucoup de scepticisme" sur la gestion de la guerre en Irak, a déclaré la Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, qui a fait la tournée dès l'aube d'hier des chaînes de télévision pour participer à leurs émissions matinales. Mais, a-t-elle ajouté sur CBS, "j'ai parlé avec les dirigeants irakiens. Et ils sont conscients des conséquences personnelles et pour leur pays, et ils sont prêts à relever le défi". George W. Bush a annoncé avant-hier dans un discours à la nation le renfort de 21 500 militaires américains en Irak, dans le cadre d'une nouvelle stratégie visant à mettre un terme aux violences dans ce pays, qui ont déjà coûté la vie à plus de 3.000 soldats américains. Condoleezza Rice, ainsi que le secrétaire à la Défense Robert Gates, ont annoncé hier matin, lors d'une conférence de presse conjointe, plusieurs initiatives faisant partie de cette nouvelle stratégie. Robert Gates, qui a succédé le mois dernier à Donald Rumsfeld, a annoncé une augmentation de 92.000 hommes des effectifs de l'armée de Terre et du Corps des Marines sur les cinq prochaines années. Il s'est toutefois refusé à spécifier la durée de la mission des 20.000 soldats supplémentaires envoyés en Irak. "Nous verrons", a-t-il dit. Condoleezza Rice a annoncé la nomination de l'ancien ambassadeur en Haïti, Timothy Carney, au poste de coordinateur pour la reconstruction en Irak, dont la création avait été annoncée la veille par George W. Bush. Les deux membres du gouvernement devaient être entendus dans la journée par le Congrès, dont la nouvelle majorité démocrate a rejeté dès avant-hier soir la nouvelle stratégie du président républicain. Le numéro deux démocrate au Sénat, Dick Durbin, a estimé notamment qu'il était temps de retirer les troupes américaines et de laisser l'Irak s'en sortir seul. "L'escalade dans cette guerre ne correspond pas à ce qu'a demandé le peuple américain lors de la dernière élection" en novembre, a-t-il déclaré. "Tout le monde veut réussir en Irak, c'est évident", a souligné le sénateur Carl Levin sur CNN. Mais, a ajouté le nouveau président de la commission des Forces armées du Sénat, "la stratégie choisie par le président n'est pas la voie du succès". M. Bush devait se rendre sur une base militaire, à Fort Benning en Georgie (sud), pour défendre son plan, qui prévoit le déploiement de 4.000 Marines supplémentaires dans la province irakienne de Anbar et 17.500 soldats à Bagdad, s'ajoutant aux 132.000 militaires américains déjà présents en Irak. Le président, qui a affirmé dans son discours assumer les erreurs commises dans la gestion de la guerre depuis l'invasion de mars 2003, espère que cet ultime plan pour l'Irak sauvera ses deux dernières années de mandat. Mais la presse américaine s'est montrée jeudi plutôt sceptique. Ce plan est "très risqué" et "de nature à provoquer une hausse des pertes américaines, alors que les chances qu'il puisse stabiliser l'Irak sont beaucoup moins grandes", a écrit le Washington Post dans un éditorial. Le New York Times a estimé dans une analyse que M. Bush avait fait "le parti calculé" que l'opinion publique américaine lui donnerait du temps pour inverser le cours de la guerre. Il a relevé également que M. Bush avait rejeté les principales recommandations fin 2006 du Groupe d'études sur l'Irak, présidé par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker et par l'ancien parlementaire démocrate Lee Hamilton. Il a aussi "fait fi de l'opinion de certains de ses généraux et de celle du Premier ministre (irakien) Nouri Al-Maliki", ajoute le journal.
Pas de changement de cap américain
Bush a néanmoins prévenu que l'engagement des Etats-Unis n'était pas illimité. "La situation en Irak est inacceptable pour le peuple américain et elle inacceptable pour moi, a-t-il déclaré..Nos troupes en Irak ont combattu avec courage. Ils ont fait tout ce qu'on leur a dit de faire. Quand des erreurs ont été commises, la responsabilité m'en incombe". Près de la Maison-Blanche, quelques douzaines de manifestants ont fait écho aux protestations de nombreux Américains en demandant le retrait des troupes d'Irak.