Intitulé "Corps étranger", le troisième film de Raja Amari vient d'être présenté au Toronto International Film Festival. Avec "Zizou" de Férid Boughedir et "Fleur d'Alep" de Ridha Béhi, ce nouvel opus de la réalisatrice de l'inoubliable "Satin Rouge" donne des couleurs résolument tunisiennes à la rentrée cinématographique... La rentrée cinématographique promet d'être des plus animées avec plusieurs sorties commerciales de films que le public international vient juste de découvrir. Par ailleurs, des journées du cinéma japonais vont offrir début octobre à la maison Ibn Rachiq un panorama sur la production de ce pays. Une rentrée entre festivals, bockbusters et films tunisiens Si cette rentrée est aussi marquée par la polémique autour du film iranien de Majid Majidi sur la vie du Prophète, elle sera également placée sous le signe des Journées cinématographiques de Carthage qui se dérouleront à cheval entre les mois d'octobre et de novembre. Il devrait s'agir d'une session exceptionnelle car elle marque le cinquantième anniversaire de la fondation de ce festival en 1966. En outre, en matière de festivals, la fin de ce mois sera l'occasion pour le festival du cinéma arabe de Gabès de tenir sa deuxième édition. Ce jeune festival est en train de conquérir sa place au soleil et commence à attirer dans le cadre de sa compétition officielle les réalisateurs arabes qu'ils soient installés dans leurs pays ou en Europe. Côté cinéma tunisien, l'actualité est des plus riches avec d'une part, de brillantes participations dans des festivals internationaux avec des distinctions et des prix à la clé. Cette semaine, le nouveau film de Férid Boughedir fait sa sortie. Intitulée "Zizou", cette oeuvre, la troisième de ce réalisateur, était attendue depuis deux décennies et promet d'être un succès public et critique. Pour sa part, Ridha Béhi présentera prochainement son nouveau film "Fleur d'Alep" qui devrait non seulement effectuer sa sortie commerciale mais aussi ouvrir la session des JCC. Ce film de Béhi devrait en outre concourir dans la course aux oscars parmi les meilleures oeuvres de langue étrangère. La passe de trois pour Amari Dans cette effervescence relative, la nouvelle oeuvre de Raja Amari est pour le moment presque passée inaperçue. Cette cinéaste, l'une des pointures féminines du cinéma tunisien, s'était fait connaitre grâce à son sulfureux "Satin Rose" en 2002 puis avait confirmé sa présence avec "Les secrets", un film tendre et puissant sorti en 2009. Auparavant, Raja Amari avait été révélée dès 1998 par un court métrage iconoclaste intitulé "Avril". Cette fiction de 30 minutes lui vaudra d'attirer l'attention du public sur son univers filmique et ses approches esthétiques qu'elle confirmera dans ses oeuvres postérieures. Déjà dans "Avril", Amari créait les conditions d'un huis-clos dans lequel se débattaient des personnages rongés par la solitude et le déséquilibre. Cette matrice sera celle des films suivants de cette réalisatrice et son nouvel opus "Corps étrangers" ne déroge pas à cette démarche. Dans "Corps étranger", Samia, une immigrée clandestine parvient en Europe. Fuyant son pays de peur d'être punie dans sa chair par un frère radical qu'elle avait fini par dénoncer, Samia trouvera refuge auprès de Imed puis de Leila qui l'adopteront et l'introduiront dans une autre dimension. Raja Amari a présenté la semaine dernière son film à Toronto, au Canada, dans le cadre du Toronto International Film Festival. Le public tunisien devrait prochainement découvrir cette oeuvre qui signe le retour d'une cinéaste prodigue.