Ils seront onze musiciens de cinq pays différents à faire renaître dans une mosaïque inattendue les modes musicaux de Séville, Grenade et Valence. Une plongée dans la tradition musicale arabo-andalouse pour ouvrir le festival des musiques du monde qui se poursuivra jusqu'au 22 octobre au Centre des musiques arabes et méditerranéennes... Décidément, Ennejma Ezzahra fait feu de tout bois en cette rentrée culturelle. Festivals, résidences d'artistes et remise de prix sont ainsi à l'ordre du jour dans ce palais de Sidi Bou Saïd qui fut la demeure du mythique baron d'Erlanger puis est devenu le siège du Centre des musiques arabes et méditerranéennes (CMAM), relevant du ministère des Affaires culturelles. Artistes en résidence et restitutions musicales Ce samedi 1er octobre, Ennejma Ezzahra accueillera la remise du prix Ziryab pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine musical puis un récital de l'ensemble marocain Al Armawi, dirigé par Omar Métioui. De même, Ennejma Ezzahra s'apprête à accueillir la onzième édition de "Mûsiqât", le festival des musiques néo-traditionnelles. Ce dernier festival sera intimement lié cette année à la résidence artistique actuellement abritée par le CMAM. En effet, le spectacle d'ouverture du festival émanera de cette résidence qui réunit 11 musiciens pour 4 jours de recherches et de rencontres. Venant d'Algérie, du Maroc, d'Espagne, de France et de Tunisie, ces musiciens réuniront leurs efforts sous la direction artistique de Saifallah Ben Abderrazak pour produire cette mosaïque arabo-andalouse qui se veut ancrée dans la tradition commune à tous ces artistes. Toutes les traditions maghrébines du malouf Ce projet cher à Soufiane Feki, directeur du CMAM, est une co-production qui engage divers partenaires comme le festival Arabesques de Montpellier, le festival parisien Villes des musiques du monde et la Casa Arabe de Madrid ainsi que l'Institut français de Tunisie qui s'est associé à cette ambitieuse entreprise. Selon les promoteurs de ce projet, "l'idée est de puiser dans le creuset culturel commun pour mettre en exergue un héritage culturel partagé". De la sorte, les pièces instrumentales et vocales du répertoire arabo-andalou seront placées dans une dynamique moderne basée aussi bien sur leur restitution que sur les nouvelles compositions et les improvisations. De plus, les promoteurs de ce projet entendent remettre à l'honneur des instruments et des modes musicaux parfois perdus de vue. De plus, ce projet suit les pas des exilés andalous dans leurs pérégrinations maghrébines. Du Maroc à la Tunisie en passant par l'Algérie, ce sont avec ce spectacle les accents du "gharnati" de Tlemcen ou de "Al ala al andalousiya" de Fès qui renaîtront. Les tesselles retrouvées des modes andalous Après l'ouverture de "Mûsiqât" qui permettra aux artistes de restituer le travail de la résidence, le spectacle produit ne passera pas par pertes et profits. En effet, de nombreuses représentations sont prévues en Tunisie et à l'étranger afin de faire circuler l'oeuvre et aussi revivifier cette mémoire andalouse. Monastir accueillera ce spectacle le 8 octobre, au lendemain de la première. Ensuite, les musiciens donneront une troisième représentation à Sfax le 11 octobre. Ces deux performances ont été rendues possibles grâce à des relais dans la société civile qui engagent ainsi une coopération fructueuse avec Ennejma Ezzahra. Enfin, l'auditorium de l'Institut français de Tunis devrait également accueillir ce spectacle. En Europe, plusieurs représentations de "Mosaïque arabo-andalouse" sont également prévues en 2017 en partenariat avec les institutions qui co-produisent ce spectacle. De la sorte, le CMAM donne l'exemple d'une coopération harmonieuse et efficace. Un festival des musiques du monde Pour le moment, les musiciens de ce projet né à Tunis peaufinent leur approche et leurs accords et devraient donc rencontrer le public à l'ouverture de "Mûsiqât". En soi, ce choix du festival de débuter avec une production propre qui plus est articulée sur une résidence résume tout le sérieux de la démarche. Et c'est tant mieux! Le festival pourra ensuite commencer et se déroulera jusqu'au 22 octobre avec une dizaine de concerts de différentes traditions. En effet, cette onzième édition de "Mûsiqât" s'annonce prometteuse avec des musiques de l'Inde du nord ou du Cap-vert et des formations qui proviennent de Cuba, du Congo, de l'Iran, de la Turquie, de l'Espagne et du Portugal. Pour l'heure, place au spectacle d'ouverture et ses bienvenues tesselles et sonorités arabes et andalouses...