Carthage-TAP - Le Président Zine El Abidine Ben Ali a prononcé, hier, en présidant l'ouverture de la conférence internationale sur le thème ''Le terrorisme: dimensions, menaces et contre-mesures'', un discours dont voici le texte : "Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Excellence, Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'Organisation des Nations-Unies, Excellence, Monsieur Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l'Organisation de la Conférence Islamique, Excellence, Dr Abdulaziz Altwaijri, Directeur général de l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), Excellence, Dr Mongi Bousnina, Directeur général de l'Organisation Arabe pour l'Education, la Culture et les Sciences, Excellences et Eminences, Distingués invités de la Tunisie, Mesdames, Messieurs, Je procède à l'ouverture des travaux de cette conférence internationale ayant pour thème ''Le terrorisme : dimensions, menaces et contre-mesures'', en souhaitant la bienvenue à M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), ainsi qu'aux représentants des organisations onusiennes, internationales, régionales et arabes spécialisées, à tous les experts, penseurs, chercheurs et universitaires des pays frères et amis que nous sommes fiers de voir participer à cette conférence et auxquels nous souhaitons un agréable séjour parmi nous. La Tunisie a toujours été et continue d'être une terre de rencontres des cultures et civilisations et un point de jonction ouvert sur le monde, pour la communication et le dialogue sur tout ce qui peut servir le rapprochement et l'entente entre les personnes, les groupes ethniques, les peuples et les Etats. Tout en remerciant MM. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations-Unies, Ekmeleddin Ihsanuglu, Secrétaire général de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), et Abdulaziz Altwaijri, Directeur général de l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), pour leurs expressions aimables et leurs nobles sentiments envers la Tunisie et son peuple, je tiens à saluer, à cette occasion, le rôle et l'action assidue de l'ONU et des organisations internationales et régionales spécialisées et, tout particulièrement, l'organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), et l'Organisation Arabe pour l'Education, la Culture et les Sciences (ALECSO), en vue de promouvoir le dialogue entre les cultures, les civilisations et les religions, et de diffuser les valeurs universelles communes à toutes les nations. Nous considérons, pour notre part, que la tenue de cette conférence dans notre pays illustre notre souci commun, d'appuyer toutes les initiatives régionales et internationales tendant à instaurer la quiétude et la paix dans le monde. Mesdames, Messieurs, L'aggravation des déséquilibres sociaux, économiques, scientifiques et technologiques entre les pays du Nord et les pays du Sud, l'extension du champ des tensions et des conflits dans le monde, et le fait de ne pas avoir trouvé de solutions communes et équitables aux problèmes internationaux qui restent posés, en plus de la pratique des deux poids et deux mesures dans l'approche adoptée dans le traitement de ces problèmes, montrent, on ne peut mieux, que notre monde, aujourd'hui, n'est pas tout à fait ce qu'il devrait être, et que les relations internationales se trouvent dans un état qui suscite la préoccupation et l'inquiétude. L'observation des événements qui surviennent à l'Est comme à l'Ouest, et qui heurtent la conscience humaine, par leur violence et leur atrocité, permet de mesurer rapidement la gravité du niveau qu'a atteint l'exaspération de la haine et de l'inimitié entre les humains. C'est que la peur et la méfiance générées par les événements du 11 septembre 2001 ont poussé les relations entre les sociétés arabes et islamiques, et les sociétés européennes et américaines, vers une situation dominée par la méfiance et l'incompréhension. Les extrémistes des deux camps ont profité de cette situation pour raviver les rancœurs et attiser la discorde. Le fondamentalisme occidental s'est ainsi employé à ancrer la haine des étrangers et à théoriser sur la confrontation des cultures et le choc des civilisations. Le fondamentalisme islamique s'est, pour sa part, enfoncé dans les thèses réactionnaires et extrémistes, en prétendant agir au nom de l'Islam, qui ne se reconnaît nullement dans leurs thèses, et en cherchant à imposer ses orientations intellectuelles et spirituelles par la violence et le terrorisme. Le terrorisme est un comportement agressif contraire à toutes les normes morales, religieuses, sociales et civilisationnelles. Il constitue une atteinte flagrante à la souveraineté des Etats, à la Charte des Nations Unies et à l'ensemble des chartes et traités internationaux. Il constitue un phénomène pathologique qui a toujours marqué l'histoire de l'humanité depuis les temps les plus anciens et auquel aucune société ni civilisation n'a échappé. Il n'a jamais été la caractéristique d'une religion donnée, ni constitué un phénomène propre à un pays donné. Il s'est mué, dans la période moderne, en fléau transcontinental, perturbant les relations internationales et menaçant la sécurité et la stabilité dans le monde. C'est pour cela que la communauté internationale a commencé, au cours de la dernière période, à coordonner ses efforts pour lutter contre le terrorisme et pour prendre les mesures permettant d'empêcher son apparition et sa propagation. Nous sommes convaincus que la réalisation de cet objectif dépend, dans une large mesures, des méthodes que nous adoptons dans la lutte contre le terrorisme et dont la plus importante est celle qui consiste à ne pas répondre à la violence par la violence et à ne pas compter exclusivement sur les solutions sécuritaires, qui restent nécessaires mais insuffisantes. Il s'agit surtout de ne pas hésiter à éliminer les prétextes invoqués par les groupes terroristes pour continuer à propager leurs discours d'incitation à la violence et à mobiliser les esprits pour des réactions extrémistes. La solution la plus efficace réside, de notre point de vue, dans le traitement préventif qui commence par l'élimination des causes qui sont à l'origine de l'apparition du terrorisme, et des conditions qui favorisent son expansion. Cela suppose essentiellement une amélioration et une promotion de la vie quotidienne des personnes, à travers le développement de l'éducation et de la culture, l'amélioration de la condition de la femme et de la situation de la jeunesse, la promotion et la protection des droits de l'homme, l'élargissement des domaines de la concertation et de la participation, la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement intégral durable au profit de l'ensemble des catégories sociales et des régions. Les événements ont montré qu'une personne dépourvue de toutes les commodités de la vie, qui souffre de l'ignorance, du dénuement, de l'isolement et de la marginalité, et qui est assaillie par le doute, l'oisiveté, la négligence, la frustration et le sentiment d'impuissance tombe souvent, en proie facile, entre les mains du fanatisme et du terrorisme. C'est pourquoi nous avons considéré, dès les premiers jours du Changement du 7 novembre 1987, que l'amélioration de la situation de notre pays est tributaire de l'amélioration de ses conditions éducatives, culturelles, sociales et économiques, et de l'élimination des phénomènes de privation et de déséquilibre qui sont générateurs de sentiment d'injustice et d'iniquité, et d'une tendance au désespoir et à la résignation. Nous avons, dès lors, adopté une stratégie nationale ambitieuse de réforme, de développement, de réhabilitation et de modernisation, assurant la liaison étroite entre la croissance économique et le progrès social, dans tous les secteurs du développement, et permettant à notre peuple de bénéficier des attributs de la dignité et de la prospérité. Nous avons, ainsi, placé le secteur de l'éducation et de la formation au premier rang de nos choix nationaux, en consacrant l'éducation comme un droit légitime pour l'ensemble des Tunisiennes et des Tunisiens. Nous avons réaffirmé sa gratuité et institué son caractère obligatoire et l'avons fondé sur nos constantes culturelles, civilisationnelles et religieuses, et sur les valeurs universelles les plus nobles. Nous nous sommes attachés à ancrer en nos jeunes générations, à travers les matières qui leur sont enseignées, le sens des droits et des devoirs, à approfondir leur sens des vertus du dialogue et du respect de l'opinion différente, et à les inciter à l'Ijtihad et à l'effort rationnel, au bannissement du fanatisme et du racisme, à l'adoption d'un comportement civilisé, à la modération dans les prises de position et les réactions et à l'assimilation des connaissances et technologies de leur temps. Nous leur avons offert l'opportunité d'apprendre, dès l'école de base, deux langues étrangères leur permettant de communiquer avec les cultures du monde. C'est dans ce même cadre que se situe l'attention que nous avons portée à la jeunesse dans nos choix politiques, sociaux et économiques. Nous avons, ainsi, été constamment à l'écoute des jeunes, pour connaître leurs préoccupations et leurs aspirations. Nous les avons associés à la gestion de la vie publique, tant au niveau local et régional, qu'au niveau national. Nous avons approfondi le dialogue avec eux, à travers des consultations périodiques qui leur sont destinées comme ce fut le cas en 1996, en 2000 et en 2005, et pris en compte les résultats de ces trois consultations dans nos plans de développement. Nous avons offert à nos jeunes des réseaux diversifiés de centres, de clubs, d'institutions et d'installations culturels, sportifs et de loisirs répartis sur les différentes régions du pays, afin de préserver l'équilibre psychique et social de nos jeunes, d'enrichir leur formation éducative et de consolider leurs relations avec leur environnement. Nous avons fait de l'emploi une priorité absolue de notre politique, lui consacrant tous les moyens et instruments dont nous disposons, afin de garantir à nos jeunes un avenir serein et une vie décente. Nous avons considéré la culture comme un appui à l'action de réforme et de modernisation que nous menons dans notre pays. Nous avons entouré les intellectuels de notre sollicitude, et de notre protection et leur avons apporté nos encouragements, loin de toute directive, censure ou interdiction. Nous avons renforcé le budget alloué à la culture, qui a atteint actuellement 1 pc du budget de l'Etat, et qui devrait atteindre 1,5 pc en 2009. Nous avons fait de la culture une affaire nationale concernant l'ensemble des individus, des catégories sociales et des régions, ce qui devrait nous permettre de préparer notre peuple à accompagner les innovations et les transformations de l'époque et d'améliorer son aptitude à relever les défis auxquels il est confronté et à gagner les enjeux qui lui sont posés. Nous sommes fiers du sens profond de responsabilité civique qui distingue nos intellectuels, et qui est resté constamment vivace, dans leur âme et leur esprit, leur permettant d'exprimer les préoccupations et les ambitions de notre peuple, et de défendre ses valeurs spirituelles, sociales et civilisationnelles. Ils ont de la sorte démontré que la liberté ne peut nullement signifier neutralité ou démission, mais implique un engagement patriotique volontaire, incitant l'homme de culture à s'intéresser aux mutations et défis que connaît sa société, ainsi qu'aux tensions et crises qui affectent le monde qui l'entoure. C'est pourquoi nous avons salué l'attitude des intellectuels tunisiens lorsqu'ils s'étaient dressés, à la fin des années quatre-vingt-dix du siècle dernier, pour faire face aux apôtres de l'extrémisme et de la violence, en ripostant à leurs thèses, en réfutant leur doctrine, en dénonçant leurs dérives et en condamnant le terrorisme intellectuel et physique qu'ils pratiquaient. Ils ont démontré, à travers ces attitudes, que la lutte contre l'ascétisme, la réaction et l'extrémisme, ne relève pas de la seule responsabilité de l'Etat, mais constitue une responsabilité commune de l'ensemble des composantes de la société civile. Nous sommes persuadés que la multiplication des problèmes au cours de notre période, avec l'évolution spectaculaire de la technologie et des moyens de communication qui l'accompagne, ont accru de manière considérable le rôle des intellectuels et des spécialistes de l'information et de la communication, tout autant que celui des partis politiques, des organisations de la société civile et des unions professionnelles, pour que les uns et les autres donnent l'exemple dans la diffusion des valeurs de liberté, de justice, de consensus et de tolérance, au sein de leurs sociétés, ainsi que dans la propagation des principes humanistes communs et la lutte contre toutes les formes d'excès, de fanatisme et de discrimination. Les pionniers de la réforme et de l'esprit éclairé et les leaders de la libération et de la modernisation de notre pays avaient compris, dès le début du siècle dernier, que le progrès des nations ne pouvait se réaliser pleinement sans la promotion de la condition de la femme et l'amélioration de sa situation, au sein de la famille et de la société. C'est ce que la Tunisie a pris l'initiative d'entreprendre, dès la première année de son indépendance lorsque le leader Habib Bourguiba avait promulgué le ''Code du Statut Personnel'', le 13 août 1956, rompant, ce faisant, avec l'époque de sous- développement social et culturel et jetant les bases d'une nouvelle étape nationale qui rend justice à la femme et consacre son égalité avec l'homme, au plan des droits et des devoirs. Nous avions décidé, avec le Changement du 7 Novembre 1987, de préserver ce Code, de le promouvoir et de l'enrichir. Nous avons pris, le 13 août 1992, un ensemble de mesures en vue d'éliminer toutes les formes de discrimination à l'encontre de la femme, et de consolider la cohésion et la stabilité de la famille, en plus des amendements apportés à cette même fin, au Code de procédure pénale, au Code du travail et au Code de la nationalité, et de l'élévation des principes énoncés dans le Code du statut personnel à un rang constitutionnel, tant nous sommes convaincus qu'il ne peut y avoir de progrès pour la société, sans l'existence d'un partenariat effectif et durable entre la femme et l'homme, dans tous les domaines de la vie. La femme tunisienne représente aujourd'hui une face resplendissante de la modernité en Tunisie, puisqu'elle est présente dans tous les domaines du travail, de la production et du militantisme, assume les plus hautes responsabilités au sein des institutions exécutives, législatives et administratives, exerce les diverses activités éducatives, culturelles et sportives, et les diverses professions économiques, scientifiques et techniques, et remplit sa part de responsabilité dans les composantes de notre tissu associatif. Elle a suffisamment de conscience et de personnalité, d'attachement authentique à notre identité arabo-musulmane et d'aptitude à accompagner, avec lucidité, les développements qui marquent son époque, pour préserver ses acquis et être un élément de stabilité et d'équilibre dans sa société, et un rempart inexpugnable face aux apôtres de la réaction et de la régression. Vous percevez, sans aucun doute, la complexité des mutations et des préoccupations qui sont venues bouleverser, à notre époque, le rôle de la mère et du père dans bon nombre de fonctions, du fait des contraintes de la vie sociale et économique, de sorte qu'ils n'ont souvent plus la possibilité de consacrer le temps suffisant pour entourer leurs enfants de leurs soins et assurer leur encadrement. Il est dès lors nécessaire, pour nous tous, d'approfondir la réflexion sur ce problème et de rechercher les voies et moyens qui permettent d'assurer la complémentarité réussie entre les rôles de l'école, de la famille et des composantes de la société civile, afin de ne pas laisser le champ libre aux tenants de l'extrémisme et de la violence pour remplir ce vide et l'exploiter à leur profit. Nous nous sommes attachés, à côté de l'intérêt que nous portons aux conditions sociales de notre peuple, à porter notre attention sur le système de droits de l'homme, dans ses dimensions globales couvrant les divers domaines du développement. A travers ce système, nous avons consacré le droit de toutes les Tunisiennes et de tous les Tunisiens à jouir des commodités essentielles de l'existence et à bénéficier de sources de revenus et des conditions de bien-être. C'est ainsi que nous avons créé, en 1993, le Fonds de Solidarité Nationale, puis, en 1997, la Banque Tunisienne de Solidarité, et en 1999, le Fonds National de l'Emploi, en vue de diversifier les mécanismes et instruments permettant de renforcer la cohésion et la solidarité entre l'ensemble des citoyennes et des citoyens, d'alléger les charges de l'existence pour les démunis et les nécessiteux, d'offrir le maximum d'opportunités d'assistance et de soutien au profit des petits industriels, artisans et agriculteurs, afin d'améliorer leurs situations professionnelles, et d'ouvrir davantage de perspectives aux titulaires de diplômes de l'enseignement supérieur, pour qu'ils puissent s'établir à leur propre compte, créer des projets et offrir des emplois. Nous avons également doté plus d'un million de Tunisiens des commodités essentielles et des équipements indispensables, y compris les conditions de logement et de développement, et les avons, ainsi, soustraits à l'isolement et à la marginalité. Nous avons, dans le même temps, transformé les zones où ils se trouvent en autant d'espaces où il fait bon vivre, et avons intégré ces citoyens dans la vie active et dans le circuit économique. Ces initiatives et réalisations nous ont aidés à améliorer les indicateurs du développement humain dans notre pays, aux niveaux quantitatif et qualitatif, en portant le taux de scolarisation des garçons et des filles à l'âge de 6 ans à 99 pc, et le revenu moyen par habitant à 4.384 dinars par an, en réduisant le taux de pauvreté à 3,8 pc et en renforçant la classe moyenne qui représente plus de 80 pc de la population. Le taux de couverture sociale a été, d'autre part, porté à plus de 90 pc, alors que l'espérance de vie à la naissance atteint, aujourd'hui, plus de 74 ans. Dans le cadre de la consolidation de l'identité nationale et de la préservation de nos spécificités culturelles et civilisationnelles, nous avons oeuvré à protéger notre foi islamique de toute manipulation et à propager ses principes sublimes, avec ses nobles incitations à l'effort d'interprétation (Ijtihad), à la réflexion rationnelle, à la diffusion des valeurs de juste milieu, de modération et de tolérance et au bannissement du repli sur soi, des excès et du fanatisme. Il importe de relever, dans ce contexte, que les principes prônés par l'Islam sont aussi ceux des deux autres religions monothéistes, le judaïsme et le christianisme, ce qui donne la responsabilité à ceux qui veillent à ces trois religions de consacrer les vertus que nous avons en partage et de consolider le dialogue entre leurs adeptes, dans un climat d'entente, de coexistence et de respect mutuel. Il nous faut souligner, à cet égard, que les groupes terroristes que l'on attribue à l'Islam, et qui sont en train de porter les plus grands torts à l'Islam et aux musulmans, ne sont aucunement représentatifs de notre religion sublime. Il s'agit, en effet, d'un phénomène isolé, engendré par des circonstances données dans les sociétés arabes et musulmanes, et qui est appelé à disparaître avec la disparition de ces circonstances. Quant à l'Islam, il n'a rien à voir avec l'extrémisme, la violence et le terrorisme, parce qu'il est une religion de juste milieu, de paix, de dialogue et de tolérance, et c'est ce qu'illustrent, de manière on ne peut plus catégorique, de nombreux versets du Saint Coran dans lesquels Dieu Tout-Puissant dit, entre autres : ''Nous avons également fait de vous une communauté de juste milieu'', ''Il n'est point de contrainte dans la foi'', ''Prêche la voie de ton Créateur, avec sagesse et bon conseil'', ''Dialoguez avec eux, en usant de la meilleure voie'', ou encore ''S'ils veulent la paix, faites comme eux'' (Coran). Ceci outre les innombrables apports et legs de l'histoire musulmane qui mettent en lumière la clémence de l'Islam, ses finalités sublimes et sa bonté envers l'être humain et envers la fraternité humaine. La Tunisie qui dénonce, une fois de plus, à cette occasion, l'amalgame qui est fait, aujourd'hui, en Occident, entre le terrorisme et l'Islam, tient à exprimer sa consternation au vu des tracasseries et campagnes de dénigrement injustifiées. Elle continuera à aller de l'avant dans le renforcement du dialogue entre les peuples, les cultures, les civilisations et les religions, en vue de contribuer à atténuer les malentendus, les replis sur soi et les rancoeurs qui affectent les relations internationales. C'est là, désormais, une règle de conduite immuable dans nos orientations et nos choix, d'autant que nous avions publié, le 21 avril 1995, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), la ''Charte de Carthage sur la Tolérance'', et créé, en novembre 2001, une ''Chaire universitaire pour le dialogue des civilisations et des religions'', et institué, en décembre 2002, un ''Prix Mondial du Président de la République pour les Etudes Islamiques'', dans le but d'enrichir l'effort d'interprétation de notre religion sublime. Nous avons également créé, en mai 2005, et avec le concours du Secrétariat général de l'Organisation de la Conférence Islamique, le ''Forum de Tunis pour la paix'', mis en place, en juin 2005, un centre de recherches et d'études comparées sur le dialogue des civilisations et des religions'', et publié, en février 2006, en coopération avec l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), la ''Déclaration de Tunis pour l'alliance entre les civilisations''. Il ne passe pas une année sans que certaines institutions, organisations et associations civiles tunisiennes n'organisent des rencontres et des colloques sur le dialogue entre les peuples, les cultures, les civilisations et les religions. Notre pays continuera d'accueillir ce type de rencontres et de colloques, tant il est convaincu de leur impact moral au niveau international, et tant il s'attache à joindre ses efforts à ceux de toutes les forces du bien de par le monde, en vue de consacrer la culture du dialogue, de la généraliser, de l'approfondir et d'élargir ses volets, parce qu'il s'agit là de la méthode la meilleure et du cadre le plus sain, pour se débarrasser des préjugés accumulés, des stéréotypes éculés et des sentiments de haine et de racisme que chaque partie nourrit à l'encontre de l'autre. Notre chance est de disposer, aujourd'hui, des divers moyens modernes de communication, et tout particulièrement de l'Internet, qui nous offrent un surcroît d'opportunités de rencontre et de communication, et qui nous permettent, pour peu que nous sachions maîtriser l'aspect moral dans leur exploitation, de contribuer à enrichir nos domaines d'entente et de coopération. Tout en exprimant notre satisfaction au vu de la conscience croissante des vertus du dialogue, aux niveaux local, régional et international, nous tenons à souligner que ce dialogue ne peut être efficace que si toutes les parties savent en préserver la sincérité, la crédibilité et les nobles finalités, pour que nous puissions nous acheminer, ensuite, vers une alliance solide face aux aspects négatifs et aux injustices qui mettent en danger la paix et la stabilité dans le monde. Nous avons déjà eu à préconiser, dans ce cadre, une approche exhaustive des relations internationales fondée sur l'interdépendance entre la paix, la sécurité et le développement. Nous avions suggéré, en 1989, la conclusion d'un Pacte pour la paix et le progrès entre les pays du Nord et les pays du Sud. Nous avons appelé, en 2001, à la création d'un Fonds Mondial de Solidarité et de Lutte contre la Pauvreté, qui a été adopté à l'unanimité par l'Assemblée Générale des Nations Unies. La Tunisie qui a pris conscience, très tôt, des dangers de l'extrémisme et du terrorisme, a été la première à mettre en garde, dès les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, contre ce phénomène et ses conséquences néfastes, et à insister sur la nécessité d'intensifier la coopération pour le prévenir et l'éradiquer. Nous avons également appelé, en 2003, à l'organisation d'une conférence internationale, sous les auspices des Nations Unies, en vue d'arrêter une stratégie internationale pour la lutte contre le terrorisme, pour l'élimination de ses causes, et pour l'établissement d'un Code de conduite en la matière, engageant toutes les parties signataires. Nous sommes convaincus que la prise de conscience des Etats vis-à-vis de la menace terroriste et leur adhésion aux conventions onusiennes, continentales et régionales relatives à la lutte contre ce phénomène et à l'éradication de ses causes, et notamment les conventions adoptées par l'Assemblée Générale des Nations Unies, le Conseil de Sécurité, et les organisations et instances internationales spécialisées, permettent d'aménager les conditions propices à l'instauration d'une coopération internationale globale et efficace, dans la lutte contre le terrorisme, et d'un partenariat solidaire et équilibré pour la réduction des déséquilibres entre les nations, en matière de développement. Nous avons, également, la ferme conviction que les difficultés de la conjoncture mondiale actuelle ne peut infléchir notre volonté de la réformer, de la modifier et d'en éloigner les dangers, pour peu que nous fassions, tous, preuve du courage requis pour mettre un terme aux injustices qui affectent certains peuples et dont la plus connue est celle du peuple palestinien frère, et pour peu que nous nous préoccupions d'opter pour la justice et la globalité dans le traitement des problèmes existants, sans sélectivité ni prééminence de l'un sur l'autre. Mesdames, Messieurs, La sécurité, la stabilité et la prospérité des Etats sont indissociables de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité du monde. Voilà bien ce qui doit approfondir la dimension universelle de notre réflexion et de notre comportement, tant cette dimension représente un engagement moral qui consacre la communication et l'entente entre nous, indépendamment de la diversité de nos spécificités raciales, religieuses et culturelles, et par delà les écarts en matière de progrès et de développement qui nous séparent: C'est que l'humanité est un tout indivisible...Notre monde est partout le même...Notre devenir est aussi le même. Nous n'avons pas d'autres choix que celui de la coopération et de la solidarité, pour affronter ensemble les risques et dangers et disposer ensemble des intérêts et bienfaits dont nous avons besoin. Pour conclure, je tiens à vous réitérer mes salutations et mes souhaits de bienvenue, en vous exprimant mes meilleurs souhaits de pleine réussite dans vos travaux".
Pavés • "La Tunisie a toujours été et continue d'être une terre de rencontres des cultures et civilisations et un point de jonction ouvert sur le monde, pour la communication et le dialogue sur tout ce qui peut servir le rapprochement et l'entente entre les personnes, les groupes ethniques, les peuples et les Etats".
• "Le terrorisme est un comportement agressif contraire à toutes les normes morales, religieuses, sociales et civilisationnelles. Il constitue une atteinte flagrante à la souveraineté des Etats, à la Charte des Nations Unies et à l'ensemble des chartes et traités internationaux".
• "Coordonner les efforts pour lutter contre le terrorisme et prendre les mesures permettant d'empêcher son apparition et sa propagation".
• "Elimination des causes qui sont à l'origine de l'apparition du terrorisme, et des conditions qui favorisent son expansion. Cela suppose essentiellement une amélioration et une promotion de la vie quotidienne des personnes".
• "La Tunisie a adopté, dès le début, une stratégie nationale ambitieuse de réforme, de développement, de réhabilitation et de modernisation, assurant la liaison étroite entre la croissance économique et le progrès social, dans tous les secteurs du développement, et permettant à tout le peuple de bénéficier des attributs de la dignité et de la prospérité".
• "La Tunisie qui a pris conscience, très tôt, des dangers de l'extrémisme et du terrorisme, a été la première à mettre en garde, dès les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, contre ce phénomène et ses conséquences néfastes, et à insister sur la nécessité d'intensifier la coopération pour le prévenir et l'éradiquer".
• "La Tunisie qui dénonce, une fois de plus, à cette occasion, l'amalgame qui est fait, aujourd'hui, en Occident, entre le terrorisme et l'Islam, tient à exprimer sa consternation au vu des tracasseries et campagnes de dénigrement injustifiées".
• "Les groupes terroristes que l'on attribue à l'Islam, et qui sont en train de porter les plus grands torts à l'Islam et aux Musulmans, ne sont aucunement représentatifs de la religion sublime. Il s'agit, en effet, d'un phénomène isolé, engendré par des circonstances données dans les sociétés arabes et musulmanes, et qui est appelé à disparaître avec la disparition de ces circonstances".
• "L'Islam n'a rien à voir avec l'extrémisme, la violence et le terrorisme, parce qu'il est une religion de juste-milieu, de paix, de dialogue et de tolérance".
• "Opter pour la justice et la globalité dans le traitement des problèmes existants, sans sélectivité ni prééminence de l'un sur l'autre".