- Refoulements, noyades en mer, exploitation de la misère humaine par des réseaux structurés : la politique de « l'immigration choisie » apporter-t-elle un début de solution ? Il ne se passe de jour sans entendre parler d'une embarcation transportant des migrants clandestins qui s'écoule au large de la Méditerranée , générant la mort ou la disparition de dizaine de migrants des deux sexes (tout âge confondu) dans la majorité sont en provenance de l'Afrique. Selon les estimations du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) des Nations-Unies, pas moins d'une dizaine sont morts noyés ou portés disparus chaque mois dans le détroit de Sicile en tentant la traversée entre le nord de l'Afrique et l'Europe. Faut-il alors une coopération plus étroite entre les deux rives de la Méditerranée pour combattre ce fléau ou bien les pays du Sud sont appelés à oeuvrer encore plus pour accélérer leur développement afin de fournir une vie plus décente à leurs proches. A cet égard, la ville de Hammamet a abrité la semaine dernière les travaux de la Conférence annuelle de l'émigration, placée cette année sous le thème "les nouvelles orientations de l'émigration dans la région méditerranéenne". Arrêter des programmes et des plans d'action communs Organisée par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) avec le concours de la Fondation Friedrich Ebert et l'Organisation arabe du travail, C a examiné les questions se rapportant aux "causes et conséquences de l'émigration des pays subsahariens vers l'Europe" et aux "politiques maghrébines en matière d'émigration clandestine" et "la politique européenne face à l'immigration africaine" ainsi que sur "les droits des travailleurs africains dans les pays maghrébins de transit". Cette rencontre a donné l'opportunité aux participants de préconiser une plateforme d'entente fondée sur le principe de solidarité entre les organisations syndicales pour protéger les intérêts des travailleurs et consacrer leur droit au travail. M. Abdessalem Jerad, secrétaire général de l'UGTT, a relevé l'importance du rôle dévolu aux structures syndicales dans la conception d'approches et la présentation de propositions qui permettent de poser la question d'une manière globale en tenant compte des aspects sociaux-économiques et humanistes, outre le rôle des associations de l'émigration et des organisations représentant les immigrants, en vue de préconiser des plans d'action et de lutte contre toutes les formes d'extrémisme. Pour sa part, le représentant de l'Organisation arabe du travail a plaidé pour l'unification des positions afin que les structures syndicales puissent présenter une vision commune aux instances internationales sur la voie de la consolidation de la défense des droits des travailleurs et des droits humains. Dans le rapport final, les participants ont appelé les gouvernements devant participer au Sommet "Europe-Afrique" qui se tiendra, en décembre prochain, à Lisbonne, à réviser leurs politiques en matière d'immigration et à oeuvrer à protéger les droits des immigrants. Ils ont également invité les associations opérant dans le domaine de protection des émigrés à coordonner leurs efforts et à intensifier leur coopération pour arrêter des programmes et des plans d'action à même de contribuer à la garantie des droits des émigrés et à la diffusion de la culture de la tolérance. Les participants ont, par ailleurs, insisté sur la nécessité d'associer toutes les parties concernées par l'émigration, syndicats, associations et parties internationales, en vue de concevoir des approches permettant aux différents gouvernements de traiter la question de l'émigration sans se limiter au volet sécuritaire. La France prépare, également, une conférence euro-africaine sur les migrations Préoccupée par le dossier de l'émigration, la France "organisera et accueillera" une conférence euro-africaine sur les migrations et le développement au moment de la présidence française de l'Union européenne en 2008, a annoncé le ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux dans un entretien publié récemment par Le Monde. "Il existe l'espoir de construire un pacte européen qui pourrait porter sur le refus des régularisations massives, sur des règles communes d'asile et sur un dialogue commun avec les pays d'immigration", explique le ministre qui entend porter ce projet lors de cette conférence organisée pendant la présidence française de l'UE, qui débute le 1er juillet 2008. Souhaitant une "harmonisation des politiques européennes" contre l'immigration irrégulière, M.Hortefeux entend "lutter contre les réseaux qui exploitent la misère humaine", et "mettre la pression sur les entreprises qui emploient du personnel clandestin". Dans le sillage des promesses du président Nicolas Sarkozy, sur la mise en oeuvre d'une politique d'immigration choisie, M. Hortefeux entend favoriser l'immigration économique qui ne représente actuellement que 7% du flux global, loin derrière le regroupement familial. A rappeler qu'on assiste ces dernières années à une accélération du phénomène migratoire dans le monde. Le nombre des émigrés dans le monde a atteint 200 millions en 2005, soit l'équivalent de la population d'un grand pays comme le Brésil. Les migrants désespérés prennent ce risque à la recherche d'une situation financière meilleure et des conditions de vie favorables dans l'une des villes européennes.