Blanchiment d'argent et financement du terrorisme L'Europe ne fait pas confiance à la Tunisie * Que ce soit une nouvelle liste ou une actualisation, c'est du pareil au même La nouvelle est tombée comme un coup de foudre, enfonçant davantage le clou dans le cercueil des finances tunisiennes qui n'en finissent pas d'en pâtir avec les errements des responsables politiques et financiers du pays qui cherchent, encore à leurrer l'opinion publique. Ainsi, la Tunisie fait partie d'une nouvelle liste noire de l'Union européenne, concernant l'argent sale et le financement du terrorisme. La CTAF a cherché à atténuer l'effet, en affirmant que c'est une actualisation de la liste de l'année dernière… toutefois, c'est du pareil au même et la Tunisie fait partie des 23 pays où circule l'argent sale, servant à financer le terrorisme. La liste des pays présentant des carences dans leurs systèmes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et publiée par la Commission Européenne(CE) est une « simple actualisation » de la liste précédente, à travers l'ajout des nouveaux pays, a fait savoir la Commission tunisienne des analyses financières(CTAF). La CTAF a rappelé, dans un communiqué, que la Tunisie figure sur cette liste depuis février 2018, et que la liste publiée par la CE est « une simple actualisation » sur la base de la méthodologie européenne d'une part et le Groupe d'action financière (GAFI), d'autre part. Les autorités tunisiennes ont également, réaffirmé qu'elles « ont mis en place le plan d'action du Groupe d'action financière (GAFI)dans les délais impartis et que le rapport qui concerne la Tunisie sera discuté dans les prochains jours, lors de la prochaine réunion du GAFI », conformément à ce qui a été déjà annoncé lors d'une conférence de presse tenue le 28 janvier 2019, au siège de la présidence du gouvernement. La CE avait indiqué plus tôt, qu'elle a ajouté de nouveaux noms à la liste des 23 pays, dont les systèmes de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme présentent des défaillances, conformément à la méthodologie adoptée par l'Union européenne en juin 2018, et ce en vertu de l'article 9 de la directive européenne n°2015 – 849 de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (connue sous le nom de Directive européenne n °4). Les clarifications de la CTAF rejoignent les déclarations de l'ambassadeur de l'UE à Tunis, Patrice Bergamini. Le diplomate a indiqué qu' »il ne s'agit pas d'une nouvelle liste, mais d'une mise à jour de la liste des pays présentant des lacunes stratégiques dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ». Econostrum.info, un média indépendant qui traite au quotidien l'actualité économique des pays riverains de la Méditerranée voit les choses autrement et a écrit ce qui suit : La Commission européenne a publié, mercredi 13 février 2019, une nouvelle liste de vingt-trois pays tiers « présentant des carences stratégiques dans leurs cadres de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ». Sur cette liste, établie à partir de l'analyse de cinquante-quatre pays et territoires prioritaires dévoilée en novembre 2018, figure trois pays méditerranéens : la Libye, la Syrie et… la Tunisie. Ce dernier pays, tout comme la Syrie, se trouvait déjà présent sur celle livrée en février 2018. Ceci avait d'ailleurs entraîné le limogeage du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie. La Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) joue sur la nuance. Par un court communiqué, l'instance indique que « la Tunisie ne vient pas d'être admise sur une nouvelle liste noire européenne mais qu'il s'agit d'une mise à jour de l'ancienne liste ». Reste que le pays s'y trouve toujours et ne satisfait donc toujours pas aux critères de l'UE en la matière. La CTAF précise avoir mis un « plan d'action dans les délais impartis et que le rapport qui concerne la Tunisie sera discuté dans les prochains jours lors de la prochaine réunion du Groupe d'action financière (GAFI) ». Elle espère ainsi que la Tunisie sortira, fin juin 2019, de la liste de cette instance normative internationale puis de celle de la liste de l'Union européenne. « L'objectif de cette liste est de protéger le système financier de l'UE en prévenant plus efficacement le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. À la suite de l'inscription sur la liste, les banques et autres entités relevant du champ d'application des règles de l'UE en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux seront tenues d'appliquer des contrôles renforcés («vigilance») pour les opérations financières concernant les clients et les établissements financiers provenant de ces pays tiers à haut risque, afin de mieux détecter les flux de capitaux suspects », indique un communiqué de la Commission européenne. La nouvelle liste s'appuie sur la 5e directive anti-blanchiment en vigueur depuis juillet 2018 et prenant en compte des critères plus stricts que précédemment. «Nous avons mis en place les normes les plus strictes au monde en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, mais nous devons veiller à ce que l'argent sale provenant d'autres pays ne se retrouve pas dans notre système financier. L'argent sale est le moteur de la criminalité organisée et du terrorisme. J'invite les pays figurant sur la liste à remédier rapidement à leurs carences. La Commission est disposée à collaborer étroitement avec eux afin de résoudre ces problèmes dans notre intérêt mutuel», commente VěraJourová, commissaire européenne pour la justice, les consommateurs et l'égalité des genres. Cette liste de vingt-trois noms va désormais être soumise au Parlement européen et au Conseil européen pour approbation dans un délai d'un mois. Puis, celle-ci obtenue, la liste entrera en vigueur vingt jours après sa publication au Journal officiel. Après discussion avec les pays concernés, un retrait reste possible. Les 23 pays de la nouvelle liste : 1) Afghanistan, 2) Samoa américaines, 3) Bahamas, 4) Botswana, 5) République populaire démocratique de Corée, 6) Ethiopie, 7) Ghana, 8) Guam, 9) Iran, 10) Irak, 11) Libye, 12) Nigeria, 13) Pakistan, 14) Panama, 15) Porto Rico, 16) Samoa, 17) Arabie saoudite, 18) Sri Lanka, 19) Syrie, 20) Trinité-et-Tobago, 21) Tunisie, 22) Îles Vierges américaines, 23) Yémen.