Les pouvoirs publics ont fait de leur mieux depuis la publication de la liste du Gafi (Groupe d'analyses financières) en vue de prendre les dispositions nécessaires relatives à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Un guide destiné aux banques et aux métiers susceptibles d'être touchés par ce phénomène mondial a même été publié La présence de la Tunisie sur cette liste noire complique ses relations financières avec l'UE, contraignant les banques européennes à procéder à des vérifications accrues sur tous les paiements l'impliquant. Contre toute attente, la Commission curopéenne (CE) a annoncé mercredi 13 février 2019 avoir adopté sa nouvelle liste noire des 23 pays tiers présentant des carences stratégiques dans leurs cadres de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. C'est une grande déception pour la Tunisie qui a engagé pourtant depuis le dernier classement dans la liste noire un processus visant à se conformer aux exigences de l'Union européenne, en renforçant le contrôle à l'entrée des capitaux à tous les niveaux, même si certaines associations ne sont pas encore concernées par ledit contrôle. La Tunisie a, en effet, été maintenue dans la liste noire parmi les 23 pays ou entités figurant désormais sur cette liste, à savoir l'Afghanistan, l'Arabie saoudite, le Bahamas, Botswana, la Corée du Nord, l'Ethiopie, le Ghana, Guam, l'Iran, l'Irak, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, le Panama, Porto Rico, Samoa, les îles Samoa américaines, Sri Lanka, la Syrie, Trinidad et Tobago, la Tunisie, les îles Vierges US et le Yémen). La Commission a ainsi proposé d'ajouter sept nouveaux pays dont l'Arabie saoudite, à la liste de l'UE des pays tiers ne luttant pas assez contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Cette proposition doit encore recevoir le feu vert du Parlement européen. Contrôles renforcés Les pouvoirs publics ont fait de leur mieux depuis la publication de la liste du Gafi (Groupe d'analyses financières) en vue de prendre les dispositions nécessaires relatives à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Un guide destiné aux banques et aux métiers susceptibles d'être touchés par ce phénomène mondial a même été publié. Ce guide préventif avertit les banquiers et les professionnels des différents secteurs des conséquences graves sur l'économie nationale suite à des opérations frauduleuses. Des mesures doivent ainsi être prises par tous les secteurs qui ont affaire à l'entrée et sortie des capitaux venant de l'étranger. Mais il semble que l'UE n'est pas encore tout à fait convaincue que la Tunisie fait assez d'effort pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. La présence de la Tunisie sur cette liste noire complique ses relations financières avec l'UE, contraignant les banques européennes à procéder à des vérifications accrues sur tous les paiements l'impliquant. Toutefois, le fait de se retrouver sur cette liste ne déclenche pas de sanctions, mais il oblige les banques européennes à appliquer des contrôles renforcés sur les opérations financières impliquant des clients ou des établissements financiers dans ces pays. Mais cette situation n'est pas définitive. La Tunisie a encore une chance de sortir de la liste noire d'autant plus que la volonté politique existe. Il s'agit, tout simplement, de se conformer strictement aux exigences européennes en faisant preuve de plus de coopération avec les experts européens mobilisés pour ce dossier et de s'ouvrir sur les expériences des pays qui ont réussi à relever le défi malgré les contraintes imposées. Etre dans la liste noire porte aussi atteinte à l'image de marque de notre pays et, par conséquent, à l'attraction des investissements étrangers. La Tunisie aura des difficultés, de même, pour contracter des crédits des bailleurs de fonds étrangers qui vont imposer des conditions nouvelles et un contrôle rigoureux sur les fonds. Poursuite du dialogue La Commission souligne qu'elle poursuivra son dialogue avec les pays considérés comme présentant des carences stratégiques dans le présent règlement délégué et œuvrera en particulier en vue d'établir les critères relatifs au retrait de la liste. « La liste permet aux pays concernés de mieux cerner les domaines à améliorer afin d'ouvrir la voie à un éventuel retrait de la liste une fois les carences stratégiques éliminées». Des experts de l'UE devraient se rendre prochainement en Tunisie pour constater que toutes les dispositions ont été prises par les autorités publiques en vue de lutter efficacement contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Une structure indépendante pourrait être chargée de contrôler tous les capitaux étrangers qui entrent dans notre pays par plusieurs voies et qui sont destinés aux partis, associations et même aux particuliers. A noter que plusieurs secteurs sont exposés au blanchiment d'argent comme ceux de la bijouterie et de l'immobilier. Les professionnels et la Banque centrale de Tunisie sont appelés à faire preuve de vigilance pour éviter l'entrée d'argent provenant de sources douteuses. Certains trafiquants innovent pour contourner la loi en vigueur et faire entrer l'argent sale dans notre pays. Pour lutter contre ce phénomène, l'action à mener doit être collective avec la participation de tous les secteurs professionnels. Tous les opérateurs économiques doivent être convaincus que le blanchiment d'argent est dangereux pour notre économie. Cette conviction leur permettra d'agir en conséquence, car les textes juridiques, aussi développés soient-ils, ne sont pas en mesure de faire face à ce phénomène si la volonté des uns et des autres est absente et si les pratiques sur le terrain ne sont pas fermes. La Commission indique, par ailleurs, qu'elle suivra les progrès accomplis par les pays figurant sur la liste noire, continuera à suivre les pays faisant l'objet d'un examen et commencera à évaluer d'autres pays, conformément à sa méthode publiée. Elle actualisera cette liste en conséquence. Elle s'emploiera également à améliorer sa méthode au besoin, à l'aune de l'expérience acquise, en vue de garantir une identification effective des pays tiers à haut risque ainsi que le suivi nécessaire. Rendez-vous au cours du mois de juin, lors de la réactualisation de la liste noire pour savoir si la Tunisie a répondu parfaitement aux exigences de l'Union européenne. Le travail se poursuit, en tout cas, actuellement en vue de traiter les défaillances ou les insuffisances constatées dans le cadre d'un processus long et compliqué.