L'EXPERT – Personne ne peut plus comprendre ce qui se passe dans le pays, surtout avec la corruption, les malversations et d'autres délits, avec, pour couronner le tout, cette affaire d'espionnage de l'expert des Nations-Unis qui vient d'être arrêté, il y a quelques temps, alors qu'il passait par la Tunisie, dans une mission qui concerne la situation en Libye. Et, subitement, nous tombe la nouvelle que l'expert de l'ONU a été libéré, sur décision de la cour d'appel de Tunis. Trop de zones d'ombre dans l'arrestation, puis la libération de l'expert de l'ONU Le comble est que son avocat qui s'y est mis, lui aussi, avec des menaces voilées, transgressant, ainsi, toutes les règles juridiques, surtout qu'il évoque une affaire en cours d'instruction. Cela peut être considéré comme une tentative d'influence sur le cour des investigations et, aussi, sur les juges. Il est certain que l'arrestation de « l'expert » de l'ONU n'a pas eu lieu sur un coup de tête des forces sécuritaires. Par conséquent, personne n'a le droit d'interférer sur les investigations, comme veut le faire l'avocat de la défense qui prend à partie la souveraineté du pays, de même qu'il met en doute la crédibilité des forces sécuritaires qui n'ont fait que leur devoir pour mettre fin, selon eux, à des actes qui portent atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays. L'absence de preuves et le refus de faire valoir les privilèges et l'immunité accordés à l'expert onusien d'origine tunisienne Moncef Kartas, rendent son arrestation, un acte abusif et contraire à la loi, qui risque « d'avoir des répercussions désastreuses pour la Tunisie », a affirmé lundi, l'avocat de l'expert, Me Mohamed Manoubi Ferchichi. Il est prohibé de poursuivre en justice, de placer en détention ou d'arrêter l'expert tant que l'immunité qui lui est accordée n'a pas été levée par le secrétaire général des Nations Unies, a-t-il ajouté dans un communiqué, affirmant qu'il valait mieux lever l'immunité d'abord. L'organisation des Nations Unies n'a pas cessé d'interpeller l'Etat tunisien à travers des correspondances pour demander le faire valoir l'immunité accordé à son expert, a-t-il noté, appelant à arrêter toutes les poursuites engagées contre Kartas et à sa libération conformément, à la convention sur les privilèges et immunité des Nations Unies et la convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Concernant l'équipement électronique saisi, l'avocat a fait savoir que son client l'utilisait pour le suivi du trafic de certains avions soupçonnés de violer les sanctions imposées par le conseil de sécurité de l'ONU, sur la Libye. Les services de l'ONU étaient au courant de l'utilisation par Kartas de l'appareil « RTL-SDR » saisi et affirment dans une correspondance que cet appareil est utilisé dans le cadre d'une mission onusienne, et n'a pas pu être installé en Libye pour des raisons sécuritaires d'où l'engagement de travaux d'investigation à partir du territoire tunisien, lit-on dans le communiqué. L'appareil en question est proposé à la vente au public dans plusieurs sites web et ne constitue nullement un danger pour l'Etat tunisien, affirme Me Ferchichi, faisant remarquer que les données sur le trafic aérien civil sont des données publiques disponibles sur plusieurs sites et tout avion peut être suivi à travers ses sites. Le 15 mai, l'ONU a appelé la Tunisie à libérer immédiatement, l'expert Moncef Kartas, détenu depuis le 26 mars et à abandonner les accusations d'espionnage portées à son encontre. Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric a déclaré lors d'un point de presse à New York, que l'Organisation réclame que les « accusations portées contre Kartas soient abandonnées » et qu'il soit « relâché immédiatement », « La Tunisie viole les privilèges et immunités accordés à Moncef Kartas dans l'intérêt des Nations unies », a ajouté Dujarric. Moncef Kartas, expert en fonction depuis 2016, au sein du groupe de spécialistes chargés par l'ONU d'enquêter sur les violations de l'embargo sur les armes, imposé à la Libye, a été arrêté le 26 mars, à son arrivée à l'aéroport de Tunis. Le porte-parole officiel de la justice antiterroriste, Soufiène Selliti, avait déclaré le 11 avril dernier, à l'agence TAP, que l'expert onusien soupçonné d'espionnage « ne peut pas bénéficier de l'immunité dans la mesure où l'affaire dont il fait l'objet concerne des intérêts personnels ». Selliti avait précisé également, que Kartas n'avait pas regagné la Tunisie dans le cadre d'une mission de l'ONU, puisqu'il était détenteur d'un passeport tunisien et non onusien. Pour lui, étant donné qu'il est chargé d'une mission de l'ONU en Libye et non en Tunisie, il ne peut se faire prévaloir de l'immunité appliquée dans le cadre de la convention sur les privilèges de l'ONU. Un des juges d'instruction du tribunal antiterroriste avait émis deux mandats d'arrêt à l'encontre de l'expert de sécurité des Nations unies et d'une autre personne de nationalité tunisienne également, dans une affaire portant sur « la collecte de renseignements et données relatifs à la lutte contre le terrorisme et à leur divulgation dans des circonstances autres que celles autorisées par la loi ». Il est clair que l'Etat tunisien voit autrement l'affaire, puisque ce personnage n'a pas le droit d'utiliser le sol tunisien, sans autorisation des pouvoirs publics, et tous les secrets qui entourent cette affaire font naître des doutes sur les agissements de Moncef Kartas. Il semble donc que l'intervention de l'avocat est une simple tentative pour détourner l'attention de la justice dont les investigations vont donner le fin mot de l'histoire. Cette affaire porte un nouveau coup à la crédibilité du pays, que ce soit auprès du citoyen tunisien ou de la communauté internationale, surtout que, depuis le début, les responsables tunisiens avaient présenté une argumentation qui se tenait, mais qui, subitement, est partie en fumée, concernant les chefs d'accusation contre Kartas. C'est dire que le jeu est devenu dangereux, pour le pays, parce qu'on ne sait plus comment séparer entre le vrai et le faux, avec des errements des politiciens et de la justice, surtout, dont le citoyen ne croit plus à la crédibilité. Légende :