Au Maroc, la première vague de la pandémie de coronavirus du printemps avait été bien maîtrisée grâce à un confinement partiel ou total. Mais depuis juillet dernier et malgré des reconfinements partiels et ciblés, une hausse exponentielle de nouveaux cas de Covid est constatée. Avec 29 000 cas et 473 morts par semaine fin novembre et malgré un taux de mortalité contenu, le système de santé a un peu de mal à faire face à la pandémie. Actuellement, les autorités ont renoncé à un reconfinement total de la population, mais maintiennent le couvre-feu la nuit. Elles comptent sur une vaccination massive de la population pour éradiquer le virus. Les conséquences sur la croissance économique du pays se sont fait ressentir dès le début de l'année 2020. Un impact négatif accentué par le fait que les principaux partenaires du Maroc, l'Espagne, la France et l'Italie sont aussi ceux qui connaissent le plus de difficultés économiques avec des récessions très profondes au sein de l'UE. Au Maroc, la croissance du PIB a été de 0% au premier trimestre et la récession, de 14,9% au deuxième trimestre s'est un peu atténuée à 9% au troisième, selon les premières estimations. Probablement de 4,5% au quatrième trimestre, la récession moyenne de l'année 2020 devrait donc s'établir à 7%, une hausse de 3% par rapport aux prévisions du printemps dernier. Très fortement affecté par l'effondrement de la demande des ménages et l'arrêt des importations des entreprises étrangères, les importations de biens ont diminué de 16% à fin septembre 2020 (cumul neuf mois) par rapport à 2019, alors que dans le même temps, les exportations de biens n'ont baissé que de 12%, ce qui a permis une réductiondu déficit commercial des biens à 18 milliards de dollars, pour 21,5 en septembre 2019. Mais l'effondrement des activités de tourisme de 62% à fin septembre a fait plonger la balance des services avec un solde positif de seulement 3,5 milliards de dollars, en chute de 44% par rapport à 2019. Au total, la balance des biens et services va se détériorer cette année avec une chute des importations de 17,7% et une contraction supérieure des exportations de 21%. Une bonne nouvelle qui mérite d'être soulignée. Les remises des Marocains résidants à l'étranger (MRE) ont atteint le montant record de 50,6 milliards de dirhams (5,3 Mds USD), soit environ 4,6% du PIB à fin septembre 2020. Ces remises sont en hausse de 2,2% par rapport à septembre 2019, un signe que la solidarité des populations émigrées ne se dément pas, malgré la crise en Europe. En revanche, les investissements directs étrangers (IDE) devraient se contracter à un milliard de dollars en 2020, en chute de 28%, et ne représentant plus que 0,9% du PIB, alors que la moyenne des dernières années tournait autour de 2%. C'est un montant modeste qui sera compensé en 2020 au niveau du financement du déficit courant par les tirages du FMI. Et c'est justement la principale faiblesse du Maroc cette année : une forte récession liée à un creusement du déficit courant à sans doute 7% du PIB et qui va rendre difficile son redressement en 2021. Un redressement de la croissance à presque 4% l'année prochaine – conditionnel – bien sûr, à la fin de la pandémie et à la reprise du tourisme pourrait aider le pays à redresser rapidement ses déséquilibres. L'impact sur les entreprises est encore incertain, mais le risque élevé d'une hausse des faillites, notamment dans le secteur touristique, pourrait retarder la baisse du chômage attendue en 2021. La détérioration des risques micro-économiques aura aussi des conséquences sur le secteur bancaire. Une forte hausse attendue du portefeuille de créances douteuses dans les banques va les obliger à un effort de provisionnement élevé, qui pourrait faire chuter de 50% les résultats nets, comme annoncé récemment par certaines banques, mais qui ne mettra pas en danger la bonne solidité du secteur.
– L'impact de cette crise sur les niveaux de dettes sera particulièrement douloureux. Selon les projections actuelles, la dette publique et la dette externe du Maroc vont s'aggraver suite aux effets de la crise sanitaire et aux mesures de soutien déjà en place. La dette externe a déjà augmenté, sous l'effet des nouveaux déblocages de fonds du FMI. Elle devrait atteindre deux fois les exportations fin 2020, tandis que la dette publique, en y intégrant les garanties étatiques, devrait atteindre 90% du PIB. Un double surendettement qui mettra du temps à se résorber. Mais une évolution défavorable qui est par ailleurs constatée partout dans le monde. Source : Bulletin C.A