Enda inter-arabe, organisation non gouvernementale internationale à but non lucratif, créée en 1990 et spécialisée dans le soutien aux micro-entrepreneurs par l'octroi de microcrédits et de services d'appui aux entreprises, a annoncé récemment les résultats de son « étude de marché en milieu rural tunisien pour l'offre de produits de microfinance » commanditée en 2008, en partenariat avec le ministère du développement et de la coopération internationale et réalisée par le groupe de recherche et d'échanges technologiques (GRET) et le centre International de développement et de recherche (CIDR). A ce sujet, l'étude menée s'inscrit dans les orientations nationales pour une meilleure compréhension du besoin en financement des petites exploitations agricoles. Il s'agissait de valider la faisabilité de développer une offre de services financiers à destination de la partie de la population rurale ayant des besoins de financement inférieurs à 5000 DT. En effet, ce segment a en général un accès difficile aux services financiers et constitue donc dans sa majorité le groupe cible « naturel » d'une institution de microfinance socialement responsable.
Cette étude s'est assignée comme objectifs de : sélectionner les zones rurales prioritaires, définir les caractéristiques de la demande rurale dans ces zones et mettre en place une offre de micro finance adaptée aux zones sélectionnées (produits, dispositifs de distribution, encadrement…)
En effet, les leçons tirées des expériences internationales des Institutions de Micro-Finance (IMF) ayant une activité rurale et agricole ont permis de dégager certaines caractéristiques des zones rurales (dispersion, niveau d'activité économique, dépendance des récoltes, infrastructures insuffisantes…) qui génèrent des risques particuliers pour les IMF :( risques liés aux clients et d'autres liés à l'environnement) . Selon le recensement 2004, la Tunisie compte 9,9 millions d'habitations, soit 2,2 millions de ménages et la population rurale y représente 35% de la population et 32% des ménages.
A ce propos, la Tunisie représente un acteur significatif dans le développement de la micro-finance dans la région MENA : en 2003, elle occupait la 3ème place en termes de clients actifs. Depuis 1999, plus de 280.000 prêts ont été octroyés par un programme subventionné par le gouvernement, à travers un réseau de 271 associations de micro crédits financées par la banque tunisienne de solidarité. Parallèlement, depuis 1995, vers 440.000 prêts soit (260DT millions) environ ont été accordés par une institution de microcrédit financièrement auto-suffisante, enda inter-arabe, à travers un réseau de 56 antennes.
Par ailleurs, le gouvernement tunisien, en vue de préparer les 11ème et 12ème plans de développement économique et social, a demandé à la banque mondiale de conduire un examen de la politique agricole du pays.
Le rapport porte notamment sur le financement de l'agriculture. Il montre qu'une faible proportion des agriculteurs, soit 8% demande des prêts, ce qui serait dû essentiellement à la difficulté d'accès aux prêts et à la peur de s'endetter (CNEA 2005). 20% de l'investissement dans le secteur agricole est financé à partir de crédit bancaire, et 61% par l'autofinancement et le reste de subventions.