Au Japon, 1500 milliards de yen seront réduits d'émissions de ses emprunts au titre du dernier exercice budgétaire, les recettes de l'impôt sur les sociétés ayant dépassé les prévisions grâce à la reprise de l'économie. En Islande, une décision de justice qui a jugé illégaux des prêts accordés en devises étrangères menace le redressement économique et financier. Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer estime qu'il faudra cinq à dix ans de rigueur budgétaire pour sortir de la crise actuelle. Tandis que le Maroc essaie de se démarquer pour être un pays émergent, l'Algérie, de son côté n'est pressé d'adhérer à l'OMC. L'économie mondiale pourrait rechuter ! La banque des banques centrales (BRI)°recommande aux Etats de mettre fin aux mesures de soutien prises au plus fort de la crise. "Conjugués aux vulnérabilités qui subsistent dans le système financier, les effets secondaires de soins intensifs appliqués sur une période aussi longue ne sont pas sans créer des risques de rechute" explique l'institution qui craint une dépendance de plus en plus forte des banques et des entreprises à ces aides publiques. En outre, les banques centrales doivent procéder au relèvement de leurs taux. Tombés à un niveau extrêmement bas, ils "altèrent les décisions d'investissement, retardent la comptabilisation des pertes, accentuent la prise de risque et encouragent l'endettement" souligne la BRI. L'institution rappelle aussi la nécessité d'assainir au plus vite les finances publiques des Etats pour éviter que les risques de volatilité financière, les dysfonctionnements des marchés et les tensions sur les financements ne réapparaissent. Japon : L'Etat emprunte un peu moins que prévu pour 2009-2010 Le Japon va réduire de 1.500 milliards de yens (13,8 milliards d'euros) ses émissions d'emprunts au titre du dernier exercice budgétaire, les recettes de l'impôt sur les sociétés ayant dépassé les prévisions grâce à la reprise de l'économie. Les recettes fiscales globales dépasseront de 1.900 milliards de yens les montants estimés, a déclaré mardi le ministère des Finances. C'est la première fois en quatre ans que les recettes fiscales devraient être supérieures aux estimations. Mais, à 38.700 milliards de yens environ, elles n'en seront pas moins inférieures à 40.000 milliards pour la première fois depuis le budget 1985-1986. Au Japon, les emprunts destinés à couvrir les dépenses d'un exercice budgétaire peuvent être émis dans les trois mois après la clôture de cet exercice, le 31 mars, ce qui permet d'ajuster les émissions à l'évolution, parfois difficile à anticiper, des recettes fiscales. Pour 2009-2010, les nouvelles émissions d'emprunts d'Etat japonais (JGB) devraient avoisiner 52.000 milliards de yens, un montant qui, s'il a donc été revu à la baisse, n'en dépasse pas moins celui des recettes fiscales pour la première fois depuis 1946-1947, a précisé le ministère. Le gouvernement s'est engagé à contenir en 2011-2012 les nouvelles émissions dans la limite de 44.300 milliards de yens, le montant prévu sur l'exercice en cours. Mais certains analystes estiment déjà que cet objectif sera difficile à atteindre, et ce même si les recettes fiscales dépassent de 2.000 milliards les estimations officielles. Une estimation du ministère des Finances avait montré il y a quelques mois que les nouvelles émissions de dette pourraient dépasser 51.000 milliards de yens en 2011-2012. Islande : le redressement économique menacé par une décision de justice Une récente décision de justice en Islande qui a jugé illégaux des prêts accordés en devises étrangères menace le redressement économique et financier de l'île avec des incertitudes sur des sommes en milliards d'euros, a averti le Fonds monétaire international. "Le secteur financier fait face à des incertitudes sur ses bilans en raison de la décision récente de la Cour Suprême islandaise", souligne le Fonds dans un rapport d'étape sur l'économie de l'Islande, à qui il a accordé un prêt d'urgence au moment de l'effondrement des banques islandaises en octobre 2008. "La stabilité du système n'est pas menacée, en raison de la garantie en blanc du gouvernement des dépôts" bancaires, estime le chef de la mission du FMI en Islande, Mark Flanagan, dans un communiqué. "Mais la décision pourrait avoir de possibles conséquences sur les finances publiques, le rythme du relâchement des contrôles sur les capitaux ainsi que d'autres aspects du programme" du FMI, ajoute-t-il. En juin, la Cour suprême a jugé illégaux trois prêts indexés sur des monnaies étrangères pour acheter des voitures et de l'immobilier d'entreprise. La décision de la plus haute juridiction islandaise pourrait signifier que les emprunteurs islandais ne devraient rembourser que la partie souscrite en couronnes et pas en devises étrangères (le plus souvent, le yen ou le franc suisse), entraînant d'importantes pertes pour les banques islandaises. Selon les estimations de la banque centrale, les créances des banques en devises étrangères s'élèvent à 350 milliards de couronnes pour les particuliers et 3.200 milliards pour les entreprises, soit un total équivalent à 22,6 milliards d'euros. Lorsque la couronne islandaise a perdu plus de la moitié de sa valeur en raison de la crise financière islandaise, le coût des traites emprunts en yens ou en francs suisses s'étaient envolés, ruinant de nombreux Islandais. Le FMI a accordé un prêt total de 2,1 milliards de dollars à l'Islande, mais le versement se fait par tranches progressives après des examens de la situation économique islandaise. Environ 1 milliard de dollars reste à verser. Le Fonds indiquait lundi qu'il espérait prendre une décision sur le prochain versement "début septembre". Cinq à dix ans de rigueur pour sortir de la crise, estime Noyer Il faudra cinq à dix ans de rigueur budgétaire pour sortir totalement de la crise actuelle, a estimé mardi le gouverneur de la Banque de France. Christian Noyer, également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, a ajouté sur Europe 1 que les banques françaises se portaient bien et qu'elles n'auraient aucun problème à rembourser leurs échéances auprès de la BCE. Les banques européennes pourront toutes rembourser la prochaine échéance de 442 milliards d'euros mais certaines pourraient souffrir, c'est pourquoi la BCE fera tout ce qui est nécessaire pour que cela se passe bien, a-t-il ajouté. "Les banques françaises se portent bien, la confiance entre elles existe. On n'a pas de gros problème chez nous", a dit Christian Noyer. "Mais il faut regarder plus largement et aujourd'hui il y a un marché interbancaire qui est moins solide, moins confiant qu'il n'était avant", a-t-il souligné. Interrogé sur les 442 milliards d'euros de prêts que les banques européennes doivent rembourser, il a répondu que les banques françaises n'auraient "aucun problème bien sûr". "D'abord les banques françaises n'avaient pas énormément emprunté, ensuite elles s'y sont préparées et la BCE, l'eurosystème, font ce qu'il faut pour qu'il y ait les liquidités nécessaires", a-t-il ajouté. Les banques de la zone euro, "elles pourront toutes rembourser" même s'"il y a quelques banques qui sont en moins bonne situation qui peuvent éventuellement souffrir", a poursuivi Christian Noyer, précisant que "nous ferons en sorte qu'il n'y ait aucun problème et que tout ca se passe bien". Le gouverneur de la Banque de France a reconnu que "c'est une échéance importante qui a perturbé un peu. C'est peut-être une partie de l'explication des tensions que nous avons eues dans le système bancaire en Europe." "VITE" CORRIGER LES DEFICITS Les déficits constitués par les Etats pendant la récession pèsent sur la confiance des consommateurs et les poussent à épargner de peur de hausses massives des impôts, "il faut corriger ça et vite", a dit Christian Noyer, soulignant que "les dettes nous inquiètent si on ne fait rien pour les arrêter". A la question de savoir si le gouvernement français pourrait réduire le déficit public à 3% du PIB en 2013 comme il s'y est engagé sans trop de dommages pour l'économie, il a répondu : "Je suis convaincu qu'il peut y parvenir sans casser la croissance." Prié de dire combien il faudrait d'années de rigueur ou de discipline pour sortir totalement de la crise, Christian Noyer a répondu : "Je crois qu'il faudra pas mal d'années, peut-être entre cinq ans et dix ans probablement." "Sinon, si on veut le faire très très vite, là on peut avoir un effet négatif sur la croissance, il faut le faire progressivement, ça prendra au moins cinq-six ans", a-t-il souligné. Il a jugé que la prévision gouvernementale d'une croissance du PIB de 1,4% cette année "parai(ssait) un chiffre assez raisonnable". Pour 2011, "j'espère qu'on ira plus près, autour de 2%", a-t-il dit, ajoutant qu'un tel niveau de croissance supposait que les ménages consomment et que les entreprises investissent et embauchent. "Ça dépend de nous, du degré de confiance que nous aurons et le degré de confiance que nous aurons dépendra aussi de la détermination de l'Etat à aller dans la direction de l'équilibre budgétaire", a-t-il ajouté. Le gouvernement français prévoit une croissance de 2,5% en 2011, un chiffre qu'il dit "ambitieux" et qu'il pourrait réviser mi-août après la publication du PIB du deuxième trimestre. Zone euro : les inquiétudes sur la crise semblent s'atténuer L'indice de confiance économique s'est établi à 98,7 points en juin dans la zone euro, contre en 98,4 points en mai, a annoncé ce mardi la Commission européenne. Il s'agit donc d'une légère amélioration, après un fort recul enregistré le mois précédent, qui suggère une atténuation des craintes relatives à la crise de la dette de la zone. Les économistes et analystes interrogés par Reuters la semaine dernière attendaient cet indice de confiance à niveau bien plus bas, en baisse à 98,2 points. Dans l'industrie, le sentiment est resté inchangé à -6 points , contre -7 attendu. Dans les services, il a progressé à 4 points, contre 3 enregistré le mois précédent et attendu par le consensus. L'indicateur des anticipations d'inflation du consommateur, que la Banque centrale européenne (BCE) suit attentivement pour ses décisions de politique monétaire, a reculé à 11 points en juin, contre 12 en mai. Enfin, l'indice du climat des affaires, également publié par la Commission européenne, s'est amélioré davantage que prévu, à 0,37 en juin, contre 0,34 en mai et 0,33 attendu. OMC : l'Algérie n'est pas pressée d'adhérer L'Algérie n'est pas pressée à l'idée d'intégrer l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a indiqué fin juin à Alger, Mustapha Benabada, ministre du Commerce. « Nous avons répondu aux 96 questions émanant de l'Union européenne et des Etats-Unis, mais nous ne sommes pas pressés d'adhérer à cette organisation », a déclaré M. Benbada qui s'exprimait en marge de la présentation du projet de loi sur la concurrence à l'Assemblée nationale. « On souhaite adhérer avec les conditions qui vont dans le sens de nos intérêts économiques », a-t-il ajouté. Selon lui, la conjoncture internationale actuelle est favorable à l'Algérie. Depuis le début du processus de négociations entamé à la fin des années 80, l'Algérie a eu à répondre à 1600 questions relatives à son système économique. Selon de nombreux spécialistes, les négociations et une éventuelle adhésion vont continuer à buter sur la question du prix du gaz sur le marché domestique et celle des services notamment l'audiovisuel sur lequel l'Algérie n'est pas disposée à faire un geste.
Le Maroc, un pays émergent Dans un entretien, au journal espagnol «Cincodias», Salaheddine Mezouar a tenu à dissiper les craintes générées par la délocalisation d'entreprises espagnoles qui choisissent de plus en plus de s'implanter au Maroc. «Investir au Maroc, ne détruit en aucune manière l'emploi en Espagne», a précisé M. Mezouar. Au contraire, a-t-il dit, le Maroc est «l'une des solutions qui s'offrent aux PME Espagnoles, qui ne peuvent survivre à la compétitivité asiatique». Selon M. Mezouar, l'internationalisation et la croissance de ces entreprises espagnoles sont fondamentales pour assurer leur futur, surtout que l'Europe présente actuellement de moindres opportunités de croissance. Le Maroc, qui est la solution, propose un marché plus compétitif et qui garantit la rentabilité, à seulement 14 km de l'Espagne, a-t-il assuré. Sans oublier les grandes facilités fiscales qu'il offre aux entreprises souhaitant s'implanter dans le Royaume et sa main-d'œuvre compétitive dont le coût est de 8 à 15% moindre qu'en Europe. De même, le Royaume a «un grand avenir» devant lui en matière d'économie durant les 25 prochaines années. Le ministre de l'Economie et des Finances a souligné, par ailleurs la complémentarité des ports Méditerranéens du Maroc et de l'Espagne. «Le port de Tanger-Med est toujours présenté par opposition à celui d'Algésiras, alors qu'il ne l'est pas. A Tanger-Med a fait en sorte que la route de la Méditerranée devienne de plus en plus attractive et ceci est bénéfique pour les deux pays. Il est vrai que le port d'Algesiras a de la concurrence maintenant, mais ceci est bénéfique pour améliorer la compétitivité». Il a fait part dans ce contexte de sa confiance de voir se renforcer encore davantage les relations avec l'Espagne, mais aussi avec l'Union européenne, soulignant que le Maroc œuvre pour l'intégration économique de l'Afrique. «L'Afrique, qui est le grand marché du futur, représentera dans les 20 prochaines années, près de 20% de la croissance mondiale et le Maroc veut être la porte d'entrée du continent pour les entreprises Espagnoles», a-t-il assuré. Dossier réalisé par Raoul FONE