Les prévisions des instances financières mondiales
● Les autorités tunisiennes ont estimé le coût total de la révolution à 1.4 milliard d'Euros, soit environ 3% du PIB ● La capitalisation boursière reste faible (à environ 20% du PIB), ce qui devrait minimiser l'impact des pertes de marché sur l'économie
Leader japonais et mondial des services financiers, «Nomura» vient d'élaborer une étude sur les perspectives économiques de la Tunisie telles qu'elles sont impactées par la Révolution. Il est d'abord constaté que les problèmes immédiats de sécurité semblent s'atténuer, alors même que l'incertitude politique persiste. Dans le sillage de plus de deux décennies d'autocratie, et davantage de règne sans partage du parti unique, il se pourrait bien que les lendemains des troubles se poursuivent pendant quelques mois mais guère davantage avant que l'environnement politique se stabilise. «Néanmoins, tant que l'environnement de sécurité continue de s'améliorer, nous prévoyons que l'économie, qui a déjà commencé à reprendre une activité normale, va se remettre pleinement», soulignent les analystes de chez Nomura.
Ils rappellent que les autorités tunisiennes ont estimé le coût total de la révolution à 1.4 milliard d'Euros, soit environ 3% du PIB, mais elles notent que ceci sera probablement atténué par plusieurs facteurs, notamment: le retour à une activité économique normale, qui devrait être marquée par une augmentation des recettes de l'exportation mise à mal pendant la crise. Les autorités ont également déclaré avoir été rassurées au sujet des intentions d'investissements directs étrangers (même si il est trop tôt de tirer des conclusions à plus long terme sur les IDE). Quelques chantiers de reconstruction (des centres commerciaux et de la gare principale de Tunis) pourraient également contribuer à la stimulation de l'activité économique au cours de la période à venir. La capitalisation boursière reste faible (à environ 20% du PIB), ce qui devrait minimiser l'impact des pertes de marché sur l'économie. «Nomura» a affirmé qu'il ne fait aucun doute que l'industrie du tourisme sera durement touchée par la crise. Se ressentant déjà d'un ralentissement dû à une activité économique plus lente en Europe, combiné avec le fait que le mois sacré du Ramadan tombe en été, de nombreux établissements touristiques courent le risque d'une diminution significative des taux d'occupation. Néanmoins, étant donné que le secteur du tourisme représente moins de 10% du PIB, même un grave déclin n'est pas susceptible de constituer un frein significatif pour la croissance globale, est-il estimé. «Nous nous attendons à une aggravation du déficit courant en 2011 à près de 5% du PIB, d'autant plus que l'industrie du tourisme, un facteur important de mobilisation de devises étrangères, est profondément affectée par la crise, font remarquer les analystes de Nomura. Ce creusement était déjà inscrit dans les faits en raison de l'aggravation de la balance commerciale en 2010. Le ralentissement probable des IDE, même à un taux modeste, constituera aussi un défi important pour le financement du déficit croissant». Le service de la dette extérieure ne semble pas compromis, et la Banque centrale a déjà commencé à rassurer les créanciers qu'elle dispose de suffisamment de réserves en devises pour honorer ses engagements en 2011. En outre, bien que le déficit budgétaire se soit creusé au cours de la dernière année en raison des mesures de relance du gouvernement en réponse à la crise mondiale, il reste à un niveau relativement gérable, à 3% du PIB. Certains des défis économiques les plus importants concernent l'avenir du secteur bancaire. Du fait que quelques-unes des principales banques du pays ont été soit partiellement, soit majoritairement détenues par les membres de la famille de l'ancien président et celle de sa femme, il sera important pour ces établissements , en particulier ceux qui ont été étroitement associés à Ben Ali et sa famille élargie, de rassurer leurs actionnaires et les déposants et leur montrer qu'ils ont une bonne connaissance de leur exposition au risque, et qu'ils prendront les dispositions concernant les prêts qui peuvent être négativement affectés par la situation actuelle.
La BEI: Pour une démocratie adossée à la croissance économique Par ailleurs, La Banque Européenne d'Investissement (BEI ) dont le volume de prêts depuis 1998 dépasse les 705.000.000 euros contrairement à ce qui a été indiqué précédemment, souligne qu'à ce jour, un montant total de plus de 4.4 milliards d'EUR de financements a été accordé à la Tunisie; son portefeuille de financements actuellement en cours de mise en œuvre se compose de 61 prêts et de 20 prises de participation dans des fonds d'investissement. Au cours des 5 dernières années, le montant annuel de ses interventions a représenté 356 M EUR (687 M de Dinars). La BEI annonce qu'elle suit avec attention les aspirations exprimées par la population tunisienne estime que la démocratie doit s'appuyer sur la croissance économique et sur une politique de développement capable d'apporter à chacun de meilleures perspectives d'avenir. Aux côtés de la Commission européenne et en concertation avec l'ensemble des autres institutions de financement, la BEI se tient à la disposition de la Tunisie, au service de ses priorités économiques et sociales. La BEI, depuis plus de 30 ans, n'a de cesse d'inscrire son activité dans le cadre du partenariat à long terme entre l'Union européenne et ses voisins méditerranéens. Cette activité s'est renforcée au fil du temps et s'inscrit aujourd'hui à l'intérieur de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP) qui est devenue la première source de financement extérieure pour la modernisation de l'économie tunisienne, la création d'emplois et l'amélioration du cadre et des conditions de vie de la population.