Avec les pneus «Amine» vous roulez en sécurité…Tel était le slogan, durant les années 80, d'une société tunisienne, la première et pionnière dans son domaine, appelée STIP (La Société Tunisienne des Industries Pneumatiques). La STIP, avec la marque italienne Pirelli, a enregistré une croissance positive remarquable, s'est adjugée une part de marché énorme et a réussi une politique de compétitivité fort agressive… De cela, il y a un quart de siècle au moins…Un certain M. Ali Khalfallah, ingénieur de son état et premier PDG de la STIP s'en rappelle sûrement avec nostalgie… les beaux jours de la pneumatique nationale, moderne et de qualité. Cette belle situation aurait pu continuer comme dans un conte de fée où tout réussissait au héros et à l'héroïne. Tout le monde croyait que notre STIP poursuivait son bonhomme de chemin jusqu'au jour où, dans les milieux initiés, l'on commençait à entendre parler d'une intention de restructuration et d'une pseudo-mise à niveau pour un coût avoisinant quelques dizaines de millions de dinars…La rumeur s'est vite transformée en une décision prise alors qu'à la tête de l'entreprise était placé quelqu'un dont nous tairons le nom, mais qui s'est trouvé par la suite partie prenante et acteur important dans une affaire relevant d'activités pétrolières avec les Trabelsi… L'année 1996 a constitué pour la STIP le point de départ vers la descente aux enfers et le commencement d'une fin programmée…Tout d'abord, l'associé Pirelli a été carrément écarté… Baisse, recul et improductivité préméditée se sont succédés malgré les multiples arguments avancés ici et là pour justifier cette situation… Le blocage définitif et l'impasse ont vite fait de s'installer…Baisse dramatique de la cote en bourse et parution des signes avant- coureurs d'une banqueroute voulue et attendue. Le scénario était on ne peut plus alléchant et diaboliquement monté : Pour les Trabelsi, puisque c'est d'eux qu'il s'agit dans ce feuilleton macabre, il suffira de mettre la main sur une entreprise qui ne voudrait pas un dinar, et ce à la demande et sur instance d'un ministère qui dira ne pas trouver d'acquérir et que seul ces gens là ont daigné récupérer par magnanimité et patriotisme. Pourquoi, dans la foulée, ne pas leur décerner un grand cordon du mérite économique? Acte final : recevoir le cadeau (la STIP), remettre en marche les chaines de production, faire appel à des prêts bancaires dont le remboursement serait aligné dans la colonne «Créances calcinées» des banques, bloquer toute importation de pneumatique, faire le vide en termes de concurrence, amener l'Administration Publique et ses établissements à commander «Amine», à rouler «STIP» et à participer au redéveloppement de l'entreprise qui sera remise à la vente à des prix, taux et proportions astronomiques par rapport au coût d'achat initial… Ainsi, la boucle serait bouclée, sauf que… Le conte de fée s'est transformé en cauchemar… Et le scénario rêvé, conçu et monté n'était, au fait, qu'un château de cartes balayé par le souffle d'une révolution qui n'a épargné que tout ce qui est resté juste, authentique et moralement «clean».