Mme Micheline Calmey-Rey, Présidente de la Confédération Suisse Vu l'immensité de la paillardise commise par le président déchu et ses proches, les uns et les autres pourraient se poser bien de questions. Mme la Présidente trouve des réponses à ces interrogations. D'abord, depuis 2005, la Suisse n'entretenait plus de bons rapports avec la Tunisie pour une raison simple: «la Suisse avait critiqué le respect des droits fondamentaux en Tunisie». Aussi, la Suisse dispose d'un pilier prévention, en matière de bien mal acquis. A savoir que si les intermédiaires financiers ou banques ont un soupçon que les fonds déposés puissent avoir une origine criminelle, ils le dénoncent, pour ce qui est du volet prévention. Sur un autre plan, notamment l'entraide judiciaire, la Tunisie, a depuis le 21 janvier, sollicité l'aide de la Suisse. A titre indicatif, 360 millions de francs suisses et 410 millions sont bloqués au sein de la Confédération, appartenant respectivement aux clans Kaddafi et Moubarak. Mme Micheline Calmey-Rey est à Tunis dans le cadre de la conférence régionale des ambassadeurs suisses et des chefs de bureau de coopération qui s'achève aujourd'hui. Pour Madame la Présidente, ce choix n'est pas le fruit du hasard. Elle a été voulue comme un geste d'amitié et une marque d'admiration pour ce que les Tunisiens et Tunisiennes ont accompli ici. Depuis la révolution du peuple tunisien, les relations entre les deux pays se sont développées et intensifiées avec la visite du directeur de la division politique, suivie de celle du secrétaire d'Etat, puis aujourd'hui avec cette conférence régionale. Elle ajoute que le mouvement et les changements qui sont partis de la Tunisie et sont essaimés dans le monde arabe ont été pour la Suisse l'occasion de saluer le mouvement vers la démocratie, sur la recherche de la dignité qui a été le moteur de ces mouvements. A son avis, la transition en cours représente un travail qui attend la Tunisie, mais qui est aussi une chance pour la Suisse et pour l'Europe tout entière pour pousser les liens politiques et socioculturels avec l'Afrique du Nord, et retrouver ce dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. A ce propos, la Suisse, toujours selon elle, est prête à se tenir aux côtés de la Tunisie, à l'accompagner si elle le souhaite, ce qui permettra de développer des relations de partenariat entre les deux pays. Toujours selon elle, ce partenariat doit se développer dans deux domaines: la restitution des biens mal acquis, et donc la coopération inter judiciaire, car la Suisse ne souhaite pas avoir de tels fonds sous gestion sur son sol. Le deuxième champ concerne la question de la migration. Elle a salué les efforts déployés par la Tunisie pour accueillir les milliers de refugiés en provenance de la Libye. A ce titre, la Suisse apporte son aide à l'organisation internationale des migrations et au commissariat des refugiés, et est également présente sur le terrain, à la frontière tuniso-libyenne avec son aide humanitaire et entre l'Egypte et la Libye. Elle en a profité pour remercier la Tunisie pour l'ouverture rapide d'un bureau de programme de la direction de développement et de la coopération à Tunis. Les premiers collaborateurs sont déjà opérationnels depuis le 1er mai. Le journal «l'Expert» s'est intéressé pour savoir la position de la Suisse par rapport aux 22.000 Tunisiens qui font polémique ces jours en Europe. Madame la Présidente pense que la solution consisterait à aider les Tunisiens à rester au terroir en les occupant. D'où la création de l'emploi. Les entreprises suisses emploient aujourd'hui 14.000 Tunisiens, et la Suisse compte avec le nouveau climat qui s'installe, apporter également son soutien à ce niveau.