La tenue d'une exposition de peinture (acrylique sur toile) au Centre Russe des Sciences et de la Culture par Mounir Zekri, enseignant universitaire de langue russe sur le thème de l'architecture classique russe et arabo-musulmane, nous a donné l'opportunité d'aller plus loin avec ce passionné de la peinture Ce dernier, sous l'intitulé: d'«Au bon vieux temps avec Amour», revisite l'architecture traditionnelle arabe et exprime une nostalgie envers l'architecture classique russe. Un rapprochement par lequel Mounir Zekri fait appel à la conservation du patrimoine architectural des peuples. Interview.
– Vous ne jetez pas seulement dans cette exposition un regard subjectif d'amour envers l'architecture arabe, vous effectuez également un rapprochement entre l'architecture arabe et celle russe. Pourquoi? – C'est un appel aux architectes afin de conserver tout ce qui est ancien. Ne nous faut-il pas échapper aux villes insolentes du vingtième et du vingt et unième siècle? Celles-ci ont, en effet, défié le ciel, pour se développer dans une horrible verticalité. C'est un quotidien de plus en plus confus et de plus en plus incohérent. D'un autre côté, je voudrais dire que l'attachement à l'ancien ne concerne pas, heureusement, que les gens d'un certain âge. Quand j'ai posé la question à mes étudiants sur ce qui les attachait, urbanistiquement parlant, à l'Avenue Habib Bourguiba, à Tunis, leur réponse était: la Cathédrale et le Théâtre Municipal. Les constructions nouvelles sont éphémères pour eux. Cette même exposition a inspiré au comité culturel de Sfax d'organiser une journée d'étude, en février 2009, sur ce thème. Quant au rapprochement entre la Russie et la Tunisie, il est dicté par un désir de dégager la beauté des villes et de se débarrasser du quotidien infernal de la vie moderne, dans une recherche de la méditation, de la joie et de l'amour. Les églises et les mosquées viennent-elles rappeler à l'Homme, qu'il est éphémère? Ces édifices saints, qui ont été bâtis sur une colline, un coin de village, ou une ruelle de la ville, sont caractérisés par une dichotomie artistique et spirituelle, assurant à l'Homme l'espoir de vaincre l'angoisse du modernisme.
– Mais une ville, ne doit-elle pas évoluer, du point de vue architectural et urbanistique? – L'évolution ne se fait pas et jamais aux dépens de l'ancien. Je ne suis pas contre la destruction de tout ce qui est ancien, mais faut-il, au moins, conserver l'aspect et les éléments extraordinaires à contempler dans un édifice ancien. La restauration des monuments anciens est favorable à la pérennité de ces œuvres d'art et d'architecture. Leur reconversion en lieux culturels, en restaurants touristiques et typiques, ou en musées, est d'autant plus utile pour notre quotidien, notre identité arabo-musulmane et pour faire valoir notre patrimoine civilisationnel auprès des touristes étrangers, qui nous rendent visite