La panique se lisait sur plusieurs visages à Wall Street. La Bourse de New York a chuté lundi à son plus bas niveau depuis dix mois, au premier jour d'échanges depuis l'annonce de l'abaissement de la note de crédit américaine: le Dow Jones a perdu 5,55% à moins de 11 000 points et le Nasdaq 6,90%. Selon des chiffres provisoires, le Dow Jones Industrial Average a lâché 634,76 points à 10 809,85 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 174,72 points à 2357,69 points. La Bourse de Toronto a cédé plus de 4% lundi au premier jour des échanges depuis l'annonce de l'abaissement de la note de crédit du voisin américain. L'indice composé S&P/TSX a perdu 491,75 points, à 11 670,42 points, en recul de 4,04%. La Bourse de Toronto avait déjà perdu 6% la semaine dernière avant que l'agence de notation Standard & Poor's abaisse la note de crédit des Etats-Unis C'est la première fois depuis octobre que l'indice vedette termine sous la barre des 11 000 points, et sa pire journée en terme de pourcentage depuis décembre 2008, une période noire pour le secteur financier. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a dévissé de son côté de 6,66% (ou 79,92 points) à 1119,46 points. Les indices latino-américains ont subi de fortes baisses lundi, dans la foulée de la chute généralisée des marchés américain et européens après la dégradation de la note de crédit des Etats-Unis. En Amérique du Sud, les places financières de Sao Paulo (-8%) et Buenos Aires (-10,73%) ont plongé. Au Chili, la Bourse de Santiago (-6,96%) n'avait pas enregistré pareille baisse depuis 13 ans. À Lima, un recul de 7,03% a même entraîné une suspension des cotations une heure environ avant la clôture. En Amérique centrale, la bourse de Mexico a subi une chute de 5,88%, soit la baisse la plus forte enregistrée sur la place depuis septembre 2008. Lors d'une réunion des ministres de l'Economie sud-américains vendredi à Lima, ces derniers avaient affirmé être «bien en place pour faire face une quelconque crise qui viendrait de l'extérieur» «Nous avons des fondements économiques et fiscaux solides, la certitude de continuer à accumuler des réserves, et surtout de continuer à croître», avait déclaré à la presse le ministre argentin de l'Economie Amado Boudou au nom de ses pairs. Les marchés «étaient déjà en plein désarroi, et l'abaissement est un choc supplémentaire pour des investisseurs nerveux», a observé Nigel Gault, de IHS Global Insight. Vendredi soir, après une semaine au cours de laquelle le Dow Jones avait déjà abandonné 5,75%, l'agence de notation Standard and Poor's avait sorti la première économie mondiale du cercle des emprunteurs les plus fiables. En faisait passer la note des Etats-Unis de «AAA» à «AA+», l'agence avait pris une décision inédite dans l'histoire financière. La décision de S&P n'est pas forcément «responsable» de la chute du marché, mais elle a mis en lumière les dysfonctionnements à la tête de l'Etat américain sur la gestion du budget et ancré le ralentissement économique américain dans les esprits, a expliqué Kenneth Polcari, de ICAP Equities. En conséquence, «le marché doit réévaluer les risques, et c'est exactement ce qu'il fait», a conclu l'analyste. Le marché obligataire, directement concerné par l'abaissement de la note américaine, a paradoxalement profité la décision de S&P et s'est envolé. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue à l'inverse des prix, a fondu à 2,339% contre 2,558% vendredi soir, et celui du bon à 30 ans à 3,663% contre 3,823%. «La réalité est que la dette américaine est toujours un bon investissement. Les Etats-Unis sont l'économie développée la plus diverse, liquide et maléable et les bons obligataires détiennent la position enviable d'être le plus grand marché du monde», ont souligné les analystes de Briefing Research. AGENCE FRANCE-PRESSE