Dans un geste sans précédent au sein de l'Union européenne, le gouvernement irlandais a approuvé mardi un projet de loi interdisant l'importation de produits en provenance des colonies israéliennes implantées dans les territoires palestiniens occupés. Cette décision marque une rupture symbolique forte de la part de Dublin, qui entend inscrire sa politique commerciale dans le cadre du droit international. Le texte, qui devra encore être soumis au vote du parlement irlandais à l'automne 2025, vise les marchandises issues des colonies considérées comme illégales par la communauté internationale, à l'instar des fruits, légumes ou bois. En revanche, les services, tels que le tourisme ou les prestations liées aux technologies de l'information, ne seront pas concernés par cette interdiction. Un porte-parole du ministère irlandais des Affaires étrangères a confirmé à l'Agence France-Presse que « le gouvernement considère ce projet comme un engagement au regard du droit international ». Cette initiative se fonde notamment sur l'avis consultatif émis par la Cour internationale de justice en juillet 2024, qui avait réaffirmé l'illégalité des colonies israéliennes sur les territoires palestiniens occupés. Entre 2020 et 2024, le volume des échanges commerciaux entre l'Irlande et les colonies israéliennes est resté très limité, représentant moins d'un million d'euros. Néanmoins, l'impact du projet de loi est avant tout politique : il positionne clairement Dublin comme chef de file d'une nouvelle dynamique critique vis-à-vis d'Israël au sein de l'Union européenne. « J'espère que cette décision prise par un petit pays européen incitera d'autres Etats membres à nous suivre », a déclaré le Premier ministre irlandais Simon Harris. Ce dernier a souligné que l'Irlande deviendrait la première nation occidentale à légiférer concrètement contre le commerce avec les colonies, rompant ainsi avec une longue tradition de prudence diplomatique au sein de l'UE. Le texte sera examiné par une commission parlementaire en juin, avant d'être soumis au vote final des députés à l'automne. Plusieurs ONG, dont l'organisation humanitaire Christian Aid Ireland, ont salué cette initiative. Son représentant, Conor O'Neill, estime qu'il s'agit du premier « acte commercial significatif » pris par un Etat membre contre les colonies israéliennes. En mai 2024, l'Irlande, l'Espagne et la Norvège avaient officiellement reconnu l'Etat palestinien, rejointes en juin par la Slovénie. Israël avait aussitôt réagi en convoquant les ambassadeurs et en annonçant des mesures de représailles. Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron a indiqué que la France pourrait également reconnaître l'Etat palestinien « dès le début du mois de juin ». En parallèle, l'Union européenne a annoncé, la semaine dernière, une révision de l'accord de partenariat de 1995 avec Israël, qui encadre notamment les relations commerciales entre les deux parties. La position irlandaise, déjà historiquement favorable à la cause palestinienne, s'inscrit désormais dans une volonté affirmée de traduire cette solidarité par des actes concrets. Si le projet de loi aboutit, il pourrait bien ouvrir la voie à une nouvelle phase de la diplomatie européenne face à la question israélo-palestinienne. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!