Lors du Conseil des ministres tenu jeudi 29 mai 2025 au palais de Carthage, le président de la République, Kaïs Saïed, a affirmé sa volonté d'accélérer la révolution législative sociale et de rompre avec les approches de compromis, qu'il a qualifiées d'inefficaces face aux véritables attentes du peuple tunisien. Fidèle à sa ligne politique, il a insisté sur la nécessité d'un « changement de paradigme » dans la gestion des politiques publiques, notamment dans les domaines du travail, de la justice sociale et du développement économique. Vers la fin du travail précaire dans le secteur public Parmi les annonces fortes, figure le traitement du dossier sensible de la mécanisation des services publics. Le chef de l'Etat a appelé à interdire explicitement le recours à la sous-traitance dans le secteur public, à travers un projet de décret clair, qui prévoit également la dissolution de la société "Itissalia Lilkhadamat" (Société de services) et l'intégration de ses employés dans leurs postes de travail actuels, mettant fin à ce qu'il a qualifié de "forme déguisée d'esclavage". Cette mesure vise à stabiliser les parcours professionnels, tout en répondant aux revendications sociales exprimées depuis des années par les travailleurs concernés, souvent sans sécurité sociale, sans perspectives d'évolution, ni conditions de travail décentes. Une lecture sociale de la Constitution et une critique du modèle rentier Le président a également réaffirmé son attachement à l'article 17 de la Constitution, qui consacre le principe de complémentarité entre secteurs public et privé, sur la base de la justice sociale. Selon lui, seule la restitution des droits des travailleurs peut encourager l'investissement productif et créer une dynamique de croissance réelle. Il a dénoncé les textes « faits sur mesure » ayant alimenté un système économique rentier, générateur de fausses statistiques de croissance, sans véritable impact sur l'amélioration du quotidien des citoyens. Travailleurs des chantiers et caisses sociales : deux priorités sociales urgentes Le Conseil a consacré une part importante à la situation des travailleurs des chantiers (ouvriers précaires) laissés-pour-compte par des politiques antérieures. Le président a plaidé pour l'élaboration de nouvelles solutions durables, garantissant un emploi décent et une rémunération juste à ces milliers de Tunisiens exclus des mécanismes classiques d'intégration. Dans le même esprit, l'exécutif a entamé une réflexion sur les mécanismes de redressement des caisses sociales, en particulier la CNSS et la CNRPS, en vue de restaurer leur équilibre financier et leur capacité à remplir leur mission en toute efficacité. Rationalisation des dépenses et soutien aux entreprises citoyennes Kaïs Saïed a aussi dénoncé le maintien de certaines entreprises publiques jugées peu rentables, affirmant qu'elles consomment inutilement les ressources nationales. Il a proposé de réorienter ces budgets vers des entreprises performantes, capables de générer de la richesse et de créer de l'emploi. Le président a réitéré son engagement en faveur du modèle de l'entreprise citoyenne, estimant que sa mise en œuvre a été sabotée volontairement par certains lobbies (« cartels »), afin de décourager l'initiative locale et de maintenir le statu quo. Il appelle à simplifier les procédures administratives pour encourager leur création, soulignant que ce modèle a porté ses fruits dans plusieurs pays. Corruption, souveraineté et mobilisation contre le pessimisme Le président de la République a conclu le Conseil des ministres en réaffirmant la nécessité de poursuivre la lutte contre la corruption, affirmant que le développement durable ne peut se réaliser que dans un climat de transparence et d'éthique. Enfin, Kaïs Saïed a fustigé les discours pessimistes relayés selon lui dans le cadre de campagnes électorales déguisées, affirmant que « le peuple tunisien ne reculera pas », qu'il est « déterminé à remporter la bataille de la souveraineté et de la justice sociale » et qu'il « ne croit pas à l'impossible ». Ainsi, le discours présidentiel réaffirme une ligne politique claire : la rupture avec les demi-mesures et la primauté des droits sociaux. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!