En déplacement à Singapour ce vendredi, le président français Emmanuel Macron a réaffirmé que la reconnaissance d'un Etat palestinien n'est pas seulement un devoir moral, mais aussi un impératif politique. Il a toutefois précisé que cette reconnaissance ne pourra intervenir qu'à certaines conditions, en lien avec la situation sur le terrain à Gaza et la structure future du pouvoir palestinien. Une reconnaissance sous conditions strictes Lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a énuméré plusieurs exigences avant d'envisager une reconnaissance formelle : * La libération des otages détenus par le Hamas, * Le désarmement complet de la faction palestinienne, * L'exclusion du Hamas de tout futur gouvernement palestinien, * Une réforme structurelle de l'Autorité palestinienne, * Et enfin, la reconnaissance claire par le futur Etat de la légitimité d'Israël et de son droit à la sécurité, accompagnée de la mise en place d'un cadre sécuritaire régional. Macron s'était déjà prononcé début avril sur cette question, affirmant sur France 5 qu'un tel geste pourrait intervenir « dans les mois à venir », non pour céder à une pression internationale, mais parce qu'« il serait approprié à un moment donné ». Il avait également exprimé sa volonté de contribuer à un effort collectif pour que les défenseurs de la cause palestinienne reconnaissent à leur tour Israël, une démarche qu'il estime encore trop rare. Une pression accrue sur Israël face à la crise humanitaire Outre le volet diplomatique, le président français a durci le ton à l'égard d'Israël, appelant les pays européens à « durcir leur position collective » si l'Etat hébreu ne répondait pas « à la hauteur de la situation humanitaire » dans les heures ou jours à venir à Gaza. Cette déclaration s'inscrit dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre Tel-Aviv et plusieurs capitales occidentales. Dans un communiqué conjoint publié il y a quelques jours, la France, le Royaume-Uni et le Canada ont averti Israël que des mesures concrètes seraient prises si l'offensive militaire et les restrictions sur l'aide humanitaire ne cessaient pas rapidement. « Le niveau de souffrance humanitaire à Gaza est insupportable », ont déclaré les trois pays, ajoutant : « Si Israël ne lève pas les restrictions sur l'aide humanitaire et ne met pas fin à son offensive, nous prendrons des mesures supplémentaires. » Une initiative critiquée par Israël Les déclarations d'Emmanuel Macron ont immédiatement suscité la réaction du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui a dénoncé l'éventualité de la création d'un Etat palestinien « au cœur de notre patrie », estimant que cela reviendrait à « installer une entité qui ne cherche qu'à nous détruire ». La montée des critiques à l'encontre d'Israël sur la scène internationale s'accompagne d'un isolement progressif de l'Etat hébreu au sein de ses partenariats traditionnels. La France, tout en maintenant sa position sur le droit d'Israël à se défendre, semble de plus en plus déterminée à lier son soutien diplomatique à des engagements clairs en matière humanitaire et politique. Un virage diplomatique à suivre de près Alors que le conflit à Gaza se poursuit depuis le 7 octobre 2023, la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien revient avec insistance dans les débats diplomatiques internationaux. Pour la France, il ne s'agit plus d'une simple posture, mais d'un levier diplomatique assorti de conditions strictes, censé favoriser une issue politique durable dans la région. Reste à voir si cette position conditionnelle de la France pourra s'inscrire dans un consensus européen plus large, ou si elle contribuera à accroître la fracture entre alliés occidentaux et Israël. Dans tous les cas, le ton plus affirmé de Paris marque un tournant notable dans la gestion d'un conflit qui continue de diviser la communauté internationale. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!