La tension monte en Méditerranée alors que le navire humanitaire « Madelene » s'approche des côtes nord de l'Egypte, à quelques jours d'une tentative d'accostage dans la bande de Gaza, toujours soumise à un blocus israélien strict depuis plus de 17 ans. À son bord, 12 militants internationaux déterminés à briser le siège et à livrer une aide humanitaire d'urgence à une population menacée par la famine. Parti de l'île de Sicile dimanche dernier, le bateau est la 36e tentative maritime organisée par la coalition « Flottille de la liberté », un mouvement civil international de solidarité fondé en 2010. Ce convoi intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que la population de Gaza endure, depuis près de 20 mois, un blocus humanitaire quasi total, aggravé par les récentes offensives israéliennes. Une traversée sous surveillance Le trajet du Madelene n'a pas été de tout repos. L'équipage a rapporté avoir été survolé à plusieurs reprises par des drones non identifiés, créant un climat d'inquiétude parmi les passagers. Bien que ces engins se soient finalement limités à des opérations de reconnaissance et de collecte d'informations, la possibilité d'une intervention militaire israélienne demeure bien réelle. Israël a déjà prévenu qu'il n'hésiterait pas à intercepter toute embarcation tentant de franchir le blocus maritime de Gaza. Une telle action avait déjà été menée en mai 2010, lorsque l'armée israélienne avait abordé le navire Mavi Marmara dans les eaux internationales, tuant dix militants turcs. Depuis, les autorités israéliennes n'ont cessé de réaffirmer leur volonté d'empêcher toute brèche humanitaire par voie maritime. Un message politique et humanitaire Parmi les passagers figure la députée européenne française Rima Hassan, qui a lancé un appel depuis le pont du navire. Elle a exigé que la communauté internationale garantisse la sécurité du Madelene, affirmant que toute tentative de l'intercepter constituerait une violation flagrante du droit international humanitaire. De son côté, Yasmin Ager, militante à bord et membre du collectif « Flottille de la liberté », a expliqué que l'objectif n'est pas seulement d'acheminer de l'aide d'urgence, mais aussi de rappeler au monde l'inaction face à ce qu'elle qualifie d' »épuration systématique » à Gaza. « Nous tentons d'ouvrir un corridor humanitaire, et si nous sommes attaqués, ce sera un crime de guerre », a-t-elle déclaré au média Al Jazeera. La mission du Madelene vise aussi à briser le silence autour d'une situation qui dure depuis des mois : selon les ONG présentes sur le terrain, une grande partie de la population gazaouie est en situation de malnutrition sévère, avec des infrastructures de santé détruites, un accès à l'eau potable limité, et des coupures d'électricité quasi permanentes. Un précédent à haut risque Cette tentative intervient un mois après l'échec d'une précédente mission, avortée suite à une attaque par drones israéliens contre un autre navire près de Malte. Le Madelene est désormais attendu dans les prochaines heures à environ 100 milles nautiques de la bande de Gaza, distance critique à partir de laquelle une interception militaire devient probable. Si l'opération parvient à son terme, elle constituera une brèche symbolique et politique majeure contre un blocus souvent dénoncé par les Nations unies mais peu contesté sur le terrain. Si elle échoue, elle pourrait raviver les tensions diplomatiques et relancer le débat sur l'utilisation de la force contre les initiatives civiles humanitaires. Dans tous les cas, la progression du navire Madelene constitue un nouveau test pour la communauté internationale, partagée entre principes humanitaires et prudence géopolitique, dans une région où les actes de solidarité peuvent devenir des actes de confrontation. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!