Alors que les accusations de crimes de guerre et de génocide à l'encontre d'Israël se multiplient sur la scène internationale, la justice française a refusé de bannir la participation d'entreprises israéliennes au Salon du Bourget, qui se tiendra du 16 au 22 juin en Seine-Saint-Denis. Cette décision suscite une vive polémique, mettant en lumière le double langage diplomatique de la France vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. Une action judiciaire pour bloquer les exposants israéliens Plusieurs organisations, dont Attac-France, Survie, Stop Fuelling War, l'ONG palestinienne Al-Haq et l'Union juive française pour la paix, ont saisi la justice en référé pour demander l'exclusion d'entreprises israéliennes, invoquant leur implication dans les crimes commis à Gaza. Les requérants dénonçaient également la participation d'acteurs du secteur de la défense liés aux conflits en Ukraine et au Soudan. Mais le tribunal a estimé que la décision d'autoriser ou non la présence d'exposants relevait de la politique étrangère de l'Etat français, un « acte de gouvernement » selon la jurisprudence évoquée. Autrement dit, la SIAE, organisatrice du salon, n'aurait ni le pouvoir ni la légitimité de filtrer les participants selon leur implication géopolitique. Une tribune pour du matériel "testé à Gaza" « Ce salon va pouvoir offrir une tribune et une visibilité commerciale à des entreprises qui revendiquent de participer à l'effort de guerre israélien », a déploré Me Dominique Cochain, avocate des ONG plaignantes. Des entreprises pourraient ainsi vanter des armes "testées au combat à Gaza", dans une région où le nombre de civils palestiniens tués dépasse les 35 000 depuis le déclenchement des hostilités en octobre 2023, selon des sources humanitaires. Les protestations internationales, y compris celles d'experts de l'ONU et de nombreux Etats ayant officiellement reconnu l'Etat de Palestine, restent lettres mortes en France, où le gouvernement d'Emmanuel Macron continue de prôner, oralement et sans aucune action concrète, un soutien à deux Etats tout en tolérant la présence de l'industrie militaire israélienne sur son territoire. Une incohérence diplomatique assumée ? Alors que Paris a affirmé soutenir la reconnaissance de l'Etat palestinien, aucune mesure concrète n'a été prise à ce jour dans ce sens. Le Salon du Bourget devient ainsi le symbole d'une incohérence diplomatique : d'un côté, des déclarations sur le droit des Palestiniens à un Etat ; de l'autre, une complaisance manifeste envers un Etat accusé de génocide. Le collectif Droit & Mouvements Sociaux souligne que cette absence de réaction revient à encourager l'impunité, voire à faciliter la commission de crimes internationaux, par le biais d'un soutien indirect à l'économie de guerre israélienne. Le silence institutionnel face aux pressions des ONG et des mouvements citoyens alimente un sentiment de complicité passive, dénoncé par une partie de la société civile française. Ainsi, le refus de la justice française d'exclure les entreprises israéliennes du Salon du Bourget illustre un double standard diplomatique et juridique, où les intérêts stratégiques et économiques semblent prévaloir sur les principes humanitaires. Ce choix soulève une question brûlante : jusqu'où la France est-elle prête à fermer les yeux sur l'implication de ses partenaires dans des crimes de guerre, au nom de la raison d'Etat ? Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!