Le président américain, Donald Trump, n'est pas le seul à lorgner – pour les taxer – les montants colossaux transférés par les immigrés vers leurs pays d'origine, les pays de l'Union européenne (UE) également. Si aux USA ça reste encore une idée dans l'air en Europe on file droit vers une directive qui compliquera sensiblement la vie des résidents étrangers, les Maghrébins principalement. En France des voix s'élèvent – surtout à l'extrême droite et à la droite – pour que les autorités réduisent drastiquement les flux transférés par les immigrés. Il semble que le Maroc, après avoir bataillé et négocié durant des mois, soit tiré d'affaire. Les Marocains, on le sait, (les Tunisiens et les Algériens également), font partie de ceux qui transfèrent le plus vers leur patrie. Rabat a obtenu de Paris qu'il limite les effets d'une directive européenne qui risquait de tasser les transferts d'argent des MRE (Marocains résidant à l'étranger). Un accord a été scellé avec le Trésor français et les détails seront bouclés en juillet prochain. Quid des Tunisiens et des Algériens ? Mais pour la diplomatie du royaume chérifien le travail est loin d'être fini, il faudra mouiller la chemise après des autres pays européens où il y a une imposante diaspora marocaine. Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale marocaine (Bank Al-Maghrib), a fait part de sa satisfaction au terme de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil au titre de l'année 2025, organisée hier mardi 24 juin. «Je suis maintenant plus rassuré. Le Trésor français a bien compris le problème et les difficultés que posait cette directive européenne pour le Maroc. Il nous a demandé des informations complémentaires que nous lui avons fournies. Nous avons senti une bonne compréhension et une prise en compte de sa part de l'intérêt et de l'importance de l'activité relais des banques marocaines pour les MRE et la balance des paiements du Maroc. Ce qui s'est traduit par un bon assouplissement de la position française à ce sujet», a indiqué le gouverneur. Ce texte sera finalisé en juillet prochain par les émissaires marocains et le Trésor français, et sera ensuite soumis à la validation de la Commission européenne, a ajouté le responsable. Après ça cap sur les autres pays européens, notamment l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique, a confié le patron de la Banque centrale marocaine. Il table sur une solution définitive et globale en 2026. A noter que la nouvelle directive émane de la Direction générale de la stabilité financière, des services financiers et de l'union des marchés des capitaux (FISMA), un organe de la Commission européenne. Le document a été voté par le Parlement européen et publié dans le Journal officiel du 19 juin 2024. Il devrait être effectif le premier janvier 2026… Son objectif initial était de plomber l'activité des banques britanniques dans l'espace communautaire, le prix que devait payer le Royaume-Uni pour avoir quitté l'Union européenne (Brexit). Mais voilà, la législation a été étendue à toutes les banques étrangères opérant dans l'UE, ce qui impacte directement tous les établissement marocains disposant de filiales ou de succursales dans 7 pays européens, à ajouter aux dizaines de bureaux de représentation en Europe. Ces banques servent d'intermédiaires et mettent à la disposition de leurs clients, principalement les MRE, une palette de services bancaires, tels que l'ouverture et la gestion de comptes et le transfert d'argent. La nouvelle législation européenne acte la disparition de ces réseaux. Evidemment cela frappe directement les flux des transferts des MRE, vu le poids des banques marocaines au sein de la diaspora. La Banque centrale du Maroc, les établissements concernés, les ministères marocains des Affaires étrangères et de l'Economie et des Finances se sont alors mobilisés. Etant donné que «cette directive sera transposée par les Etats membres en droit national» et en conséquence «peut être interprétée différemment d'un pays à l'autre», le Maroc a entamé le travail avec la France, deuxième économie de la zone euro et partenaire de premier plan de Rabat. Il y a une autre donne : la France est le pays où les ressortissants marocains sont les plus nombreux. D'ailleurs l'Hexagone pèse plus de 30,8% dans la masse globale transférée par les MRE, d'après les données de l'Office des changes.
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