C'est un coup de tonnerre politique à New York. Le député démocrate Zahran Mamdani, 33 ans, a remporté haut la main les primaires du Parti démocrate en vue des élections municipales de novembre, avec 56 % des voix, contre 44 % pour Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l'Etat de New York. Une victoire historique pour cet élu de confession musulmane, né de parents sud-asiatiques, qui pourrait devenir le premier maire musulman de la ville. Mais à peine célébrée, sa victoire a déclenché une vive réaction de Donald Trump, qui a menacé publiquement Mamdani de lui retirer sa citoyenneté américaine et de l'expulser du pays, accusant le candidat d'entraver le travail de l'agence de l'immigration et des douanes (ICE). Des menaces présidentielles aux relents autoritaires Lors d'une conférence de presse tenue mardi en Floride, dans un nouveau centre de détention pour migrants, Donald Trump a accusé Zahran Mamdani de vouloir bloquer l'action des autorités fédérales sur le sol new-yorkais : « S'il refuse de coopérer avec l'ICE, nous devrons l'arrêter. » En cause, une promesse de campagne de Mamdani : ne pas coopérer avec l'ICE s'il est élu maire, et faire de New York un véritable sanctuaire pour les immigrés sans papiers. Une position qu'il assume pleinement. Dans une réponse ferme publiée sur le réseau X, l'élu a dénoncé les propos de Trump : « Il ne m'a pas menacé parce que j'ai enfreint la loi, mais parce que je ne laisserai pas l'ICE terroriser notre ville. » Il a ajouté que ces attaques ne sont pas seulement dirigées contre lui, mais contre toute voix dissidente à New York : « Nous ne céderons ni au silence ni à l'intimidation. » Une campagne radicale qui séduit les jeunes électeurs Zahran Mamdani s'est imposé avec un programme clairement ancré à gauche, porté par une vision socialiste démocratique : * Gratuité des transports publics * Gel des hausses de loyers * Taxation accrue des grandes fortunes new-yorkaises * Soutien aux travailleurs précaires et aux immigrés Ces propositions audacieuses ont rencontré un large soutien parmi les jeunes, les minorités ethniques, et les classes populaires, désireuses de rompre avec une gestion jugée élitiste et technocratique des maires précédents. Une candidature symbole d'un changement profond : À 33 ans, Mamdani incarne une nouvelle génération d'élus issus de l'immigration, qui refusent les compromis face à l'autoritarisme. Né d'un père ougandais et d'une mère indienne, il représente une Amérique multiculturelle, engagée et inclusive. S'il remporte le scrutin du 4 novembre 2025, il deviendra le premier maire musulman et sud-asiatique de la plus grande ville des Etats-Unis – un signal fort pour les minorités, dans un contexte de tensions raciales et politiques accrues. Analyse : une fracture politique révélatrice de l'Amérique de 2025 La montée de Zahran Mamdani cristallise plusieurs mutations profondes de la scène politique américaine : 1. Un clivage générationnel accru : Mamdani incarne une rupture avec les figures classiques du Parti démocrate comme Andrew Cuomo, jugées trop modérées. Son électorat, jeune, multiculturel et progressiste, réclame une justice sociale réelle et une réforme du système économique urbain. 2. Une polarisation exacerbée par Trump : Les menaces de retrait de nationalité, inconstitutionnelles, montrent une volonté de criminaliser l'opposition politique. Ce type de discours pourrait galvaniser les partisans de Mamdani mais aussi durcir l'électorat conservateur. 3. La centralité de la question migratoire : En s'attaquant frontalement à l'ICE, Mamdani replace les droits des immigrés au cœur du débat. Son refus de collaborer avec les autorités fédérales pourrait ouvrir un bras de fer juridique s'il est élu. 4. Un test pour la gauche américaine : Si Mamdani l'emporte en novembre, cela pourrait relancer la dynamique des progressistes à l'échelle nationale et repositionner New York comme laboratoire de réformes sociales audacieuses. 5. Un enjeu symbolique mondial : Pour de nombreux pays du Sud, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, une éventuelle élection de Mamdani enverrait un message fort : celui de la diversité, de la résistance aux politiques xénophobes, et de l'ascension des enfants d'immigrés au sommet du pouvoir local. Ainsi, au-delà d'une simple élection municipale, la candidature de Zahran Mamdani est devenue un symbole de l'Amérique en mutation, entre aspirations progressistes et réflexes autoritaires. Si la campagne s'annonce tendue, elle pourrait bien redessiner les contours du débat démocratique dans une ville et un pays en quête de renouveau. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!