Moscou ne peut toujours pas apporter son soutien au projet de résolution sur la Syrie, soutenu par les Occidentaux et la Ligue arabe, actuellement en discussion au Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré vendredi 3 février, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. Il n'a pas précisé si son pays userait de son droit de veto ou s'abstiendrait lors du vote. “Nous avons reçu le texte. Certaines de nos préoccupations et les préoccupations de ceux qui partagent nos idées ont été prises en compte mais ce n'est pas suffisant pour que nous lui apportions notre soutien sous sa forme actuelle”, a dit Gatilov à l'agence de presse Interfax. De sources diplomatiques aux Nations unies, on fait pourtant état de progrès dans les discussions et de l'espoir de voir la Russie s'abstenir lors du vote, voire d'appuyer le texte. “Je pense que Moscou sera d'accord. Nous ne sommes pas sûrs à 100% mais je crois que les Russes ont obtenu les assurances qu'ils réclamaient”, dit un diplomate sous le sceau de l'anonymat. Le Maroc a fait circuler jeudi une version amendée du projet de résolution, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine ayant fait savoir qu'il userait de son droit de veto. Moscou s'est notamment opposée à une phrase du projet qui souligne le “soutien total” du Conseil au plan arabe de sortie de crise prévoyant la mise à l'écart du président syrien, Bachar Al Assad. Or les Russes estiment que le Conseil n'a pas à exiger un “changement de régime” en Syrie. Cette phrase sur le “soutien total” figure toujours dans la nouvelle version du projet mais plusieurs diplomates estiment que les menaces de veto russe ont davantage à voir avec le calendrier qu'avec le contenu du texte et jugent que les Russes pourraient être convaincus de s'abstenir, voire de voter en faveur de la résolution. La nouvelle version déclare clairement que le Conseil veut que la crise syrienne soit réglée pacifiquement et que cette résolution ne peut servir de base à une intervention militaire. Elle appelle à “une transition politique conduite par les Syriens” et ne comporte plus aucune critique à l'égard des ventes d'armes à la Syrie. Surtout, elle ne reprend plus explicitement les détails du plan de la Ligue arabe, qui appelle Assad à se démettre de ses fonctions et se contente de noter que le Conseil “soutient totalement” ce plan. A l'issue de la réunion de jeudi, qui s'est achevée tard, le représentant du Maroc, Mohammed Loulichki, a déclaré à la presse qu'il tenterait de soumettre “aussi vite que possible” le texte aux voix du Conseil de sécurité. Son homologue américaine, Susan Rice, a fait preuve de prudence. “Nous avons eu ce que je qualifierais de discussions parfois difficiles mais au final fructueuses. Nous travaillons toujours. Ce n'est pas fait”, a-t-elle dit.