Les tomates mexicaines, qui représentent 90 % des importations américaines de ce fruit, deviennent les nouvelles victimes de la politique protectionniste de Donald Trump. Depuis ce lundi 14 juillet 2025, une taxe de 17 % est officiellement appliquée aux tomates venues du Mexique, marquant la fin d'un accord de libre-échange conclu en 2019 entre les deux pays. La décision survient à l'issue d'un préavis de 90 jours lancé mi-avril par Washington pour se retirer unilatéralement de l'accord bilatéral sur les tomates. L'administration américaine accuse les producteurs mexicains de pratiques commerciales déloyales qui auraient nui, selon elle, aux agriculteurs locaux. « Le Mexique reste un de nos principaux alliés mais depuis trop longtemps nos agriculteurs ont été écrasés par les pratiques commerciales déloyales », a affirmé le ministre du Commerce, Howard Lutnick, tout en justifiant la mise en place de cette mesure correctrice. Une mesure qui risque de faire grimper les prix Avant même l'annonce définitive, les autorités mexicaines avaient dénoncé une décision « injuste » et contre-productive. Selon un communiqué conjoint des ministères mexicains de l'Agriculture et de l'Economie, cette surtaxe pénalise autant les producteurs mexicains que les consommateurs américains. « Deux tomates sur trois consommées aux Etats-Unis sont cultivées au Mexique. Il sera impossible de les remplacer à court terme, ce qui entraînera une hausse des prix pour les ménages américains », avertissent les autorités mexicaines. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a tenté de rassurer son opinion publique, tout en soulignant les limites d'une riposte commerciale. « Il est très difficile de cesser d'exporter des tomates vers les Etats-Unis, car leur production nationale est insuffisante pour répondre à la demande », a-t-elle rappelé. Entre tensions commerciales et réalités agricoles Les droits de douane, d'abord annoncés à hauteur de 21 %, ont finalement été fixés à 17 %. Mais cette réduction n'atténue en rien la portée politique du geste. Le Mexique, qui reste le premier partenaire commercial des Etats-Unis, voit dans cette mesure un signal inquiétant de l'évolution des relations bilatérales depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025. Ce dossier s'inscrit dans une dynamique plus large de remise en question des équilibres commerciaux établis par le traité de libre-échange ACEUM, liant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Si certains produits — notamment ceux concernés par la lutte contre le fentanyl — ont été exemptés de surtaxes dans le cadre de cet accord, d'autres secteurs comme l'acier, l'aluminium ou l'automobile subissent déjà des droits de douane punitifs. Vers une guerre des prix sur les marchés agricoles ? L'agriculture est devenue l'un des fronts les plus sensibles de la guerre commerciale initiée par Washington. En ciblant un produit de consommation courante comme la tomate, l'administration Trump cherche à frapper un symbole de la dépendance américaine vis-à-vis des importations. Mais cette stratégie pourrait se retourner contre les intérêts du pays lui-même. Une hausse des prix à la consommation et une perturbation des chaînes d'approvisionnement pourraient rapidement se faire sentir, particulièrement dans les Etats du sud fortement dépendants des importations mexicaines. Le ministre mexicain de l'Agriculture, Julio Berdegué, avait déjà alerté en avril sur les « conséquences concrètes » pour les consommateurs américains, mettant en garde contre des flambées de prix sur les étals. Ainsi, la taxe de 17 % imposée sur les tomates mexicaines ravive les tensions entre Washington et Mexico, et pourrait inaugurer un nouveau chapitre dans la guerre commerciale nord-américaine. Si la mesure vise à protéger les agriculteurs américains, son efficacité reste à prouver face à une demande que l'offre domestique ne peut satisfaire. Le consommateur américain risque d'en payer le prix, littéralement. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!