La Cour pénale internationale (CPI) a officiellement référé la Hongrie à son organe de contrôle pour avoir manqué à son obligation d'arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en dépit d'un mandat d'arrêt international émis par la Cour. Cette décision fait suite à la visite de Netanyahou à Budapest en avril 2025, où il a été reçu en grande pompe par son homologue Viktor Orbán, en violation flagrante du droit international. Dans un communiqué publié jeudi soir, un panel de trois juges de la CPI a déclaré que « l'obligation de coopération était suffisamment claire pour la Hongrie » et que « le refus d'exécuter le mandat contre Netanyahou porte gravement atteinte à la capacité de la Cour de faire appliquer ses décisions ». La Hongrie, signataire du Statut de Rome — texte fondateur de la CPI — était tenue par ses engagements de procéder à l'arrestation du dirigeant israélien. En ignorant cette obligation, elle s'expose désormais à une procédure de réprimande par l'Assemblée des Etats Parties, l'organe législatif et de supervision de la Cour, qui se réunira en décembre prochain pour examiner les mesures possibles. Toutefois, les pouvoirs de sanction de cet organe demeurent limités. Netanyahou et Gallant sous mandat d'arrêt Le mandat d'arrêt de la CPI vise Benyamin Netanyahou ainsi que son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, tous deux accusés de crimes contre l'humanité dans le cadre de la guerre menée par Israël contre la population de Gaza. Faute de disposer de sa propre force de police, la Cour dépend entièrement de la coopération des Etats membres pour exécuter ses décisions. C'est précisément cette dépendance qui est aujourd'hui mise à mal par le comportement de Budapest. Ni Israël, ni les Etats-Unis ne sont membres de la Cour pénale internationale. Washington a plusieurs fois dénoncé la CPI comme étant susceptible de conduire des poursuites à motivation politique. Quant à Tel-Aviv, elle rejette systématiquement la légitimité de la Cour à juger ses responsables civils et militaires. Si l'organe de contrôle de la CPI ne peut imposer que des sanctions symboliques à la Hongrie, cette procédure marque toutefois une escalade diplomatique notable. Elle met en lumière les limites du système judiciaire international face aux intérêts politiques des Etats, tout en renforçant la légitimité de la CPI auprès de l'opinion publique mondiale. Ainsi, l'affaire Netanyahou devant la CPI illustre la fragilité de la justice internationale face aux rapports de force géopolitiques. Pourtant, elle révèle aussi un fait incontournable : le Statut de Rome engage formellement ses signataires à collaborer sans condition. Alors que la guerre à Gaza continue de susciter une vague d'indignation mondiale, la CPI cherche à affirmer son autorité. Mais ce dossier rappelle aussi que la justice dépend de la volonté politique des Etats – et que même les mécanismes les plus légitimes peuvent être entravés par des alliances diplomatiques. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!