L'Union européenne a conclu ce dimanche 27 juillet un accord commercial majeur avec les Etats-Unis, portant sur l'achat de 750 milliards de dollars d'hydrocarbures américains sur trois ans. Une décision qui vise à remplacer les importations russes dans le contexte de la guerre en Ukraine, mais qui suscite déjà de vives critiques politiques, notamment en France, où l'opposition dénonce un recul de souveraineté. Un pacte énergétique et économique transatlantique L'annonce a été faite en Ecosse par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à l'issue d'une rencontre avec le président américain Donald Trump. L'Union européenne s'engage à acheter massivement du gaz naturel liquéfié (GNL), du pétrole et des combustibles nucléaires américains, pour une valeur totale de 750 milliards de dollars jusqu'en 2028. En parallèle, 600 milliards de dollars d'investissements européens seront injectés dans des projets industriels et technologiques aux Etats-Unis. Ces mesures s'inscrivent dans un vaste plan de réorientation stratégique visant à réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, tout en renforçant les liens économiques transatlantiques. Allégement des droits de douane sur plusieurs secteurs En contrepartie, les Etats-Unis ont accepté d'abaisser leurs droits de douane à 15 % sur les produits européens importés – bien en deçà des 30 % initialement annoncés par Washington. De plus, les deux puissances ont convenu de supprimer les barrières douanières sur plusieurs secteurs jugés stratégiques, notamment : * l'aéronautique, * certains produits chimiques, * les équipements pour semi-conducteurs, * des produits agricoles, * et des matières premières critiques. En revanche, les taxes sur l'acier et l'aluminium restent inchangées, et les produits pharmaceutiques sont exclus de l'accord. En France, l'opposition crie à la capitulation Si Bruxelles salue un « bon accord » selon les mots d'Ursula von der Leyen, la classe politique française, tous bords confondus, a vivement réagi. Le Rassemblement national et La France insoumise y voient un acte de soumission aux intérêts américains, au détriment de l'industrie et de la souveraineté française. Marine Le Pen dénonce un « fiasco politique, économique et moral » : « La Commission a accepté des clauses asymétriques que jamais un gouvernement patriote n'aurait validées. C'est une capitulation en rase campagne pour notre souveraineté énergétique et militaire. » Jean-Luc Mélenchon, de son côté, estime que « tout a été cédé à Trump », fustigeant un accord qui, selon lui, viole les principes du traité de Lisbonne : « Droits de douane, obligation d'achat, taxes cachées sur le PIB... Le libéralisme européen n'est plus qu'une mauvaise blague. » Même son de cloche chez les socialistes, où Pierre Jouvet, eurodéputé et secrétaire général du PS, parle de « vassalisation économique » : « Se satisfaire de 15 % de droits de douane, c'est sacrifier nos emplois, notre production et notre environnement. » Une dépendance inversée ? Pour ses défenseurs, cet accord représente une réponse pragmatique à l'urgence énergétique et un levier pour renforcer le partenariat stratégique UE-USA dans un monde multipolaire. Pour ses détracteurs, il marque un tournant inquiétant vers une nouvelle forme de dépendance, cette fois envers les Etats-Unis, remettant en cause les ambitions européennes d'autonomie stratégique. Alors que l'hiver approche et que les tensions géopolitiques perdurent, l'accord soulève une question de fond : l'Europe peut-elle garantir sa sécurité énergétique sans renoncer à sa souveraineté industrielle ? Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!