De retour à Paris après une expulsion musclée d'Israël, le journaliste Mohamed El Bekkali, correspondant d'Al Jazeera, livre un témoignage poignant sur son arrestation et sa détention brutale par les autorités israéliennes. Il faisait partie de l'équipage du navire humanitaire Handala, une flottille civile partie d'Italie pour tenter de briser symboliquement le blocus imposé à la bande de Gaza. Le bateau, parti du port de Gallipoli, visait à rallier les côtes de Gaza en transmettant un message pacifique de solidarité. Mais à peine avait-il pénétré les eaux internationales qu'il a été intercepté par la marine israélienne. L'assaut, décrit comme attendu mais brutal, a donné lieu à une prise de contrôle musclée, suivie d'un transfert de 12 heures vers le port d'Ashdod sous escorte de plusieurs vedettes militaires. « Une arrestation pour faire taire le témoin » « Il ne s'agissait pas d'un acte de provocation », a souligné Mohamed El Bekkali dans une déclaration à Al Jazeera, mais « d'un geste moral contre l'indifférence mondiale à l'égard du massacre en cours à Gaza ». Le navire ne transportait ni armes ni matériel interdit, mais bien un récit, une voix en faveur des civils palestiniens. Selon le journaliste marocain, les autorités israéliennes ont dès le départ adopté un comportement hostile et humiliant. Les détenus, parmi lesquels figuraient des citoyens américains, italiens et français, ont été soumis à des accusations infondées de détention de drogues ou de liens terroristes. Plusieurs témoins, dont El Bekkali lui-même, décrivent des conditions de détention dégradantes, des fouilles intrusives, un accès restreint aux toilettes sous surveillance, et l'interdiction de fermer les portes des cellules sous l'œil de caméras de surveillance. Un Tunisien toujours détenu Si Mohamed El Bekkali, la députée française Gabrielle Katala, le photographe d'Al Jazeera et deux autres ressortissants européens ont été libérés et expulsés, 14 autres militants humanitaires restent incarcérés, notamment le ressortissant tunisien, Hatel Laouini. L'ONG Adalah, spécialisée dans la défense des droits humains, a dénoncé dans un communiqué les méthodes d'expulsion accélérée employées par les autorités israéliennes, affirmant que les activistes incarcérés ont refusé cette procédure, préférant faire valoir leur droit à une défense légale complète. Grève de la faim et isolement Dans les geôles israéliennes, certains détenus poursuivent une grève de la faim, protestant contre la détention arbitraire et le traitement inhumain infligé par les gardiens. El Bekkali précise que les interrogatoires étaient menés dans un climat de pression psychologique intense, avec insultes, menaces, et isolement. « Ce que veut l'occupation, ce n'est pas seulement empêcher une flottille d'accoster. Elle veut réduire au silence les témoins », insiste-t-il. Pourtant, selon lui, la voix du navire « Handala » a déjà franchi les murs du blocus. Une mobilisation mondiale en préparation Alors que les regards se tournent vers le sort des détenus restants, la coalition civile internationale « Sumud » (résilience, en arabe) annonce une nouvelle opération maritime d'envergure, impliquant 39 bateaux venus de 39 pays différents. L'objectif : rompre symboliquement le siège de Gaza, mais aussi faire pression sur les gouvernements restés silencieux face aux crimes de guerre. El Bekkali, toujours marqué par sa brève détention, affirme que l'arrestation n'a fait que renforcer sa détermination. « L'histoire ne s'arrête pas ici. Ce n'est pas une fin, c'est le début d'un nouveau chapitre. » Ainsi, l'affaire « Handala » révèle une fois de plus l'acharnement d'Israël à museler les voix dissidentes, même lorsqu'elles viennent porter un message humanitaire. Le cas du Tunisien toujours détenu, comme celui des 13 autres prisonniers, pose de graves questions sur le respect du droit international et l'usage disproportionné de la force contre des civils désarmés. Plus que jamais, la solidarité internationale s'organise pour que la vérité traverse les blocus. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!