Une nouvelle tension diplomatique est née entre Paris et Washington. L'ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Kushner, a adressé une lettre au président Emmanuel Macron dans laquelle il dénonce « l'absence d'action suffisante » du gouvernement français face à la montée de l'antisémitisme. Des propos qualifiés « d'inacceptables » par le ministère français des Affaires étrangères, qui a annoncé ce dimanche la convocation du diplomate américain. Des accusations qui reprennent la ligne de Netanyahou Dans sa lettre, datée de lundi, Charles Kushner s'alarme d'une « flambée d'actes antisémites » en France et estime que les décisions de Paris, notamment la reconnaissance d'un Etat palestinien annoncée par Emmanuel Macron lors de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, alimenteraient un climat hostile. L'ambassadeur reprend ainsi les arguments du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui avait accusé Emmanuel Macron de « favoriser la haine des Juifs » en défendant la cause palestinienne. Le chef de l'Etat français avait alors répliqué en dénonçant une réaction « abjecte », tout en réaffirmant que « la France protège et protégera toujours les Juifs ». Charles Kushner va plus loin en déclarant : « Aujourd'hui, ce n'est plus possible de tergiverser : l'antisionisme, c'est l'antisémitisme, point. » Le diplomate s'indigne aussi qu'« une partie de la jeunesse française ignore encore l'histoire de la Shoah », critiquant implicitement le système éducatif français. La réplique ferme de Paris Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a rejeté avec force ces accusations, affirmant que la France est pleinement mobilisée contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme. Paris rappelle que ces propos violent le principe de non-ingérence inscrit dans la Convention de Vienne de 1961 et « ne sont pas à la hauteur de la qualité du lien transatlantique entre la France et les Etats-Unis ». La diplomatie française souligne également que depuis le 7 octobre 2023, date du déclenchement de la guerre à Gaza, les autorités françaises ont renforcé la protection des lieux de culte, des écoles et des associations juives, tout en multipliant les procédures judiciaires. Une ingérence au service d'objectifs stratégiques Cette controverse met en lumière un alignement stratégique entre Washington et Tel-Aviv. En reprenant les arguments de Netanyahou, l'ambassadeur américain cherche à affaiblir la crédibilité de Paris sur la scène internationale, au moment où la France et plusieurs pays occidentaux, dont le Canada et l'Australie, défendent la reconnaissance d'un Etat palestinien. Derrière ces propos, les motivations américaines semblent claires : * Soutien sans faille à Israël, principal allié stratégique au Moyen-Orient. * Pression sur la France, afin de limiter son influence diplomatique en faveur des Palestiniens. * Message adressé à l'Europe, pour décourager d'autres pays de suivre la voie française. Face à ces accusations, la France rappelle qu'elle mène un combat constant contre l'antisémitisme, tout en distinguant clairement la critique légitime de la politique israélienne de toute haine à l'égard des Juifs. Paris assume une diplomatie indépendante, qui vise à favoriser une paix juste et durable au Proche-Orient, fondée sur la coexistence de deux Etats. La polémique autour de cette lettre révèle ainsi moins une inquiétude sincère qu'une tentative d'utiliser la lutte contre l'antisémitisme comme instrument diplomatique, afin de faire pression sur un allié qui ose maintenir une ligne autonome vis-à-vis d'Israël. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!