Les Tunisiens résidant à l'étranger (TRE) pourraient être directement affectés par un nouveau projet législatif européen visant à renforcer la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Prévu pour entrer en vigueur en 2026, ce dispositif inquiète les observateurs, car il risque de renchérir le coût des transferts bancaires vers la Tunisie, un pilier vital de l'économie nationale. Le projet prévoit la création d'une Autorité européenne de lutte contre le blanchiment (AMLA) chargée d'imposer des règles communes et strictes de transparence et de conformité à toutes les institutions financières opérant dans l'Union européenne, y compris les filiales de banques étrangères. Concrètement, les banques tunisiennes installées en Europe seraient soumises aux mêmes exigences que les banques locales, avec un renforcement des procédures de contrôle. Des transferts vitaux pour la Tunisie Chaque année, les Tunisiens de l'étranger transfèrent près de 9 milliards de dinars tunisiens (près de 3 milliards de dollars), selon la Banque centrale de Tunisie. Ces flux représentent une source majeure de devises, au même titre que le tourisme et bien plus que certains secteurs exportateurs. Ils contribuent directement à augmenter les réserves en devises et à soutenir la consommation intérieure, notamment celle des familles qui dépendent du soutien financier de leurs proches établis en France, en Italie, en Allemagne ou en Belgique. Les transferts vers l'Afrique figurent parmi les plus coûteux au monde. Aujourd'hui, la présence de certaines banques tunisiennes en Europe permet de limiter ces frais, mais si les nouvelles règles conduisent à la fermeture ou à la restructuration de certaines filiales, les TRE risquent de supporter des charges supplémentaires. En parallèle, des délais plus longs pourraient également décourager certains usagers du système bancaire et les pousser vers des circuits informels, moins sûrs. Pour réduire l'effet négatif de cette réforme, plusieurs pistes sont évoquées : * Accélérer la digitalisation des transferts et connecter davantage les banques tunisiennes aux réseaux européens (SEPA). * Négocier directement avec l'Union européenne afin d'adapter certaines règles aux spécificités de la diaspora tunisienne. * Encourager l'épargne et l'investissement des TRE dans des produits bancaires tunisiens attractifs, afin de maintenir les flux malgré l'éventuelle hausse des coûts. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!