Le tribunal correctionnel de Paris doit rendre son jugement ce jeudi dans l'affaire dite du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Le Parquet national financier (PNF) a requis 7 ans d'emprisonnement, 300 000 € d'amende et 5 ans d'inéligibilité à l'encontre de l'ancien chef de l'Etat, aujourd'hui âgé de 70 ans, qui conteste l'intégralité des accusations et dénonce un dossier « politique ». En cas de condamnation, l'ex-président pourra faire appel, ce qui suspendrait l'exécution de la peine. Les chefs poursuivis et le périmètre du dossier Ouvert depuis plus d'une décennie, le dossier instruit par les juges parisiens se structure autour de soupçons d'acceptation de fonds en espèces en provenance du régime Kadhafi, via un réseau d'intermédiaires. Devant la 32e chambre, Nicolas Sarkozy a été jugé pour des faits qualifiés notamment d'illégalité de financement de campagne, corruption passive, recel de détournement de fonds publics étrangers et association de malfaiteurs. Au total, 13 prévenus comparaissaient, parmi lesquels trois anciens ministres – Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth – ainsi que des hommes d'affaires et ex-responsables libyens. Le procès s'est tenu de janvier à avril 2025, avant d'être mis en délibéré pour ce 25 septembre. Les réquisitions et la ligne de défense Le 27 mars, le PNF a demandé une peine de sept ans ferme, assortie d'une amende de 300 000 € et d'une inéligibilité de cinq ans, sans mandat de dépôt immédiat. Les magistrats du parquet ont décrit un système clandestin de transferts en liquide, évoquant des « valises » et un objectif d'influence sur la politique française. La défense de Nicolas Sarkozy a, elle, plaidé la nullité d'un dossier « tissé d'incohérences », bâti sur des pièces contestées et des témoignages rétractés. L'ancien président nie avoir reçu un seul euro de la Libye et dénonce une instrumentalisation de sa relation passée avec Tripoli. Un témoignage clé évanoui Ce dénouement intervient dans un contexte troublé par le décès, le 23 septembre, à Beyrouth, de Ziad Takieddine (75 ans), homme d'affaires franco-libanais et témoin central du dossier. Ses déclarations avaient, au fil des années, alterné entre mise en cause frontale de l'ex-président et rétractations partielles. Sa mort prive la justice d'un contre-interrogatoire de dernière heure, tout en laissant subsister un contentieux connexe : une enquête pour subornation de témoin, ouverte après des soupçons de pressions et de manœuvres destinées à obtenir sa rétractation. Dans cette procédure parallèle, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ont été mis en examen à titre préliminaire, ce qu'ils contestent. Enjeu politique et judiciaire Déjà condamné dans deux autres dossiers (affaire dite « des écoutes » en 2024, et financement illégal de la campagne 2012), Nicolas Sarkozy demeure une figure influente de la droite française. Le verdict attendu ce jeudi pourrait reconfigurer son rôle public et poser de nouveaux jalons jurisprudentiels sur l'illégalité du financement étranger d'une campagne présidentielle. Sur le plan pénal, la loi prévoit jusqu'à 10 ans de prison pour certains des chefs visés. Qu'il y ait relaxe partielle, condamnation ou peines aménagées, les voies de recours (appel puis cassation) pourraient prolonger le feuilleton judiciaire plusieurs années. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!