« Pas un centime » : Nicolas Sarkozy a affirmé jeudi, lors de sa première prise de parole au procès sur le financement libyen présumé de sa campagne de 2007, qu'il n'avait « rien » à se reprocher. L'ancien président, jugé depuis lundi jusqu'au 10 avril, encourt dix ans de prison, 375.000 euros d'amende, et une privation des droits civiques pouvant aller jusqu'à cinq ans. Il est poursuivi pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.
Une défense véhémente Dès son premier passage à la barre, Nicolas Sarkozy, 69 ans, a dénoncé « dix années de calomnie », résumant : « 48 heures de garde à vue, soixante heures d'interrogatoire », et, au final, « on a trouvé quoi ? Rien », répète-t-il avec force. Avec Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth, tous co-accusés, M. Sarkozy est soupçonné d'avoir scellé un « pacte de corruption » en 2005 avec Mouammar Kadhafi, alors dirigeant libyen, pour financer sa campagne victorieuse. L'ancien chef de l'Etat, vêtu d'un costume sombre, a déclaré qu'il répondrait « à toutes les questions » et qu'il assumerait ses responsabilités « comme toujours ». Pendant une quinzaine de minutes, il a exposé sa version, multipliant envolées et gestes énergiques pour convaincre.
Trois catégories d'accusateurs M. Sarkozy a pointé trois « catégories d'escrocs » impliquées dans cette affaire. D'abord, les anciens du régime Kadhafi, qui auraient évoqué ce financement avant la chute du dictateur en 2011. Ensuite, les auteurs présumés de la « note libyenne » publiée par Mediapart en 2012, qu'il qualifie de « faux grossier ». Enfin, l'intermédiaire libanais Ziad Takieddine, prévenu dans cette affaire mais en fuite, qu'il accuse de mener une vendetta contre lui. « Il n'y a pas d'argent de la corruption, car il n'y a pas eu de corruption », a-t-il martelé.
Un passé judiciaire chargé Ce procès s'ajoute à d'autres affaires judiciaires concernant Nicolas Sarkozy. Déjà condamné en appel pour financement illégal de sa campagne de 2012 à un an de prison, dont six mois sous bracelet électronique, il a formé un pourvoi devant la Cour de cassation. Dans un autre dossier, lié à des faits de corruption et de trafic d'influence, sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique a été confirmée en décembre 2024 par la Cour de cassation, accompagnée d'une peine de trois ans d'inéligibilité.