La tension économique entre la Chine et les Etats-Unis vient de franchir un nouveau palier. Pékin a dénoncé ce dimanche la décision de Donald Trump d'imposer des droits de douane supplémentaires de 100 % sur les exportations chinoises, accusant Washington d'être responsable de la dégradation rapide des relations entre les deux premières puissances mondiales. Une riposte ferme de Pékin Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce a rappelé que depuis les discussions commerciales de Madrid, Washington a multiplié les restrictions contre des entreprises chinoises, dont l'inscription sur la "liste noire commerciale" américaine. Cette liste empêche les entités concernées d'accéder à des technologies ou produits américains sans autorisation spéciale, une mesure généralement justifiée par des prétextes de sécurité nationale ou de droits humains. « Notre position sur la guerre des tarifs est claire : nous ne la voulons pas, mais nous ne la craignons pas », a affirmé le ministère, ajoutant que la Chine prendra des contre-mesures pour défendre ses intérêts. Washington hausse le ton Vendredi, Donald Trump a annoncé qu'il imposerait des contrôles à l'exportation étendus sur presque tous les produits américains, y compris les logiciels essentiels, et qu'il relèverait les droits de douane à 100 % dès le 1er novembre. Actuellement, les produits chinois sont taxés à 30 %, tandis que Pékin applique en retour des droits de 10 %. Le président américain justifie ces sanctions par des accusations visant Pékin : pratiques commerciales déloyales, soutien au trafic de fentanyl et menace pour la sécurité nationale. La Chine a répliqué en avertissant que « les menaces à chaque tournant ne sont pas la bonne méthode pour traiter avec Pékin » et a promis des mesures équivalentes. Escalade avant la rencontre Trump-Xi Cette montée des tensions intervient à la veille d'un sommet possible entre Donald Trump et Xi Jinping, prévu en Corée du Sud ou lors du forum de l'APEC fin octobre. Pékin multiplie les signaux de pression : * Enquête antitrust contre Qualcomm, Qualcomm est une entreprise technologique américaine spécialisée dans la conception de puces électroniques (notamment les processeurs Snapdragon), utilisées dans la majorité des smartphones Android. Elle développe aussi des technologies de communication mobile, dont la 5G, et détient de nombreux brevets essentiels dans le domaine des télécommunications. * Restrictions sur les métaux rares et les technologies liées aux batteries, * Nouvelles taxes sur les navires américains accostant dans ses ports. Selon la Financial Times, ces actions viseraient à renforcer la position chinoise avant la rencontre. Trump, de son côté, a menacé d'annuler le sommet tout en affirmant « qu'une rencontre restait probable ». Chute des marchés et inquiétudes globales Cette confrontation a provoqué un séisme à Wall Street : le Dow Jones a chuté de 1,9 %, le S&P 500 de 2,7 % et le Nasdaq, dominé par la tech, de 3,6 %. L'analyste Adam Crisafulli (Vital Knowledge) y voit « la posture commerciale la plus agressive depuis des mois », visant directement les géants de la conception de puces comme Cadence Design Systems et Synopsys. Il souligne que cette escalade pourrait déstabiliser le marché mondial, déjà surévalué et dépendant de l'intelligence artificielle, secteur porté par des investissements estimés à 1 000 milliards de dollars autour d'OpenAI. Une guerre commerciale aux conséquences systémiques Au-delà des tensions bilatérales, la nouvelle vague de tarifs américains ravive un risque structurel : la Cour suprême américaine doit se prononcer sur la légalité des sanctions économiques décidées via la loi d'urgence "IEEPA", qui accorde au président des pouvoirs exceptionnels. Une invalidation de ces mesures pourrait fragiliser tout le système commercial américain, voire prolonger l'incertitude jusqu'en 2026, selon Crisafulli. Pour Pékin, ces initiatives confirment « la perte de crédibilité de l'administration Trump », estime le chercheur Feng Chucheng, qui souligne la volonté chinoise de reprendre l'initiative plutôt que de subir la pression. Malgré les turbulences, des analystes jugent qu'une fenêtre de négociation reste ouverte avant novembre, notamment en marge des réunions du FMI et de la Banque mondiale à Washington, où des discussions discrètes pourraient tenter de désamorcer le conflit. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!