L'ancien physicien du Cern a été condamné à cinq ans de prison pour avoir échangé des mails équivoques, dont certains évoquant de possibles attentats, avec un responsable présumé d'Aqmi. Le juge aura été légèrement plus clément avec Adlène Hicheur que ce que demandait le procureur. Il a déjà accompli deux ans et demi de détention provisoire depuis son arrestation le 8 octobre 2009 à Vienne, dans l'Isère. Le chercheur a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. “Je ne conteste pas le fait que je sois passé par une phase de turbulences, j'ai fait amende honorable, je ne peux rien dire de plus”, s'était défendu lors de son procès le docteur en physique des particules de 35 ans. Le coeur de l'accusation repose sur 35 messages électroniques échangés entre le chercheur et un certain Mustapha Debchi, responsable supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Adlène Hicheur avait dénoncé pendant son procès une enquête “malhonnête” En mars 2009, Adlène Hicheur avait écrit à Debchi être prêt à proposer des objectifs “en Europe et notamment en France”. Dix jours plus tard, il avait été plus loin et avait évoqué “un pur objectif militaire”, la base aérienne de Cran-Gévrier, qui forme des soldats pour partir en Afghanistan. A l'audience du 30 mars, le prévenu avait minimisé ce message. “Il n'y a jamais eu de dévolu sur quoi que ce soit”, s'était-il emporté. La base de Cran-Gévrier, “ça a été cité une fois, dans un contexte bien précis, en lien avec une actualité chaude, mais sans but précis. D'ailleurs, c'est apparu une fois et ce n'est plus jamais apparu.” Selon Adlène Hicheur, ces mails “tangents” s'expliquent par son “état de santé physique et psychologique” de l'époque: au moment de cet échange de mail, il était en arrêt-maladie pour une hernie discale. Lors de son procès, les 29 et 30 mars, il a épinglé à de multiples reprises des méthodes policières “malhonnêtes” et les “inexactitudes” de l'enquête menée par les juges antiterroristes. Ses avocats avaient également dénoncés les risques d'amalgame avec l'affaire Merah, qui s'étaient clos moins d'une semaine avant le début du procès.