Jeudi 13 mai, dans un coin isolé d'une autoroute à l'est de la ville de Cadereyta, dans l'Etat du Nuevo Leon, 49 cadavres mutilés, certains décapités, d'autres sauvagement dépecés, sont retrouvés dans des sacs poubelles, éparpillés sur le bitume. Près de la scène de crime, une “narcomanta”, un message laissé par les tueurs revendique cryptiquement le charnier : “100 % “, une façon de dire que c'est l'œuvre du cartel des Zetas, formé par d'anciens militaires d'élite, en guerre dans cette région contre le puissant cartel de Sinaloa. Les autorités locales annonceront par la suite que les victimes n'étaient pas liées à l'un ou l'autre cartel. Originaires du sud du Mexique et d'Amérique centrale, elles auraient été enlevées et massacrées dans le seul but de faire passer un message. Cet énième fait divers ultra-violent impliquant les cartels de narcotrafiquants, était suffisamment barbare pour attirer l'attention de la presse internationale, qui l'a abondamment relayé. De l'étranger, on ne retient souvent que ces crimes spectaculairement violents. On retient les décapitations, les mutilations de groupes entiers. On retient la découverte d'un sous-marin qui transportait de la cocaïne, ou d'un char personnalisé par les narcos. Les simples fusillades, les exécutions sommaires dans des terrains vagues, les meurtres quotidiens d'inconnus par d'autres inconnus sont devenus tellement banals qu'ils ne font même plus ciller.