• Les mêmes accidents: mauvaises manipulations du “bistouri” familial pour égorger et dépecer le mouton, ainsi que les inévitables crises gastriques - Hier, jour de fête, nous nous sommes rendus dans trois urgences d'hôpitaux publics de la capitale. Nous avons commencé cette « ronde » à 8 heures trente du matin. L'un des services était difficile d'accès car dès l'entrée extérieure, il fallait donner à l'agent d'accueil (de sécurité plutôt) une justification plausible à la visite. Dans les deux autres, on pouvait s'installer dans la salle d'attente et suivre les mouvements du personnel médical et ceux des malades. Côté confort, à l'hôpital Charles Nicolle les visiteurs ont de quoi se distraire : la télé branchée sur la chaîne nationale ; mais ce n'est pas le cas à la Rabta. Points communs cependant ici et là : la propreté des lieux, un seul guichet accueille tous les malades lesquels, il faut le reconnaître, n'étaient pas très nombreux. Jusqu'à midi, on avait compté moins de cent visites dans les urgences des deux hôpitaux. Les patients du début de matinée étaient en majorité des personnes âgées souffrant de maux de vieux : elles étaient accompagnées le plus souvent d'au moins deux membres de leurs familles respectives. Dans l'un des cas, il y avait en tout sept accompagnateurs venus presqu'entassés dans leur petite C 15. Seule une vieille dame de condition modeste était venue et rentrée seule en taxi. Nous l'avons interrogée, mais elle semblait distraite et bougonnait à l'adresse de on ne sait qui des phrases complètement inintelligibles. Quelques autres malades plus jeunes furent soignés pour une crise de reins, une foulure, une luxation d'épaule, une fracture sinon pour certains malaises gastriques. Une femme enceinte fut très vite dirigée vers la maternité voisine. Vers 11 heures, une voiture freina devant les urgences de Charles Nicolle ; mais on l'orienta vers l'hôpital d'enfants d'à côté car elle transportait, nous dit-on, une fillette tombée du toit de la maison de ses parents.. Les « accidentés de l'Aïd En ce qui concerne les « accidentés » de l'Aïd, ils commencèrent à faire leur apparition à partir de dix heures trente. En tout, nous en avons dénombré une dizaine parmi laquelle il y avait une vieille connaissance : ce monsieur de plus de 60 ans avait juste au-dessus du pouls une profonde entaille de plus de 5 centimètres qui saignait encore abondamment. « Une maladresse de ma part », expliqua-t-il, en donnant l'air de ne pas trop s'en alarmer ! Un infirmier dont nous tairons l'identité nous apprit que la matinée fut plutôt tranquille et que son service accueillera à coup sûr plus de victimes de l'abattage rituel l'après-midi. Il nous a dit aussi que les malades qu'ils reçoivent ne sont orientés nulle part si le personnel médical spécialiste de leurs affections est disponible en nombre suffisant. Nous l'avons interrogé sur les personnes fracturés et les grands blessés de l'Aïd, il a répondu qu'ils attendaient les orthopédistes de l'hôpital car ces derniers étaient sans doute dans d'autres services de l'Hôpital. Un autre infirmier nous fit savoir que les accidentés de l'Aïd viennent en plus grand nombre en fin d'après midi, le soir et le lendemain de la fête. « Ils se blessent parfois dangereusement en dépeçant la viande. Comme beaucoup d'entre eux s'y prennent maladroitement et à l'aide de couteaux et de hachoirs bien, bien aiguisés, on peut imaginer les mutilations qu'ils occasionnent en particulier sur leurs mains et leurs bras. » Quelques défectuosités sans incidences majeures Nous avons interrogé aussi certains malades à leur sortie des urgences pour savoir comment ils furent accueillis et si les soins qu'ils reçurent étaient convenablement donnés : Trois de nos interlocuteurs affirmèrent que l'accueil était satisfaisant et que les services fournis ne l'étaient pas moins : « Non, c'est une vérité incontestable ; les services se sont beaucoup améliorés dans nos urgences et dans les établissements hospitaliers d'une manière générale. », assure le premier. Le deuxième et le troisième malades étaient très satisfaits de la célérité des infirmiers et des médecins : « Franchement, on ne nous a pas fait trop attendre ! » En revanche, le mari de l'une des patientes est parti plutôt mécontent : « Je viens de l'Ariana ; là bas, on m'a dit qu'ils n'avaient pas les médecins spécialistes capables de traiter la maladie de mon épouse. Ici, le spécialiste requis est, me dit-on, disponible. Mais, je reste sceptique. Après une auscultation sommaire, on m'a remis cette ordonnance contenant les médicaments à acheter en pharmacie. Pour vous dire la vérité : au niveau de l'accueil, c'est parfait ! Mais pour les soins dans les urgences, ça laisse encore à désirer. » Quant à nous, nous avons été témoin d'une scène significative et révélatrice d'un manque de matériel approprié : en effet, pour faire descendre de voiture et transporter une sexagénaire visiblement incapable de marcher, les agents de sécurité amenèrent un chariot inadapté qui ne possédait pas de bout incliné vers le bas pour faciliter de telles opérations. Cela dit, nous ne pouvons pas finir l'article sans faire mention du calme qui régnait dans les deux services visités et dans l'amabilité des fonctionnaires avec les malades et leurs accompagnateurs. Dans l'ensemble, tout était plutôt correct ! Nous n'enregistrâmes durant plus de 3 heures aucune réclamation notable ni de vraies scènes de mécontentement ! C'est donc tant mieux !