La démission de Houcine Dimassi , ministre des finances, révèle un grand dysfonctionnement dans l'action du Gouvernement et explique les raisons de la persistance de la crise dans le pays et l'incapacité du cabinet Hamadi Jebali à régler les problème des citoyens. Il ressort de cette interview que le gouvernement applique des recettes inadéquates et prend des demi-mesures pour régler les problèmes des citoyens “manquant de courage politique” nécessaire pour la mise en œuvre de ses engagements. Un déficit budgétaire de 6,6% Au cours de cet entretien accordé au journal Le Maghreb, paru dans son édition de ce samedi 28 juillet, Houcine Dimassi explique les raisons de sa démission essentiellement par les divergences entre lui et la plupart des membres du gouvernement concernant les finances publiques notamment son souci de préserver les équilibres macroéconomiques en maintenant l'équilibre entre les ressources et les dépenses notamment le maintien du taux de déficit budgétaire à des niveaux raisonnable entre 3 et 4%. Il a signalé que le taux de déficit retenu par le gouvernement dans la loi de finance complémentaire de 2012 est de 6,6% ce qui selon lui pourrait handicaper la relance de l'économie et partant la création des opportunités d'emploi. En outre, il a souligné que la plupart des membres du gouvernement défendent la poursuite du niveau actuel des dépenses de l'Etat. Des dépenses exorbitantes et imprévues Le ministre démissionnaire a signalé, à ce propos, les grands écarts dans les finances publiques, affirmant avoir été surpris par les coûts exorbitants qui seront supportés par le budget à travers la réintégration dans leurs fonctions, les dédommagements des personnes bénéficiant de l'amnistie générale qui dépassera les 1,2 milliards de dinars. Autre point de discorde cité par Dimassi ce sont les dépenses du fonds de compensation des hydrocarbures, des denrées alimentaires de base et du transport scolaire, affirmant que ce fonds absorbe une grande part des dépenses de l'Etat avec environ 6 milliards de dinars soit des fonds capables d'acquérir 7 centrales électriques, construire 1500 km d'autoroute ou créer 200 mille emplois permanents. Non respect des engagements Il a déploré aussi le fait que le gouvernement n'ait pas respecté son engagement de faire baisser progressivement, dans la loi de budget complémentaire de 2012 les dépenses de 380 millions de dinars, affirmant que si rien n'est fait pour réduire les dépenses le pays se retrouvera avec un déficit estimé entre 500 et 600 millions de dinars en raison de la hausse des prix sur les marchés mondiaux notamment pour le baril de pétrole qui a grimpé de 110 à 117 dollars. Il a souligné que les raisons principales de ce refus du gouvernement de s'astreindre à une rigueur budgétaire est motivé par des considérations électoralistes en satisfaisant les franges sociales en vue de gagner leur voie dans la perspective des prochaines élections. Au niveau des subventions des produits alimentaires, tout en réfutant l'intention de procéder à des augmentations des prix, Houcine Dimassi a souligné la nécessité de leur révision notamment pour le sucre qui est entièrement importé et eu égard à la basse opérée sur ce produit dont le prix est en hausse sur le marché mondial. Il a indiqué à ce sujet, que cette situation a conduit à un déficit financier de 140 millions de dinars pour l'office tunisien du commerce tout comme le transport scolaire dont la subvention a provoqué des déficits pour les sociétés de transport public qui ne peuvent pas renouveler leurs parcs de bus. Il a signalé aussi l'augmentation exorbitante des fonds dans les projets de développement régionaux, affirmant que qu'elle a atteint entre 20 et 25% soit environ 1, 3 milliards de dinars, soulignant la lenteur dans la réalisation de ces projets. L'ex-ministre des finances a soulevé un autre dossier qui saigne les moyens de l'Etat, à savoir, les ouvriers de chantiers dont le nombre était de 13 mille en 2010 passant à environ 60 mille en 2011 pour atteindre quelque 100 mille ce qui a entraîné une augmentation de leur masse salariale atteignant 150 millions de dinars.