L'affaire du retrait imprévu de la garde de sécurité de Béji Caïd Essebssi a-t-elle des raisons cachées de la part du gouvernement provisoire ? Une décision inattendue a été prise le mardi 24 juillet 2012, de retirer la garde personnelle de Béji Caïd Essebsi sans préavis, et de plus pendant son déplacement à l'étranger. Cette décision soulève plusieurs questions : Qui a pris cette décision ? Aucun préavis n'a été annoncé à Essebsi ? Qui a pris la responsabilité de cette décision? Y-a-t-il eu une concertation avec les partis concernées ? Quelles sont les raisons officielles et officieuses de cette décision ? Béji Caïd Essebsi fait-il peur à la Troïka ? Le retrait de la garde chargée de la protection d'Essebsi s'est effectué dans des conditions douteuses. Le 23 juillet 2012, Essebsi a effectué un voyage en France, le lendemain après midi, la garde de sécurité qui lui était affectée a été brusquement retirée. Normalement dans ce type de circonstance lorsqu'une personne officielle protégée voyage à l'étranger, un service de protection est affecté à la garde de sa maison. Vu que Béji Caïd Essebsi est un homme politique important dans le paysage actuel puisque le parti politique qu'il a créé «Nidaa Tounes» apparait comme une alternative crédible face à Ennahdha aux prochaines élections. D'autre part, vu qu'il a été déjà été menacé de mort par des salafistes et par le prédicateur Habib Boussarsar, il est nécessaire d'assurer sa sécurité comme pour tous citoyens tunisiens menacé de mort sans aucun parti pris et en laissant de coté les arrière-pensées politiques. Le jeu de ping-pong politique entre la présidence de la République et le gouvernement recommence Des déclarations officielles se sont succédé provenant de plusieurs sources. D'une part, Adnène Mansar porte-parole de la présidence de la République, affirme, selon la radio Shems FM le 26 juillet 2012, que Béji Caïd Essebsi doit formuler une demande écrite pour obtenir le renouvellement de la protection par la sécurité présidentielle. Il ajoute, que si Essebsi se sent menacé il doit s'adresser à Hamadi Jebali, chef du gouvernement provisoire qui transmettra la demande au ministre d'Interieur. D'autre part, Ali Laarayedh, ministre de l'Intérieur, affirme que la protection d'Essebsi relève de la sécurité présidentielle et ne concerne pas le ministère de l'Intérieur. Bizarrement, Béji Caïd Essebsi n'a pas été informé officiellement de la suppression de sa protection pour qu'il puisse prendre ses dispositions lors de son voyage. Une question se pose alors : puisque le ministre de l'intérieur a depuis 2011 le pouvoir de nommer le chef de la sécurité présidentielle, nomination qui relevait auparavant de la présidence de la République, alors qui a donné l'ordre de retirer la garde de Béji Caïd Essebsi ? La Troïka adapte-t-elle la législation selon les personnes ? Il est surprenant de constater que pour d'autres personnalités politiques qui ne sont plus au pouvoir, leur protection a été maintenue sans problèmes (exemples : Foued Mbazaa, Mohamed Ghannouchi, Hamed Karoui...) Pour reprendre les paroles de Mustapha Ben Jaafar président de l'ANC, « Béji Caïd Essebsi menace-t-il la sécurité du gouvernement actuel ? » Cet incident n'est pas la première surprise que nous réserve de la Troïka. En effet, l'affaire du passeport diplomatique accordé à Rached Ghannouchi, sans qu'une nouvelle réglementation ait été publiée au Journal Officiel, a soulevé de nombreuses critiques puisque les autres chefs de partis politiques n'en ont pas bénéficié en même temps, contrairement aux affirmations de Rafik Abdessalem, ministre des Affaires Etrangères. Le peuple tunisien attend toujours l'instauration d'un véritable état de droit en Tunisie où la loi est appliquée de façon impartiale à tous les citoyens tunisiens sans favoritisme ni sectarisme.