Les Ambassadeurs tunisiennes sont victimes de ségrégation. La décision de mettre fin à leur mission fin juillet 2012 dévoile une politique rampante de discrimination à l'égard des Ambassadeurs femmes. Il est faux de dire que les femmes Ambassadeurs tunisiennes rappelées l'aient été pour “des raisons techniques” ou qu'elles aient fait partie des ambassadeurs nommés du temps de Ben Ali. A titre d'exemple, les femmes Ambassadeurs de Tunisie à Varsovie et à Athènes ont été nommées après la révolution tunisienne. Elles sont des diplomates de carrière (28 ans à l'Administration Centrale du ministère des Affaires Etrangères) et détiennent des diplômes post-universitaires. Elles ont effectué, pas à pas, toutes leurs carrières, sans sauter les obstacles, comme les conseillers sur titre qui ont zappé allégrement les concours de secrétaire et conseiller des affaires étrangères. Elles n'ont pas d'accointance avec l'ancien régime qui ne leur a jamais accordé les promotions en rapport avec leur ancienneté et leur compétence dans la fonction et dans le grade. Ce n'est qu'après la révolution qu'elles ont été sollicitées parce qu'elles étaient considérées comme représentatives des cadres féminins honorables du Département, laissées pour compte, à l'instar de nombreuses autres collègues. Les deux Ambassadeurs femmes révoquées sont réputées pour leur intégrité intellectuelle et morale. Fait rare, les autorités des pays d'accréditation ont notifié l'appréciation qu'elles avaient de leurs services, en contradiction avec les allégations qui ne visaient qu'à libérer leur poste au profit des nombreux candidats qui ont mené leurs manœuvres étroitement avec une Troïka réclamant l'octroi de 15% des ambassades en privilégiant l'allégeance politique aux compétences diplomatiques. Il est important de préciser que, depuis janvier 2012, le ministère des Affaires Etrangères tunisien se réfère de moins en moins à son statut et organigramme de ministère de souveraineté, ou aux décisions de son Conseil Central, occulté au profit d'une évaluation des postes relevant des appréciations de personnes n'appartenant pas, le plus souvent, au corps diplomatique, mais plutôt au cercle personnel du ministre et impliquant des “commissions” dont la légitimité administrative ou juridique reste à justifier, privilégiant l'écoute de manœuvres de délation et d'allégations mensongères distillées sur facebook. Il en a résulté que, par un véritable tour de passe-passe, d'honnêtes gens se retrouvent aujourd'hui salis alors que d'autres à la moralité controversée et aux dossiers administratifs chargés, ont été miraculeusement blanchis. Le “cabinet parallèle” formé par Rafik Abdessalem, dès son arrivée et dont les membres sont étrangers au ministère des Affaires Etrangères a largement contribué à la mise à l'écart des femmes ambassadeurs. Le harcèlement organisé systématiquement à l'encontre des femmes-ambassadeurs qui ont représenté la Tunisie post-révolutionnaire témoigne de la violence de la misogynie actuelle censée justifier des révocations arbitraires et ne donne pas une image respectueuse des droits de la Femme en Tunisie, au regard de tous les pays du monde dont les ambassadeurs s'étonnent de voir révoquer leurs homologues tunisiennes au bout de onze mois de mission ! Les calomnies infligées aux Ambassadeurs tunisiennes ne sont pas réparées….. Parviendra-t-on à se rappeler que la révolution menée par les tunisiens était pour la dignité ? L'obligation de réserve diplomatique a jusqu'ici entravé toute tentative de défense sur la scène publique et les réseaux sociaux mais la justification de mesures uniques par de nouvelles accusations diffamatoires révélées récemment ne laissent plus place au silence et à la soumission. De même, il est temps pour le ministre des Affaires Etrangères de faire face à ses responsabilités, d'approfondir l'examen des dossiers avant de communiquer avec les média, de se confronter à ceux qui l'ont induit en erreur, de donner une version crédible sur les révocations arbitraires des femmes ambassadeurs, de cesser de les salir par des accusations infondées, pour la justice et pour l'honneur. Honneur de ces diplomates de carrière qui ont respecté la décision de rappel dans la dignité et la loyauté La Tunisie post-révolutionnaire espère que l'avenir du ministère des Affaires étrangères sera construit loin de tout calcul de misogynie et de discrimination.